Culture

3 livres québécois à dévorer au printemps 2024

Ces romans passionnants, signés par des auteurs québécois à découvrir, ont tout pour vous suprendre. 

Maquina

Cinq ans après avoir publié Les créatures du hasard (Cheval d’août, 2018), son premier roman, qui a été finaliste du Prix littéraire des collégien.ne.s, Lula Carballo nous propose une histoire de jeu et d’obsession. Dans Maquina, on fait la rencontre de Luz, une jeune femme nouvellement devenue préposée aux machines à sous dans un casino. Elle est aussi fascinée que dégoûtée par son lieu de travail. En effet, Luz n’est pas là que pour payer ses études en littérature. Elle souhaite surtout comprendre les motivations des joueurs pathologiques. Le jeu a déchiré sa famille : peut-être coule-t-il dans ses veines. C’est toutefois une autre obsession qui voit le jour dans ce qu’elle surnomme « le cirque glauque », celle de Madame B. Pour se rapprocher de cette bourgeoise mystérieuse, Luz use de stratagèmes, au risque de perdre son emploi, son amour-propre et même sa santé mentale. « J’ai travaillé autour du concept de l’inassouvi, explique Lula Carballo. Je me suis donné comme défi d’écrire un roman qui me ferait ressentir en tant qu’autrice ce qu’une joueuse ressent lorsqu’elle mise de l’argent », poursuit-elle. L’écrivaine, qui a consacré 10 ans à  Maquina, nous offre une écriture à la fois limpide et poétique. Chaque mot est juste. Chaque phrase révèle uniquement ce qu’elle doit révéler pour conserver l’aura de mystère qui entoure cette Madame B. Lula Carballo trace elle-même le parallèle : ce roman est le résultat d’une obsession.

Maquina, de Lula Carballo, Leméac, 152 pages, en librairie le 13 mars.

roman Frappabord

 

Frappabord

Autrice du succès littéraire Le lièvre d’Amérique (La Peuplade, 2020), Mireille Gagné nous offre un thriller écologique aussi prenant qu’original. Il y avait longtemps que l’écrivaine voulait donner une voix à la nature. Elle y parvient merveilleusement dans Frappabord, roman où elle nous transporte dans le Québec de la Seconde Guerre mondiale. À Grosse-Île en 1942, quelque chose se trame. Un projet ultrasecret qui donne froid dans le dos aux scientifiques que l’on a engagés pour y prendre part. Les répercussions des événements de cette époque se feront sentir jusqu’à la nôtre : la province subira une canicule record durant laquelle les gens seront pris d’accès de rage. Les frappabords, également appelés « mouches à chevreuil » ou « taons à cheval », sont au cœur de ce récit où il est question de l’équilibre naturel du monde sans cesse bouleversé par l’activité humaine. « La nature parle à travers le frappabord qui est fâché contre nous, les humains. L’insecte nous met en garde contre les actes irréversibles que l’on pose dans notre environnement. L’équilibre est un état difficile à retrouver », explique l’écrivaine, qui confie s’être inspirée de faits réels ainsi que de l’histoire de sa famille. « Au fil de ma vie, ma mère m’a raconté des anecdotes sur ce qui s’était passé à Grosse-Île pendant la guerre et j’ai toujours été intriguée. » De multiples entrevues et des recherches approfondies ont été nécessaires pour développer les aspects scientifique et historique de l’œuvre. Voilà un livre à l’intrigue bien ficelée où les personnages prennent vie comme dans un film.

Frappabord, de Mireille Gagné, La Peuplade, 216 pages, en librairie.

 

Roman Gabriel Kunst

Garçon désamorcé : un roman autistique

« Je viens d’une famille d’enfants morts », affirme le narrateur de Garçon désamorcé : un roman autistique dès la première page. Le ton est donné. Suivent alors une série de fragments émaillés de passages poétiques où le narrateur, qui n’est jamais nommé, revisite certaines scènes de sa vie après avoir reçu un diagnostic d’autisme à l’âge adulte. Sa façon de vivre les émotions à retardement, son grand besoin de prévisibilité… Nombre de ses traits de caractère s’expliquent grâce à cette découverte effectuée sur le tard. 

Le projet de livre est né dans le cadre d’une recherche-création postdoctorale à l’Université de Montréal lorsque l’auteur s’est rendu compte que son incapacité à organiser une narration traditionnelle était une manifestation de l’autisme. « J’ai appris à embrasser mon état, à l’accepter. Je me suis demandé ce que ça pouvait donner comme projet littéraire. L’idée était d’écrire un livre qui allait reproduire dans la forme les mécanismes langagiers qui sont propres à l’autisme. Le fil conducteur suit la logique de l’émotion, tandis que l’autisme est la force structurante du texte », confie l’écrivain. Gabriel Kunst n’en est pas à sa première publication : il a également signé deux recueils de poèmes, Nos Photosynthèses (Poètes de brousse, 2021) et Les Cœurs de pommes et leur syntaxe (Tryptique, 2017). Dans l’objet littéraire unique qu’est Garçon désamorcé : un roman autistique, il nous fait apprécier une nouvelle fois la beauté de sa plume. 

Garçon désamorcé : un roman autistique, de Gabriel Kunst, Poètes de brousse, 150 pages, en librairie le 19 mars.

 

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