En fouillant dans sa mémoire pour retrouver les cinq livres qui l’ont le plus marquée, l’actrice Sylvie Moreau a découvert leur point commun : « Des personnages fascinants, empreints d’une profonde humanité. »
Les cantos d’Hypérion (1989)
C’est mon ami Réal Bossé, accro de science-fiction, qui m’a fait découvrir cette fresque d’anticipation en quatre tomes qui se déroule sur des planètes différentes. Elle met en scène sept pèlerins appelés à sauver l’Univers. Les cantos d’Hypérion, c’est d’abord une métaphore exceptionnelle sur le côté destructeur des humains. Une œuvre débordante d’imagination dans laquelle Dan Simmons a inventé des mondes fictifs habités par des personnages incroyablement complexes, mais auxquels on adhère entièrement.
Beach Music (1995)
Je me suis intéressée à cette œuvre à l’époque où j’avais l’impression de négliger la littérature américaine. C’est l’histoire d’un homme qui revient au pays avec sa fille après une longue absence. Un livre sur le deuil et les souvenirs, articulé autour de héros qui cherchent à se réconcilier avec leur passé chaotique. C’est une saga aux mille ramifications. Pat Conroy a ce grand talent de rendre l’atmosphère palpable. Dans Beach Music, on ressent les émotions des personnages. On voit et on sent la mer.
Le Baron perché (1957)
J’ai lu ce livre à Strasbourg, en France, en janvier 1984. J’étais partie un an en Europe pour me retrouver seule pour la première fois de ma vie. Je connaissais déjà l’auteur italien Italo Calvino, mais Le baron perché, avec son imaginaire débridé, a été une révélation. L’histoire ? C’est celle de Côme, un petit garçon qui décide de grimper dans un arbre pour ne plus jamais en redescendre, afin de défendre sa vision de la liberté. Ce livre m’a inculqué la notion de liberté. Dans la tête pour commencer, puis dans la vie.
Mémoires d’une jeune fille rangée (1958)
Je suis entrée dans l’œuvre de Simone de Beauvoir grâce à Sartre, dont j’avais tout lu au cégep. Mais j’ai flushé Sartre en rencontrant Beauvoir. Parce que lui expose
sa théorie philosophique de l’existence, alors qu’elle met la sienne en pratique. Mémoires d’une jeune fille rangée est le premier de ses six récits autobiographiques, qui m’ont tous façonnée, chacun à leur manière. Car c’est Beauvoir qui m’a appris à être une femme affirmée, amoureuse, engagée et vivante.
À la recherche du temps perdu (1913-1927)
Cette œuvre introspective en sept tomes sur la mémoire, l’art et le temps a changé ma perception de moi-même et des autres. On y suit depuis l’enfance un narrateur sans nom qui nous raconte sa vie et nous donne un accès privilégié à l’intériorité des êtres. À la recherche… est un incroyable microscope braqué sur les émotions. Une analyse subtile de nos failles. Un kaléidoscope humain à travers lequel Marcel Proust, avec humour et ironie, révèle le pathétique et l’émouvant.