Société

Sachez jongler avec vos finances

La récession vous en fait voir de toutes les couleurs ? Ne restez pas spectatrice : apprenez à jongler ! Voici des trucs pour garder un bon équilibre financier.


 

Votre budget

Épargner, budgéter, payer ses dettes, mieux consommer : en conjuguant ces verbes avec adresse, on peut traverser la crise sans contorsions excessives.

S’attaquer aux dettes :
un départ canon

Qui paie ses dettes s’enrichit, pas de doute. Avec des taux d’intérêt de 18 %, 25 % et parfois plus, les cartes de crédit sont à vider en priorité. À défaut de payer le solde complet, on demande un taux réduit moyennant des frais annuels d’environ 50 $ ou on paie le solde avec la marge de crédit, dont les taux sont souvent inférieurs. Se méfier des plans de financement du type « Ne payez rien avant… » qui sont très coûteux si on ne rembourse pas la totalité du montant à l’échéance. Utiliser un placement pour payer des dettes ? Oui, à condition que le taux d’intérêt de cette dette soit au moins deux fois supérieur à celui que rapporte le placement. Ne faire appel au crédit qu’en cas d’absolue nécessité.

Et l’hypothèque ? Comment économiser un maximum en intérêt ?
• En faisant appel aux services d’un courtier hypothécaire, qui peut obtenir un meilleur taux d’intérêt.
• En payant sa maison en 15 ou 20 ans plutôt qu’en 25 ou 30 ans.
• En choisissant des paiements hebdomadaires plutôt que mensuels.
Un exemple : une hypothèque de 150 000 $, contractée à un taux de 6,45 % sur 25 ans. Remboursement mensuel : 1 000 $. Intérêts payés à terme : 150 060 $. En comparaison, en optant pour un remboursement hebdomadaire (250 $), on paye sa maison plus vite (20,6 ans) et on paye moins d’intérêt : 120 300 $. Une économie de 29 760 $.

Pour avoir plus d’un tour dans son chapeau : épargner
Épargner est le meilleur rempart contre les crises financières. Avoir de l’argent de côté permet de faire face aux dépenses imprévues ou à une perte d’emploi et, sans s’endetter, de réaliser ses projets.

L’épargne doit être une priorité, prévue au budget comme dépense fixe. Une bonne façon d’atteindre ses objectifs : demander des prélèvements bancaires automatiques qui virent les sommes voulues à dates fixes dans un compte d’épargne, un REER ou un CELI. Tout nouveau, ce dernier est pratique quand on veut économiser pour un projet à court terme (un voyage, par exemple) ou pour se constituer un coussin de sécurité en cas de coup dur (idéalement, l’équivalent de trois mois de dépenses). Son originalité : bien qu’aucune déduction ne soit accordée sur le capital investi, l’argent du CELI peut être encaissé en tout temps et reste à l’abri de l’impôt (contrairement aux REER qu’on retire) tout comme, d’ailleurs, les intérêts qu’il a générés. On peut mettre jusqu’à 5 000 $ dans un CELI.

Il n’y a pas de petites économies. Une famille de quatre qui remplace un repas hebdomadaire de viande par un plat de légumineuses économise 500 $ par année.


 

Faire son budget : la recherche
de l’équilibre

Le budget, c’est l’outil incontournable pour épargner et éviter l’endettement. Il permet de savoir si on vit selon ses moyens… ou au-delà.

On connaît l’exercice : on aligne d’un côté ses revenus et, de l’autre, ses dépenses fixes (loyer ou hypothèque, prêt auto, chauffage, téléphone, assurances, frais de garde… sans oublier l’épargne et les dettes à rembourser) et variables (épicerie, sorties, vacances, loisirs, vêtements, entretien de la voiture, de la maison…).

Si les dépenses excèdent les revenus :
• Procéder à des coupes en tentant de préserver l’épargne prévue au budget.
• Diminuer d’abord les dépenses variables (restos, produits de luxe…).
• Réduire les taux d’intérêt de certaines dettes (voir « S’attaquer aux dettes : un départ canon »).

Si les dépenses excèdent largement les revenus, une consultation budgétaire avec un spécialiste s’impose.

Si, au contraire, les revenus dépassent les dépenses, c’est le temps de gonfler le bas de laine.

Besoin d’un modèle ? Option consommateurs propose une grille budgétaire. Une fois le budget établi, il faut s’y tenir !

Comment évaluer ses dépenses variables ?
Il suffit d’accumuler toutes les factures, même celles du dépanneur, pendant au moins trois mois puis de faire le compte… On a souvent des surprises !

Dernier tour de piste : consommer futé

Si les périodes d’incertitude financière ont quelque chose à nous apprendre, c’est bien de consommer différemment. Moins, et mieux. Quelques pistes.

• Viser un bon rapport qualité-prix. Le haut de gamme n’est pas toujours le meilleur achat. Il faut magasiner et comparer. À cet effet, Internet représente un excellent outil. Surtout, oublier les achats impulsifs.
•Éviter de gaspiller. Au Canada, 15 % de la nourriture achetée pour la famille se retrouve aux poubelles : c’est quelque 1 250 $ par année ! Pour mettre fin au gaspillage, établir un menu (en tenant compte des rabais, comme on le fait sur www.soscuisine.com, par exemple).
• Utiliser les restes. Profiter des soldes pour faire des réserves – en quantité raisonnable pour ne rien perdre.
• Acheter ou louer sa voiture ? À long terme, l’achat est plus économique pourvu qu’on garde son véhicule au moins deux ans après la fin des paiements. Les meilleurs achats : les modèles d’occasion vendus en fin de bail de location.
• S’arranger pour réduire ses impôts. Mettre le plus d’argent possible dans son REER pour réduire son revenu imposable. Les années fastes, profiter des coti-sations non utilisées des années antérieures.

Outre ceux pour garde d’enfants, certains crédits d’impôt (frais médicaux, dons de charité, etc.) peuvent être réclamés dans la déclaration du conjoint qui gagne le moins. On maximise ainsi les crédits.

Acheter un logiciel de calcul rapide d’impôt (environ 40 $), facile à utiliser et rentable car, une fois les informations entrées dans le formulaire, le logiciel calcule instantanément la plupart des crédits d’impôt, en tenant compte du revenu des conjoints, et propose alors le scénario le plus avantageux.

Faire appel à tous les crédits auxquels on a droit. Parmi les plus récents instaurés au fédéral : le crédit d’impôt pour les titres de transport en commun, 15 % d’un montant maximal admissible de 720 $ (60 $ par mois), le crédit pour emploi (dont le montant varie selon la situation de ceux qui peuvent le réclamer pour des dépenses liées à leur travail) et le crédit pour la condition physique (15 % d’un maximum de 500 $ dépensés pour l’inscription d’un enfant à charge de moins de 16 ans à une activité physique d’une durée minimale de 8 semaines).

À consulter
L’excellent site de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) où l’on trouve : tableaux des taux d’intérêt et des frais bancaires des institutions financières, grilles budgétaires, conseils sur le crédit, l’épargne, l’hypothèque, la consommation, l’endettement, etc.

Vos investissements

Pour soutenir le grand chapiteau des investissements, quatre piliers, quatre grands principes à garder en tête.

On ne se lance pas sans bon coach
Difficile de décortiquer le marché financier ? Oui ! D’où l’importance de s’informer auprès d’un expert reconnu, inscrit à l’un des registres de l’Autorité des marchés financiers (AMF). C’est le cas des courtiers, des représentants et des conseillers en valeurs mobilières ainsi que des planificateurs financiers. Au Québec, sauf les professionnels inscrits à un ordre (comptables, administrateurs agréés et notaires), tous les planificateurs financiers sont obligatoirement inscrits au registre de l’AMF.

La diversité : le meilleur filet de sécurité
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Non seulement faut-il s’assurer que les échéances et les risques de ses placements sont variés, mais il est sage aussi d’investir dans toutes sortes de produits financiers. « Attention, rappelle Lison Chèvrefils, “placements diversifiés” ne signifie pas acheter la même chose dans plusieurs institutions financières. Ce qu’il faut, c’est plusieurs types de produits. Actions de grande capitalisation, de PME, fonds de dividendes, fonds en revenus… »


 

Tout ce qui descend… remonte
En constatant que leurs placements avaient perdu jusqu’à 30 % de leur valeur, des milliers d’investisseurs ont vendu leurs fonds d’actions. Réaction naturelle,  « mais mauvaise décision, soutient Benoît Parenteau, planificateur financier. Car, en finances, presque tout ce qui descend finit par remonter. À preuve, les statistiques du marché depuis 1950 : sur n’importe quelle période de 10 ans, la Bourse canadienne n’a jamais connu de rendement moyen inférieur à 7,68 % – ce qui est très satisfaisant – et ce, malgré des crises comme celle du 11 septembre 2001 ou de l’éclatement de la bulle technolo-gique en 2000. »

Pour se mettre à l’abri des coups durs
Les placements qu’on prévoit encaisser dans les 5 ans devraient être protégés des fluctuations, estime Lison Chèvrefils, planificatrice financière. On choisit des véhicules financiers aux rendements plus faibles (3 % à 5 %), mais sans risques (CPG, obligations gouvernementales, fonds monétaires, etc.).

Par contre, les placements qu’on ne prévoit pas encaisser avant au moins 7 à 10 ans devraient être investis dans des fonds à rendement plus élevé (7 % et plus)… mais aussi plus risqués.

Bien des femmes sont frileuses face aux risques et optent de façon unilatérale pour des placements garantis. « Une stratégie peu rentable à long terme, dit Lison Chèvrefils. Pour que les sommes investies n’aient pas une valeur dérisoire dans 20 ans, leur rendement global doit être supérieur à l’inflation annuelle, estimée à environ 3 %. » ]

Merci de leurs conseils à Sylvain Chartier, fiscaliste à la Banque Nationale du Canada, Karine Robillard, d’Option Consommateurs, et Georges Iny, de l’Association pour la protection des automobilistes.

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