Populaires en Asie, les rituels de bien-être du cuir chevelu ont fait leur chemin vers l’Occident. Et plus que jamais durant la pandémie de COVID-19. « Les femmes ont chouchouté leurs cheveux avec la même attention que leur visage », dit la dermatologue Sonya Abdulla.
Les produits mal adaptés « Des ingrédients irritants se cachent souvent dans les shampooings, les colorations, les permanentes, les défrisants et les mousses coiffantes », dit Ana Carolina Nogueira, directrice adjointe mondiale du service de Recherche et développement chez Johnson& Johnson. Trop abrasifs, alcalins ou acides, ils altèrent le film hydrolipidique et dérèglent le pH. « Les fragrances et les agents de conservation peuvent aussi provoquer des allergies de contact », met en garde le Dr Mathieu. Également au banc des accusés, les produits qui s’incrustent : shampooings secs, sprays texturisants, fixatifs pour retouches couleur. Ces résidus durs à déloger contribuent à asphyxier le fond de la tête. « En plus de créer de l’inconfort, des orifices de follicules pileux bouchés interfèrent avec la croissance de cheveux sains », ajoute le dermatologue.
Les facteurs externes Des lavages trop fréquents et un environnement ultrasec entraînent un assèchement de la peau, que le corps tente de compenser par une surproduction de sébum. « La chaleur dégagée par les fers et sèche-cheveux utilisés trop près du crâne peuvent également endommager le cuir chevelu », dit Ana Carolina Nogueira. Les chapeaux sont aussi de véritables incubateurs à bactéries.
Les facteurs internes « Le stress peut occasionner des dommages oxydatifs qui affinent les cheveux et les ternissent », explique Rolanda Wilkerson, scientifique principale et directrice principale des soins capillaires chez Procter & Gamble Beauty. Les dérèglements hormonaux peuvent aussi miner la santé du cuir chevelu. Des chutes de cheveux abondantes (plus de 100 parjour) doivent être signalées à un spécialiste, tout comme les troubles cutanés inflammatoires tels que l’eczéma et le psoriasis. Un dermatologue ou un trichologue (expert en santé capillaire) pourra cerner le problème.
Le cuir chevelu est le fondement d’une chevelure en santé. « Il a ses propres besoins. Il est en grande partie responsable de la viabilité et de l’esthétique des cheveux », ajoute-t-elle. On a tendance à oublier que le cuir chevelu est une extension de la peau du visage, avance Clarissa de Queiroz, fondatrice de la marque montréalaise The Hair Routine. Il est soumis aux mêmes agressions. « Aujourd’hui, les consommatrices préfèrent utiliser des soins en amont, avant de se retrouver avec des problèmes majeurs», dit-elle.
Le cuir chevelu peut être de type sec ou gras. « S’il manque de lipides, il cause des démangeaisons, une impression de tiraillement, des squames fines et volatiles, et des cheveux cassants. S’il est gras, on peut voir apparaître des pellicules plus grosses et agglutinées, ainsi que de l’acné à la lisière du front », décrit le Dr Steve Mathieu, dermatologue à l’Hôpital du Saint-Sacrement de Québec.
La peau de notre crâne peut même dégager une mauvaise odeur en raison de l’huile qui s’oxyde. Fait à noter, elle s’amincit et perd de son élasticité en vieillissant. La microcirculation ralentit, les follicules réduisent leur activité et la qualité de la fibre capillaire en souffre.
On attribue aussi des états au cuir chevelu. Il porte l’étiquette de « sensible » quand il picote, brûle, tiraille... Il est déshydraté quand la barrière cutanée manque d’eau. « J’essaie toujours d’en glisser un mot à mes clientes, dans le plus grand respect, surtout quand il s’agit de questions de stress et de changements hormonaux », dit Véronique Beaupré, propriétaire du salon local B et maître-coiffeuse.
Voici des gestes et des produits gagnants pour la tignasse.
Un automassage quotidien (avec les coussinets des doigts : jamais les ongles) active la microcirculation et stimule les follicules pileux. Sur cuir chevelu à sec, on ajoute, une ou deux fois par semaine, une ou deux gouttes d’huiles essentielles diluées dans de l’huile végétale : eucalyptus et lavande pour assainir, menthe pour rafraîchir, romarin pour apaiser les peaux sensibles ou sujettes aux pellicules, arbre à thé pour calmer les démangeaisons. Il existe des brosses pour cuir chevelu qui servent à masser en douceur.
Parmi les ingrédients pour déloger les impuretés : la poudre d’amande, de noix de coco ou d’abricot, les cristaux de sucre ou de sel, le kaolin, l’huile d’arbre à thé et l’acide salicylique. La plupart des exfoliants pour cuir chevelu sont sans risque pour les cheveux colorés. « Il suffit d’attendre deux ou trois jours après la coloration », conseille Véronique Beaupré.
Il existe quatre types de pellicules, selon Maggie Melrose, formatrice de terrain en éducation chez Wella. « Celles du cuir chevelu sec sont les plus communes, dit l’experte. Elles sont fines, blanches, volatiles et plus fréquentes en hiver.» Ce problème est en général causé par l’air très sec, des produits inadéquats ou des lavages trop fréquents. Les pellicules du cuir chevelu gras sont provoquées par une surproduction de sébum. « Elles sont plus grosses, jaunâtres et s’agglutinent sur la peau du crâne. Elles sont souvent accompagnées de démangeaisons, d’irritation et d’inflammation », poursuit-elle. Les pellicules fongiques sont occasionnées par un champignon, le Malassezia globosa, présent naturellement dans le microbiote. Il adore se nourrir du sébum, puis libère de l’acide oléique. L’ennui, c’est que bien des gens ne tolèrent pas cet acide. Le corps, en essayant de chasser l’irritant, fait augmenter la fréquence de renouvellement cellulaire... et bonjour la desquamation ! Enfin, il y a les pellicules qui cachent des troubles plus graves, liées à des maladies chroniques comme l’eczéma et le psoriasis. Dans ce cas, on consulte un médecin.
Ils s’appellent aussi détoxifiants, clarifiants, assainissants. Les shampooings « classiques » nettoient les cheveux en surface, alors que les formules purifiantes éliminent en profondeur les résidus récalcitrants. Elles sont enrichies d’extrait de citron, de gingembre, de menthe poivrée, de collagène marin, de romarin ou de charbon végétal.
Ils servent à absorber les impuretés et s’appliquent, à sec, à la racine des cheveux. L’argile verte, le charbon végétal et l’huile de jojoba ont des propriétés séborégulatrices.
Pellicules On recherche une base lavante douce avec antifongique (comme le kétoconazole, le ciclopirox ou le pyrithione de zinc –ZPT), un actif apaisant (camphre, menthol ou calendula), un ingrédient pour éliminer les squames (tel que l’acide salicylique) et dans le cas des pellicules grasses, un actif antiséborrhéique (extrait d’écorce de saule ou de curbicia). Cuir chevelu sec On opte pour des shampooings qui incluent des hydratants tels que le beurre de karité, la glycérine, l’huile de coco, d’argan ou d’olive. Cuir chevelu gras Des produits contenant de l’acide salicylique, du kétoconazole, du charbon végétal ou du goudron (mais l’odeur laisse à désirer...) sont à privilégier. Les séborrhées importantes peuvent être soulagées avec la prise orale d’isotrétinoïne (Accutane), selon le Dr Mathieu. Démangeaisons Ce qui les apaise ? Des soins avec de l’huile essentielle d’arbre à thé, de menthe poivrée, du kétoconazole, du sulfure de sélénium et un corticostéroïde.
Les gammes de soins capillaires se sont bonifiées ces dernières années avec des ingrédients exploités dans les soins pour le visage. Cette tendance, connue sous le nom de skinification, s’est développée de façon exponentielle. Ainsi, on retrouve des prébiotiques et de l’eau de riz fermentée pour renforcer l’équilibre bactérien, de l’huile de graines de chanvre et des sérums ultraconcentrés à base d’acide hyaluronique ou d’abyssine (une molécule surpuissante des fonds marins), présentés dans de petits flacons à pipette. À la manière des crèmes de nuit, les traitements qu’on laisse agir jusqu’au matin ont aussi investi l’univers capillaire.