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La transition, c’est maintenant – un texte de Laure Waridel

Changements climatiques, perte de biodiversité, pollution chimique, augmentation des inégalités… Avez-vous parfois envie d’enfouir votre tête dans les sables bitumineux, comme le fait le Canada? À moins que vous ne soyez pris d’écoanxiété, comme c’est le cas de bien des jeunes face aux constats scientifiques alarmants qui font l’actualité.

Photo: Getty Images / vladislav teplukhin

Nous sommes nombreux à ressentir ces émotions tant les solutions à ces problèmes mondiaux semblent hors de notre portée. Pourtant, l’histoire humaine nous apprend que nous avons beaucoup plus de pouvoir que nous le croyons en général, surtout lorsque nous nous mobilisons collectivement.

Choisir la transition, c’est se libérer de la cage dorée dans laquelle chacun court au rythme effréné du «travailler, consommer, jeter, s’endetter», qui aliène beaucoup de gens et détruit l’environnement. C’est vivre mieux en consommant moins. Créer des liens plutôt que multiplier les biens. Voilà qui est plus facile à dire qu’à faire.

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Dans une société qui cherche à nous convaincre que «nous sommes ce que nous achetons», affirmer qu’il est écologiquement et socialement nécessaire de réduire notre consommation peut provoquer des chocs culturels. Parfois même intérieurs. Consommer moins peut être perçu par certains comme «exister moins», ce à quoi personne n’aspire… Nous éloigner de cette vision superficielle de notre existence exige une réflexion profonde et souvent, aussi, un bon dialogue avec nos proches.

Choisir la transition, c’est surtout se donner les moyens collectivement de vivre plus sainement. Cela passe par des politiques publiques ambitieuses basées sur la science et les connaissances plutôt que sur le populisme. C’est réglementer intelligemment pour moins polluer. C’est nous libérer de notre dépendance aux énergies fossiles. C’est aménager nos villes, nos villages et nos campagnes de manière à avoir moins besoin de véhicules polluants. C’est pouvoir se déplacer à pied et en vélo en toute sécurité. C’est pratiquer une agriculture qui protège le climat et la biodiversité tout en ayant à cœur le bien-être des animaux. C’est s’occuper des plus vulnérables et planter des arbres. C’est faire de l’économie circulaire. C’est privilégier l’économie sociale et partager les richesses équitablement.

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Bref, c’est prendre soin les uns des autres et de la vie: celle que nous habitons et qui nous habite. Car nous sommes l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les sols qui nous nourrissent.

À l’échelle internationale, ce n’est pas une coïncidence si les pays cités en exemple pour la mise en œuvre de politiques publiques écoresponsables et solidaires figurent également au sommet du palmarès de l’indice du bonheur des Nations unies. En 2019, ce sont la Finlande, le Danemark, la Norvège, l’Islande et les Pays-Bas. Le Canada arrive au neuvième rang. Sachant que de nombreuses études établissent aussi des liens positifs entre l’engagement social et le bien-être, il semble qu’à l’échelle individuelle autant que nationale on ait intérêt à participer tous ensemble à la transition. Chose certaine, il s’agit d’un formidable antidote contre l’aveuglement volontaire, l’écoanxiété et la destruction de notre planète. Elle est peut-être là, notre pilule du bonheur!

Laure Waridel (Photo: Carl Lessard)

Laure Waridel est écosociologue, titulaire d’un doctorat en anthropologie et sociologie du développement, professeure à l’UQÀM et coautrice du Pacte pour la transition. Elle publiera La transition, c’est maintenant, chez Écosociété, le 7 novembre prochain.

Laure Waridel nous invite à signer le Pacte pour la transition.

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