On ne choisit pas sa famille, n’est-ce pas? Et dans pratiquement chacune d’elles, il y a un oncle, un beau-frère ou une cousine avec des idées préconçues qui nous font… soupirer. Pour ne pas gâcher l’ambiance, on choisit parfois de laisser aller. Mais si on bout intérieurement et qu’on doit se mordre la langue pour arriver à se taire, c’est peut-être le moment de s’exprimer.
«Le risque de se taire, c’est d’exploser. Si ça assombrit notre état émotionnel et qu’on commence à faire de l’évitement, à vouloir quitter la soirée plus tôt ou à carrément ne plus avoir envie d’y aller, c’est un signe qu’on doit parler. Mais peut-être pas pendant le rassemblement familial», précise Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.
En présence de beaucoup de monde, avec la fébrilité dans l’air et l’alcool qui diminue les inhibitions, ça peut vite déraper. Elle suggère donc d’aborder la question tôt dans la soirée, ou alors au contraire un peu plus tard, une fois que la tension a baissé d’un cran.
«Parfois, les gens ne réalisent pas que ce qu’ils disent peut être blessant. Le fait de leur en parler calmement aide à leur faire prendre conscience de la portée de leurs paroles», ajoute-t-elle.
Et si Noël était en fait un excellent moment pour parler de politique et de sujets qui dérangent? De toute façon, on finit toujours par en discuter, non? C’est ce que croit le politologue Emmanuel Choquette, chargé de cours à l’Université de Sherbrooke.
«Avec les réseaux sociaux, on passe toute l’année dans une chambre d’écho, où on ne communique qu’avec des personnes qui partagent nos idées, affirme-t-il. Le temps des fêtes devient alors un véritable microcosme social diversifié. C’est le moment idéal pour bâtir des ponts. Et si on ne le fait pas, on va continuer à vivre en vases clos, puis on va se réveiller un matin pour constater que Donald Trump a été élu.»
Les soupers de famille sont à ses yeux l’occasion de faire appel à notre esprit politique dans son sens le plus noble. C’est-à-dire qu’on devrait écouter, faire des compromis et essayer de comprendre les fondements des convictions de ceux qui ne partagent pas nos idées.
«Le danger est dans le mépris. On n’a pas le choix, il faut vivre avec les autres dans une société. Si on n’est pas capable d’avoir une discussion avec nos proches, la démocratie perd beaucoup», fait-il valoir.
Si on décide d’argumenter avec un membre de la famille, la meilleure façon de procéder est probablement de ne pas essayer de le faire changer d’avis à tout prix.
«Ça risque de le pousser dans ses retranchements et de lui faire adopter une position défensive. On a beaucoup plus de chances de modifier sa position si on se contente d’introduire un questionnement, de créer une brèche et de le laisser l’ouvrir par la suite», soutient Christine Grou.
On n’entre donc pas dans le ring en donnant coup pour coup. On écoute, on remet en question calmement, on reste ouvert et on n’accuse pas.
Emmanuel Choquette abonde dans le même sens. «Plutôt que de réagir promptement et d’attaquer avec nos arguments, c’est le temps d’essayer de comprendre. Ça demande des efforts, j’en suis conscient. Mais si on veut réussir à partager nos idées, c’est le seul moyen de le faire.»
S’exprimer est aussi une question d’amour-propre. Même si on ne contrôle pas l’effet que nos paroles pourront avoir sur le comportement de la personne qui nous a offensé, on se sera au moins exprimé. Il faudra donc peut-être réagir cette année devant la blague sexiste du «mononcle macho».
«Sans stigmatiser la personne, je crois qu’il faut parler, quitte à ce que ça froisse un peu quelques susceptibilités, avance Emmanuel Choquette. On ne sait pas, ce qu’on a dit pourrait percoler après les fêtes et avoir un effet. Sinon, on aura au moins la fierté de ne pas avoir toléré des propos méprisants, d’avoir été capable d’en discuter.»
En le faisant, essayons donc simplement de demeurer respectueux et de se rappeler qu’il s’agit de notre famille.
«Il faut accepter l’idée qu’on peut avoir du plaisir dans un party de Noël sans que tout le monde pense de la même façon sur tout, souligne Christine Grou. On peut manger, boire, faire des jeux ensemble, et même discuter sans forcément en arriver à un même point de vue.»
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Après des études en chant classique au Conservatoire de musique de Québec, Andréanne Moreau a complété son baccalauréat en journalisme à l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) et est devenue journaliste dans les hebdos locaux de TC Média, sur l'île de Montréal. C'est là qu'elle s'est fait remarquer pour ses portraits et ses reportages près du style du magazine et a été recrutée par Châtelaine. Pendant trois ans, elle y a couvert l'actualité féministe mondiale dans la section Planète Femmes, la santé et l'activité physique. Elle a également réalisé quelques longs reportages, notamment au sujet de la grossophobie médicale, de la libido et de l'anatomie féminine. Andréanne met maintenant sa plume au service de l'Orchestre Métropolitain et de son chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin, pour qui elle est conseillère en communications et relations publiques.
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