Culture

3 livres pour se tenir au chaud

Cet hiver, on s’installe près de la cheminée avec cette BD, ce recueil de nouvelles et cet essai, tous trois incontournables. 

livre dédé

Dédé

Le bédéiste Christian Quesnel ne craint pas les défis. Dans son travail, il n’hésite pas à s’attaquer à des sujets délicats – le suicide, la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic – ni à plonger dans la complexité et l’humanité de personnages élevés au rang d’icônes, tels que Beethoven et Félix Leclerc. Sa dernière création, Dédé, raconte les moments marquants de la vie du chanteur des Colocs, de sa jeunesse au Lac-Saint-Jean jusqu’à sa mort, le 8 mai 2000.

La forme, ingénieuse, mélange des extraits de lettres ou d’entrevues livrées par Dédé Fortin et des témoignages de proches et de gens du milieu artistique l’ayant connu. Le portrait nuancé qui en résulte rend avec justesse la sensibilité, le talent, l’humour et l’intensité de l’artiste. Le récit et les états d’âme du protagoniste sont mis en valeur aussi bien par le style pictural de Christian Quesnel que par la palette de couleurs, qui passe de l’orangé au bleu, puis s’assombrit jusqu’à devenir d’« une clarté minuscule ».

Christian Quesnel a eu accès à une riche documentation pour s’imprégner de l’homme qu’était Dédé : lettres, agendas, pensées, scénarios, extraits vidéo. « Mon travail s’est apparenté davantage à une enquête qu’à une recherche historique. Je voulais que les lecteurs puissent se glisser dans sa tête, toucher à son essence. » Une mission que le bédéiste remplit avec brio. « Je pense que cette version de Dédé mérite d’être connue », conclut-il.

Dédé, par Christian Quesnel, Libre Expression, 120 pages.

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Livre Kanatuut

Kanatuut

Natasha Kanapé Fontaine a arpenté le territoire ancestral innu et renoué avec les légendes de son peuple avant d’écrire Kanatuut, un recueil de nouvelles à l’orée du mythe, du réalisme magique et de l’onirisme. Pour composer ses histoires, l’écrivaine a fusionné certains éléments de récits fondateurs à des réflexions tirées de ses propres rêves. Elle souhaite ainsi donner aux jeunes Autochtones l’envie de se reconnecter à leur culture pour mieux définir la suite. « Si nous ne voulons pas que ces récits meurent, il faut leur offrir une portion de nous. J’ai tenté de conserver les bases des légendes, en y ajoutant mon expérience et ma perspective. »

L’artiste innue a aussi voulu comprendre ce qui distinguait les littératures autochtones. « J’ai grandi avec les paradigmes occidentaux de linéarité. Pour les Premiers Peuples, les récits sont plutôt circulaires, en phase avec l’environnement et les saisons. J’apprends à voir chaque fin comme un recommencement. »

Le lecteur entre dans ce recueil comme dans un pays étranger, surpris par des codes qu’il ne maîtrise pas. Et comme pour tout voyage, il en sort grandi, avec une meilleure compréhension de la force de ceux qui sont contraints de marcher à contre-courant.

Kanatuut, par Natasha Kanapé Fontaine, Stanké, 232 pages.

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livre hors jeu

Hors jeu

Florence-Agathe DubéMoreau ne s’était jamais vraiment intéressée à la place des femmes dans l’univers des sports avant de se retrouver soir après soir dans les gradins. En 2014, lorsque son amoureux, le footballeur Laurent DuvernayTardif, est repêché par les Chiefs de Kansas City, l’étudiante en histoire de l’art est catapultée dans un milieu où les femmes sont souvent reléguées au rang de conjointe ou de meneuse de claque. Ce que l’autrice a découvert, dans l’enceinte de ce club d’hommes qui jouent au ballon, a changé son regard sur les répercussions du sport dans les inégalités de genre.

Inspirée par deux essais de Martine Delvaux, Le boys club (Remue-ménage, 2020) et Les filles en série (Remue-ménage, 2013), Florence-Agathe DubéMoreau s’intéresse aux représentations culturelles des femmes qui gravitent dans l’univers du sport professionnel masculin. Son objectif ? Donner envie aux acteurs du milieu de considérer des perspectives plus égalitaires et de réinventer les règles du jeu. À ses yeux, le sport n’est pas seulement un reflet passif de la société. « Il témoigne de ce à quoi nous attribuons une valeur en tant que collectivité, dit-elle. Il a le pouvoir d’agir sur le présent et l’avenir. En faisant la promotion des espaces égalitaires, et des récits d’affirmation et d’inclusion, le sport peut remplir une fonction de catalyseur pour la justice sociale. »

Hors jeu  –  chronique culturelle et féministe sur l’industrie du sport professionnel, par Florence Agathe Dubé-Moreau, Remue-Ménage, 248 pages.

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