Dans notre monde moderne, les changements de saison passent presque inaperçus. Peu importe le temps qu’il fait, la nourriture reste abondante, les déplacements sont relativement faciles, et on est constamment à l’abri, à des températures confortables. Mais notre physiologie est néanmoins régie par certains cycles. En hiver, par exemple, nous produisons plus de mélatonine à cause du manque de lumière; c’est pourquoi nous nous sentons plus endormis et amorphes. De plus, peut-être en raison d’un mécanisme de survie millénaire qui nous incite à faire des réserves d’énergie, on a envie de manger des plats réconfortants et des glucides rassasiants, qui nous rendent encore plus léthargiques. Même si les humains n’ont pas besoin d’entrer en hibernation, certains jours, on a vraiment l’impression que rien ne ferait autant de bien qu’une longue sieste hivernale.
Cependant, nous sommes conditionnés à combattre cet instinct et à considérer l’oisiveté comme un frein à la productivité plutôt qu’un élément essentiel d’une vie saine, et ce, même si on sait que le repos est bénéfique pour la santé. Au 19e siècle, en France, les membres d’une certaine aristocratie intellectuelle, connus sous le nom de flâneurs, promenaient une tortue en guise d’animal de compagnie dans les rues de Paris, adoptant le rythme de l’animal pour se moquer de l’absurdité de la vie des gens pressés. On peut choisir de consacrer du temps à sa tortue. Et ainsi ressentir les bienfaits de la paresse stratégique.