La semaine dernière, le New York Times publiait un dossier sur ces familles qui élèvent leurs enfants en collaboration avec le voisinage. Au cœur de ce phénomène, le choix de certains parents : celui de rester dans une maison ou un appartement qui ne convient pas à l’architecture familiale ou celui de partir à la quête de l’appartement idéal, mais en sacrifiant leur milieu de vie. On y apprend notamment que de nombreuse familles font le choix de s’entasser dans un quatre-pièces parce qu’elles ne sont pas prêtes à dire adieu à l’entraide entre voisins et, plus spécifiquement, à la relation que leurs enfants ont développée avec ceux des autres habitants de l’édifice.
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J’ai lu ça et j’ai trouvé ça beau. Ça m’a parlé, aussi. Parce que c’est le choix qu’on a fait, nous aussi. Quand on a acheté notre maison, on l’a fait d’abord et avant tout parce qu’elle se situait sur la même rue que l’école primaire que fréquentait notre plus grande. On ne voulait pas la déraciner. C’était sans savoir qu’on trouverait sur cette même rue des voisins formidables avec lesquels il ferait bon partager un verre de rosé, le soir venu. On ignorait à ce moment qu’on aurait trois enfants, que les filles devraient partager la même chambre un peu trop longtemps et que le bureau se transformerait en nurserie. Pourtant, on est toujours ici. Dans notre petit espace qui s’encombre à vitesse grand V dès que les petites rentrent de l’école et décident de jouer à « Serpent et échelle » dans le salon, de se faire une cabane de couvertes dans le corridor ou d’étendre tous leurs blocs Lego sur le plancher du deuxième étage.
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Si on s’entête à habiter notre petit cottage envers et contre tous, c’est surtout à cause de nos voisins. On ne pourrait plus se passer d’eux. C’est qu’on s’entraide, voyez-vous. Oui, ça se peut encore. On va chercher les enfants de nos voisins d’en face à l’école quand ils sont pognés dans le trafic après le travail. Ils font la même chose pour nous et vont même, le weekend, jusqu’à s’occuper de toute notre smala le temps d’un après-midi. On s’échange des petits plats pour le lunch des enfants, aussi. Un jour, c’est ma voisine qui m’offre un bol rempli de délicieuse ratatouille. Le lendemain, je dépose un gros cruchon de sauce à spaghetti sur le pas de sa porte. Je n’oublie pas mes troisièmes voisins d’à-côté, non plus. Avec eux, on songe à partager une femme de ménage. Elle viendrait nettoyer nos deux petites maisons en bordel le même jour. On partage déjà nos enfants très souvent. Alors on se dit que c’est la suite logique des choses.
Je ne pourrais honnêtement plus me passer de tout ce bon voisinage. Avec mes voisins comme garde-fou, je me sens moins seule. Je peux compter sur eux et vice-versa. Ça me fait du bien de savoir ça. Ça soulage et allège le poids d’un quotidien qui pèse plus souvent qu’autrement très lourd sur nos épaules. Notre maison est petite, certes, mais elle est grande si je la mets bout à bout avec celles de mes voisins.
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Geneviève Pettersen est l’auteure de La déesse des mouches à feu (Le Quartanier)