Commandité

La migraine et son impact souvent négligé sur la santé mentale

Les personnes qui souffrent de migraine sont cinq fois plus à risque de développer une dépression. Mais il ne s’agit pas d’un simple lien de cause à effet.

Créé par une société biopharmaceutique membre de Médicaments novateurs Canada 

Maya Carvalho a eu sa première crise de migraine en 2005. Elle rentrait du centre d’entraînement lorsqu’elle s’est sentie submergée par la nausée et une intense douleur à la tête, comme elle n’en avait jamais ressentie. Un an plus tard, la maladie était devenue chronique et Maya subissait de 20 à 25 crises par mois. « La migraine est une maladie imprévisible et invalidante qui mine tous les aspects de votre vie », dit l’ex-directrice commerciale et fondatrice de la Canadian Migraine Society.

Les personnes qui souffrent de migraine connaissent bien la douleur physique associée à cette maladie. Mais pour certaines, la migraine aura en outre des effets importants sur leur santé mentale, souvent non diagnostiqués.

Maya Carvalho a la chance de faire partie du petit pourcentage de personnes souffrant de migraine chronique qui ne présentent pas de trouble de santé mentale. Elle est cependant bien au fait de l’ampleur du problème. « Je dirige un organisme qui vient en aide aux patients, et presque tous nos membres composent avec des troubles de santé mentale », dit-elle.

Son engagement social – elle donne des ateliers et accompagne des patients tous les jours – lui a permis de constater les dommages de la migraine sur le plan psychologique. « La migraine entraîne un grand sentiment de deuil et de perte. Elle peut détruire des carrières, causer des frictions au sein des familles, réduire la vie sociale et augmenter l’isolement. La migraine fait perdre énormément de contrôle, de liberté et d’indépendance », observe Maya Carvalho.

Un milliard de personnes dans le monde souffrent de migraine, troisième problème de santé le plus courant après les caries dentaires et les céphalées de tension. Selon Migraine Canada, cette maladie touche environ 25 % des foyers au pays. Malgré sa prévalence élevée, une personne souffrant de migraine peut attendre jusqu’à 10 ans avant de recevoir le bon diagnostic et un traitement approprié, dit la Dre Christine Lay, professeure de neurologie et directrice fondatrice du Centre for Headache [centre de la céphalée] de l’Université de Toronto.

Si la quête ardue d’un spécialiste et d’un diagnostic exact peut en soi affecter le bien-être mental, la Dre Lay indique que la migraine s’accompagne souvent de comorbidités, soit d’autres problèmes médicaux – dont la dépression, l’anxiété et l’insomnie. En effet, l’American Migraine Foundation estime que les personnes souffrant de migraine sont cinq fois plus à risque de développer une dépression et que jusqu’à 50 % des personnes souffrant de migraine chronique souffrent également d’anxiété. 

Selon la Dre Lay, l’aspect santé mentale de la migraine présente des défis supplémentaires tant pour le patient que pour le médecin. « Nous devons être plus prompts à reconnaître qu’il ne s’agit pas d’un lien de cause à effet, comme si les symptômes de dépression allaient disparaître en même temps que les maux de tête, explique-t-elle. La migraine et la dépression ou l’anxiété sont des maladies du cerveau qui doivent être traités simultanément. »

La Dre Lay recommande aux patients souffrant de migraine – ainsi qu’à leur entourage – de rester à l’affût de signes pouvant indiquer en plus la présence d’un problème de santé mentale. S’il est normal qu’il y ait des jours où l’on se sent triste ou en manque d’énergie, il est important de consulter un médecin si l’on observe une tendance comportementale, dit-elle. Il s’agira alors de convenir, avec l’aide du médecin, d’une approche ou d’un traitement holistique approprié. « Nous sommes de plus en plus aptes à cerner l’ensemble des troubles susceptibles d’affecter un patient souffrant de migraine afin de pouvoir le traiter de manière globale », souligne-t-elle.

En plus d’une médication visant à réduire la fréquence des crises de migraine et d’autres options visant à traiter ces crises, une approche holistique pourrait comprendre une démarche thérapeutique cognitivo-comportementale, la méditation, l’activité physique, la pratique de la pleine conscience, la mise en place de saines habitudes alimentaires et d’une bonne hygiène du sommeil.

Maya Carvalho croit elle aussi qu’une approche holistique dans le traitement de la maladie est la clé pour soulager les symptômes et assurer une meilleure qualité de vie. Elle encourage toutes les personnes souffrant de migraine à obtenir de l’aide. « Cela peut vraiment faire toute la différence, tant en ce qui a trait aux aspects physiques de la maladie qu’à votre santé mentale », affirme-t-elle. La Canadian Migraine Society organise des groupes de soutien à l’échelle du pays et s’engage de plus à répondre aux questions en ligne dans un délai d’une heure. « Je veux que toutes les personnes qui vivent avec cette maladie soient outillées pour se prendre en charge, dit Maya Carvalho. Je veux aussi qu’elles sachent qu’elles ont droit à beaucoup d’espoir et de soutien. »

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