Dans toutes ses variations, la vague de dénonciations et de témoignages de harcèlement sexuel a bouleversé la planète en entier. Des victimes ont brisé le silence et fait passer la honte du côté des agresseurs, qui tombent en grand nombre. Et ce n’est probablement pas terminé.
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En lien avec les luttes pour la grammaire inclusive, des élus de Paris ont proposé de renommer les Journées du patrimoine pour y ajouter le terme matrimoine, afin d’inclure l’héritage culturel et historique des femmes. Ridiculisée par plusieurs qui se sont amusés à gommer tous les P de la langue française pour les remplacer par des M, l’idée a tout de même été bien accueillie par d’autres. Chez nous, Québec solidaire a pris la décision de remplacer le terme «patrimoine» par celui d’«héritage culturel» dans son programme.
Certaines blagues passent moins bien que d’autres. Ça a été le cas de celle de Guy Nantel sur Alice Paquet, présumée victime du député Gerry Sklavounos. Question de contexte peut-être, le deuxième degré dans le gag de l’humoriste a été remis en question par plusieurs, qui y ont davantage vu une remarque tout à fait déplacée.
Élu mot de l’année 2017 par le groupe éditeur du dictionnaire Merriam-Webster, féminisme a été l’un des plus recherchés de l’année sur le web. Avec la Marche des femmes contre Trump à Washington et ailleurs sur la planète, le film Wonder Woman, #MeToo, disons que ça s’explique.
Le logiciel de retouche d’image est régulièrement au centre de polémiques. Cette fois-ci, c’était au tour du Festival de Cannes d’être dans l’œil du cyclone médiatique par sa faute. L’affiche de sa 70e édition a été largement critiquée après que les internautes se sont rendu compte que la taille et les cuisses de l’actrice Claudia Cardinale y avaient été grandement amincies.
L’organe du plaisir féminin a bien fait jaser, surtout en France, où il a fait son apparition dans un manuel scolaire pour la toute première fois, à la rentrée. Le clitoris n’est toutefois pas beaucoup mieux représenté dans les manuels québécois, qui sont peu nombreux à l’illustrer correctement. Le fait qu’on en parle avec un peu moins de gêne a donc permis à plusieurs d’apprendre qu’il mesure en fait 10 cm et que sa partie visible n’est que le gland.
Le masculin l’emporte sur le féminin. Cette règle de grammaire est de plus en plus remise en question, avec quelques autres, par différents groupes. Puisque le langage influence la pensée, pourquoi ne pas revenir à l’ancienne règle d’accorder avec le nom le plus près de l’adjectif? Pourquoi ne pas féminiser les titres et les noms de métiers quand c’est une femme qui les pratique. La question a soulevé tout un tollé cette année et n’est toujours pas réglée.
Le terme anglais complicit – qui a donné lieu à presque 300% plus de recherches sur Internet en 2017 – a été choisi mot de l’année par Dictionary.com. Cette croissance est bien sûr liée aux scandales sexuels qui ont secoué Hollywood, mais un pic a notamment été enregistré après la diffusion de l’émission Saturday Night Life du 12 mars, dans laquelle l’actrice Scarlett Johansson parodiait Ivanka Trump lançant son propre parfum sous le nom de Complicit. La fille du président a elle-même réutilisé le terme en entrevue quelques semaines plus tard, affirmant qu’elle ignorait ce qu’il signifiait.
Le gouvernement a devancé le déploiement de son projet pilote en éducation à la sexualité dans toutes les écoles de la province pour qu’il se fasse dès la prochaine rentrée scolaire. Une décision en général bien accueillie, dans la foulée de #MoiAussi. Les notions seront enseignées de façon intégrée, c’est-à-dire dans le cadre des autres cours du curriculum, de la maternelle à la cinquième secondaire, mais on ignore encore si cette tâche sera confiée à des spécialistes ou aux enseignants réguliers.
Le mansplaining, ou «mecsplication» en français, fait référence à la manière condescendante dont certains hommes expliquent différents sujets aux femmes, même lorsqu’ils en connaissent très peu sur le sujet ou que leur interlocutrice le maîtrise beaucoup mieux qu’eux. Ces situations sont parfois accompagnées de manterrupting, quand un homme interrompt sans raison particulière une femme en train de s’exprimer. Ces néologismes sont de plus en plus utilisés et ne devraient pas disparaître de sitôt.
La vérité a la vie dure, en temps de fausses nouvelles. La conseillère du président Trump, Kellyanne Conway, l’a bien fait remarquer en utilisant l’expression «faits alternatifs» pour défendre la position de l’ancien porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer au lendemain de l’investiture. L’expression n’est pas sans rappeler le monde dystopique créé par George Orwell dans son roman 1984, où la vérité varie selon la volonté du pouvoir.
L’expression était connue et utilisée dans les milieux féministes depuis assez longtemps, mais elle a, cet été, dépassé les barrières des mouvements militants pour s’introduire dans la sphère publique. Lancée dans la bande dessinée Fallait demander de la Française Emma, la polémique sur le concept de charge mentale a fait le tour des grands médias et s’est retrouvée dans de nombreux foyers.
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Le terme est apparu à New York en 2014 et est revenu dans l’actualité en juin après que Madrid en a interdit la pratique dans les autobus et wagons de métro de la ville. Le plus souvent traduit par «étalement masculin», il désigne la manière dont plusieurs hommes s’assoient dans les transports en commun, les jambes bien écartées, forçant leurs voisines à se faire toutes petites et à serrer les genoux. Le terme a refait les manchettes en novembre, à New York, quand un homme assis dans le métro a frappé au visage sa voisine, qui lui demandait de lui laisser un peu de place.
Avec autant d’histoires de harcèlement sexuel dévoilées au grand jour, le thème de la culture du viol a lui aussi été répercuté dans les médias. Parfois jugée crue ou extrême, cette expression est souvent mal comprise. Elle renvoie en fait à la banalisation des violences sexuelles envers les femmes, à l’objectification de ces dernières, que ce soit dans les films ou la publicité. (Il suffit d’écouter la chanson Baby, It’s Cold Outside ou les paroles des pubs de bière pour le constater.)
Ce n’est pas vraiment une expression, mais l’événement passera très certainement à l’histoire. Des milliers d’hommes et de femmes se sont rassemblés le 21 janvier 2017 pour manifester, pas seulement à Washington, mais dans de grandes villes partout dans le monde, alors que Donald Trump vivait sa première journée comme président.
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Après des études en chant classique au Conservatoire de musique de Québec, Andréanne Moreau a complété son baccalauréat en journalisme à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) et est devenue journaliste dans les hebdos locaux de TC Média, sur l'île de Montréal. C'est là qu'elle s'est fait remarquer pour ses portraits et ses reportages près du style du magazine et a été recrutée par Châtelaine. Pendant trois ans, elle y a couvert l'actualité féministe mondiale dans la section Planète Femmes, la santé et l'activité physique. Elle a également réalisé quelques longs reportages, notamment au sujet de la grossophobie médicale, de la libido et de l'anatomie féminine. Andréanne met maintenant sa plume au service de l'Orchestre Métropolitain et de son chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin, pour qui elle est conseillère en communications et relations publiques.
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