Vie pratique

REER: combien investir et à quel âge?

Des expertes expliquent, en termes clairs, les meilleures stratégies pour économiser assez d’argent en vue de la retraite. Que vous ayez 25, 45 ou 65 ans, leurs conseils vous seront fort utiles.

Photo: iStock.com / Ridofranz

Prudente ou audacieuse? Après avoir établi la tolérance au risque d’une cliente, la conseillère en sécurité financière Caroline Dame prend toujours le temps de discuter avec elle du fonctionnement des marchés financiers. «Les femmes auraient avantage à être plus proactives dans leurs placements. Parfois, ne pas prendre de risque, c’est ça, le plus grand risque!» dit la conseillère du cabinet ElleFinances, à Brossard.

Le cas de figure typique: on ne détient que des produits très sécuritaires, comme des obligations qui génèrent un maigre 1% de rendement par an, alors que l’inflation fait grimper le coût de la vie de plus de 2%. Le capital investi est garanti, mais on perd tellement de pouvoir d’achat qu’on risque de ne pas avoir assez de sous à la retraite.

L’horizon de placement, la situation familiale et les projets à court, moyen et long terme, tous ces facteurs influeront aussi sur la stratégie à adopter – d’où l’intérêt de faire appel à un professionnel pour nous conseiller.

Voici quelques principes généraux, déclinés par groupe d’âge, pour alimenter la réflexion.

L’abc du REER

Un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) présente plusieurs avantages: cumuler les intérêts des placements à l’abri de l’impôt, en plus de réduire le revenu imposable. Nous avons cotisé 3 000 $ à un REER? Notre revenu imposable de l’année sera réduit du même montant. Ça se traduit souvent par un remboursement d’impôt!

Les sommes tirées de notre REER au moment de la retraite seront imposables, mais comme notre revenu annuel devrait alors être plus bas que durant la vie active, le taux d’imposition le sera aussi.

Plusieurs types de placement peuvent être enregistrés dans un REER: obligations, certificats de placement garanti, fonds communs de placement, actions, etc. L’Autorité des marchés financiers explique la nature de chacun d’eux sur son site web.

Entre 20 et 30 ans

  • On n’a peut-être pas envie de jouer à la Bourse ses dollars durement gagnés. «Dans la vingtaine, j’étais une investisseuse très prudente», dit la planificatrice financière Lisette Labbé, du cabinet Plani-Finance, à Québec. On respecte son profil d’investisseuse. L’audace vient avec les moyens et les connaissances.
  • Si on n’a pas froid aux yeux, «on aurait avantage à viser une répartition de 80% d’actions et de 20% de placements à revenu fixe dans son portefeuille d’investissement», avance Caroline Dame. La retraite est très loin, on cherche donc à maximiser la croissance, en se souvenant qu’il y a toujours plus d’années de croissance que de récession dans un cycle économique.
  • Plus tôt on s’y met, plus on bénéficiera de la magie des intérêts composés qui feront fructifier sans effort le pécule amassé. À défaut de gérer activement ses finances, on adhère au régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) ou au REER collectif du bureau, si on en a un. «On pourra transférer ses avoirs dans un autre placement plus tard, lorsqu’on aura un conseiller ou un planificateur financier», souligne Lisette Labbé.
  • On se fixe pour objectif d’épargner au moins 10% de son salaire net.

Entre 30 et 40 ans

  • On a l’intention de piger dans son REER d’ici deux à trois ans pour acheter une maison? «Mieux vaut diminuer la proportion d’actions du portefeuille pour sécuriser les avoirs», suggère la gestionnaire de portefeuille Hélène Gagné, du cabinet Gestion privée Gagné Johnston (Valeurs mobilières PEAK). L’horizon de placement doit être au moins de cinq ou six ans pour les actions – en cas de chute des marchés, le placement aura le temps de reprendre sa valeur avant que l’on retire l’argent.
  • Les parents d’enfants mineurs ont avantage à cotiser à leur REER. En diminuant le salaire imposable, le REER a pour effet de bonifier plusieurs mesures fiscales et crédits d’impôt, tels que les allocations pour enfants et les crédits pour frais de garde. C’est encore plus vrai pour un parent seul! Pour une mère de deux enfants gagnant annuellement 50 000 $, une cotisation de 1 000 $ à son REER pourrait ne lui coûter que 350 $, une fois les allocations et le remboursement d’impôt touchés.
  • Si on le peut, on hausse l’épargne à 10% de son revenu brut. C’est ce que suggère Hélène Gagné.
  • Dans un monde idéal, à 35 ans, notre épargne accumulée devrait valoir le double de notre salaire brut annuel.

REER: pas pour tout le monde

Si on dispose d’un revenu annuel de moins de 42 000 $, qu’on n’a pas d’enfant et qu’on ne prévoit pas se prévaloir du régime d’accession à la propriété (RAP), un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) peut être plus avantageux qu’un REER, indique la conseillère Caroline Dame. Une fois à la retraite, les revenus tirés d’un REER peuvent nous priver du Supplément de revenu garanti (SRG) auquel nous aurions peut-être eu droit. Le CELI n’a pas cet effet, car les retraits ne sont pas imposables et ne s’ajoutent pas aux revenus; ils n’ont donc aucune incidence sur l’admissibilité au SRG.

La vigilance est aussi de mise pour les travailleurs bénéficiant d’un très bon fonds de pension. Les revenus imposables tirés d’un REER s’ajouteront à ceux déjà généreux de leur fonds de pension, et ils paieront autant sinon plus d’impôt que durant leur vie active

Entre 40 et 50 ans

  • Une fois la maison ou le condo acheté, on se remet en mode croissance avec un portefeuille comportant de 60 à 70% d’actions. Évidemment, tout dépend de la situation personnelle du client, mais même pour quelqu’un de prudent, la proportion d’actions ne devrait pas être inférieure à 30%, estime Hélène Gagné. C’est la seule façon de le faire croître, ce fameux bas de laine!
  • On veille à diversifier ses placements. Avoir des REER éparpillés dans différentes institutions, ce n’est pas de la diversification! Si tous nos fonds contiennent, par exemple, une majorité d’actions canadiennes, nous devons rajuster le tir en allant vers des actions internationales. «On s’assure également d’avoir une bonne répartition des actifs des points de vue du niveau de risque et des secteurs d’activité», ajoute Caroline Dame.
  • À 40 ans, on ambitionne un magot représentant trois fois son salaire annuel. À 45 ans, ce devrait être quatre fois son salaire, à 50 ans, cinq fois.

Entre 50 et 60 ans

  • On vise encore une bonne croissance, avec 60% d’actions et 40% de placements à revenu fixe, selon Hélène Gagné. «Certaines personnes me disent: “J’ai 55 ans, plus de placements risqués pour moi, je vais prendre ma retraite bientôt.” Mais si elles la prennent à 65 ans, ce n’est pas bientôt!» Cela représente 10 ans de plus pour faire fructifier son épargne.
  • Les enfants sont partis, on n’a plus de grosse hypothèque à payer: on tente d’épargner au moins 15% de son revenu brut durant les dernières années avant la retraite.

60 ans et plus

  • On modifie éventuellement la composition de ses placements pour passer à 40% d’actions, si on souhaite limiter le risque. Même en cas de retraite hâtive, on ne transfère pas tout dans des placements pépères, car il faudra vivre longtemps sur ces économies! «L’espérance de vie des femmes est plus longue», rappelle Caroline Dame.
  • À 71 ans, pas le choix, il faut transférer son REER dans un Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) et commencer à décaisser. Les revenus de placement continuent de croître à l’abri de l’impôt et on peut encore investir dans divers placements – obligations, actions, etc. – pour éviter de trop gruger son capital.

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