Santé

Écoanxiété: comment gérer le stress lié aux changements climatiques

Accablée par les défis que posent les bouleversements climatiques? Voici comment canaliser cette anxiété et changer les choses.

ecoanxiété

Photo: Unsplash/Martin Balle

La vie n’est pas un long fleuve tranquille: toutes ces échéances à respecter, ces factures à payer, ces rendez-vous à prendre, ces repas santé à préparer… on en oublie même d’appeler sa mère! Sollicité de toutes parts du matin au soir, le cerveau n’a vraiment pas besoin d’une préoccupation additionnelle. Et pourtant… Les bilans de santé affolants de la planète peuvent insidieusement ajouter une couche de stress dans le quotidien: une inquiétude vague, menaçante et envahissante. Un phénomène nouveau appelé écoanxiété.

Il y a peu de temps encore, la menace des changements climatiques s’apparentait au grondement du tonnerre qu’on entend au loin par un bel après-midi d’été. Aujourd’hui, le ciel bleu est peu à peu envahi par le smog et l’épaisse fumée des feux de forêts. Les bulletins météo font parfois l’effet d’un film d’horreur au moment où l’assassin vient de se glisser dans la maison. En 2017, l’Association américaine de psychologie confirmait que les changements climatiques affectaient notre santé mentale et engendraient toute une gamme d’émotions, dont la peur, la colère, l’impuissance, l’épuisement. C’est ce qu’on nomme l’écoanxiété, dit Ashlee Cunsolo, professeure de sciences sociales à l’Université Memorial, à Terre-Neuve-et-Labrador.

« L’écoanxiété est une angoisse ou un stress lié spécifiquement aux changements de l’environnement, explique-t-elle. Les personnes touchées ont du mal à mettre le doigt sur un déclencheur précis ou à trouver un moyen d’apaiser ce mal-être si intense. Les catastrophes climatiques pouvant être extrêmes, l’anxiété est sans limites. »

L’écoanxiété nous affecte tous

Ashlee Cunsolo a observé pour la première fois l’impact de ce trouble lorsqu’elle travaillait au Labrador parmi les Inuits, témoins et victimes des signes alarmants du réchauffement de la planète depuis plusieurs années. Mais, dit-elle, ce n’est que récemment que les experts ont commencé à étudier les conséquences des changements climatiques sur la santé mentale. « Ces effets peuvent être invalidants, affirme-t-elle, et toucher des gens de tout âge et de tous les pays du monde. »

Il est parfois difficile de parler de son écoanxiété, explique Ashlee Cunsolo, parce qu’on ne dispose pas, dans notre langue, des mots pour exprimer adéquatement les sentiments de chagrin et de deuil que suscitent les changements climatiques. Mais en parler peut apporter de la force. « Les gens me confient qu’ils se sentent seuls et qu’ils ignoraient que d’autres personnes vivaient la même chose, dit-elle. On ne pleure que ce qu’on aime, et si on ressent cette anxiété, c’est parce que la santé de la planète nous tient à cœur. Se rassembler pour en discuter représente un grand pas, qui peut mener à un changement. »

Transformer son tourment en action positive

Nancy Prober, psychologue à Vancouver, estime que l’écoanxiété est une réponse normale à une menace réelle. Elle croit que l’inquiétude qu’engendrent les changements climatiques peut « préparer à l’action » et motiver à adopter de nouvelles façons de faire.

La santé de la planète constitue bien sûr un enjeu de taille, reconnaît Nancy Prober. Mais chacun a le pouvoir de réduire son empreinte écologique et d’atténuer les dommages infligés à l’environnement. Agir en ce sens est la meilleure façon de « traiter » l’écoanxiété. « L’action alimente l’espoir, dit-elle, et sert d’exutoire à la mauvaise énergie que génère l’anxiété. »

Par quoi commencer? On détermine d’abord de quelle façon on peut passer à l’action. « Il faut y aller selon ses intérêts », conseille Nancy Prober. Si on aime militer, on peut se joindre à un groupe de pression. Si on aime cultiver un potager, on peut s’employer à faire des réserves afin d’être moins dépendante de l’agriculture industrielle. Si ce sont les déchets de plastique qui nous préoccupent, on peut investir son énergie à réduire ses propres déchets. « Les possibilités sont très nombreuses. »

Nancy Prober recommande de fractionner ses objectifs et d’avancer un pas à la fois. Et si, malgré les efforts pour protéger la planète, l’inquiétude continue d’être envahissante, il est important de se confier à quelqu’un. « C’est normal de ressentir de l’anxiété face aux changements climatiques, dit-elle. En prenant conscience de sa peur devant l’avenir, on peut agir, apporter sa contribution pour changer les choses et ainsi augmenter les probabilités que les lendemains soient meilleurs. »

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