Culture

Marie-Sissi Labrèche : rencontre avec une auteure

Elle lance La vie sur Mars chez son nouvel éditeur, Leméac.

En 2000 paraît Borderline, l’histoire d’une jeune Québécoise, Sissi, qui exorcise son enfance troublée. Le prénom du personnage ne doit rien au hasard, ce roman brûlant étant le mémoire de maîtrise d’une étudiante en création littéraire à l’UQAM : Marie-Sissi Labrèche, 30 ans. Critiques dithyrambiques. Traductions en allemand, russe, grec, néerlandais. Suivront La brèche (2002) et La lune dans un HLM (2006), cycle romanesque sous le signe de l’autofiction. En 2008, avec la réalisatrice Lyne Charlebois, l’auteure coscénarise ses deux premiers romans pour écrire le film Borderline, mettant en vedette Isabelle Blais et le Français Jean-Hugues Anglade.

Ces jours-ci est lancé La vie sur Mars chez son nouvel éditeur, Leméac.

J’ai rencontré Marie-Sissi chez elle, dans son loft à l’ombre du Stade olympique. L’auteure m’accueille à la porte de l’appartement : « N’approchez pas trop, j’ai un gros mal de gorge et je suis fiévreuse… » Son fils de quatre ans, Charlie (salut Chaplin), est à la garderie, et son mari ingénieur français au travail.

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Dès Borderline, on vous a rangée dans le rayon autofiction. «Tout ce qu’elle écrit, tout ce qu’elle dit, c’est elle», ce que votre spontanéité désarmante confirmait presque…

Oui, au début j’ai lâché le mot… J’étudiais l’autofiction alors que je ne connaissais pas vraiment ça. Et l’étiquette m’a poursuivie dans les médias, même si je répétais : « Ce n’est pas tout vrai ! »


Ce que vous écriviez était pas mal heavy metal

Tout écrivain dit ce qu’il est, ce qu’il a vécu, mixé avec une part d’imaginaire. Mon enfance ressemble beaucoup à ce que j’ai raconté : pauvreté et misère intellectuelle. J’ai grandi coupée de tout émotionnellement et, à un moment, vers 19 ans, j’ai pété une coche, me suis retrouvée sur une pente descendante. Je me tuais à petit feu, mais en même temps j’allais à l’université, je suivais une thérapie, j’écrivais…


L’écriture vous a libérée
?

Il fallait que ça sorte, il fallait que ça sorte…

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La vie sur Mars
se déroule en 2035 à Raon-l’Étape, en France, où une écrivaine québécoise vient de mourir… Tiens, tiens…

C’est bien sûr inspiré de petits bouts de moi, mais là, je tue ce personnage en premier…


Pour brouiller la piste autofiction
?

Je voulais écrire un minipolar, créer des éléments de suspense où un fils découvre les secrets de sa mère. Montrer jusqu’où une fille qui n’a pas eu de famille est prête à aller pour en avoir une, et, croyez-moi, elle va loin. C’est un trip d’écriture, il y a des bouts où je pars en quatrième vitesse. C’est du roman, hein, on sauve pas le monde !


Elle vous ressemble quand même un peu cette Fédora, cette mère «
névrotiquement correcte» qui voulait être libre de consacrer sa vie à l’écriture?

Le personnage a du mal à concilier maternité et écriture. Elle s’enferme pour travailler et carbure à la culpabilité, mais n’est-ce pas le lot de toutes les mères ?


En 2035, votre fils, Charlie, aura 25 ans. Va-t-il lire ce livre
?

J’en sais rien, c’est mon univers. Lui, il aura sa vie. En ce moment, j’écris pour les tout-petits et je lui raconte ces histoires.


L’héritage est au cœur de ce roman. Que lègue-t-on à son enfant
? Des meubles? une façon de vivre? une éducation? des images?

Quand je me mets à écrire, c’est que quelque chose me dérange… Là, c’était la tradition familiale. Ça fait 12 ans que je suis avec mon mari français, on fait partie des couples confortablement installés. Dans sa famille, on transmet de génération en génération les valeurs et les meubles, alors que moi, je peindrais tout en blanc, plus rien dans la maison, complètement zen. Pour lui, c’est inconcevable.


Vous arrivez à un consensus
?

Les armoires ancestrales sont dans notre chambre et celle de Charlie. Moi, j’ai fait le livre…Je suis en paix.

 

Venez lire les trois premiers chapitres de La vie sur Mars.

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