Culture

Littérature : 3 nouveautés québécoises pour la rentrée

La rentrée littéraire québécoise nous réserve encore une fois de grands crus. Un aperçu, en trois morceaux choisis.

Livre Kevin Lambert

Que notre joie demeure

Dans son précédent roman, Querelle de Roberval (2018), Kevin Lambert s’intéressait à des ouvriers et ouvrières de scierie ayant entrepris une grève. Cette fois, l’écrivain dirige son regard acéré – et singulier – vers l’autre bout du spectre politique, celui des dirigeants et des bâtisseurs.

On y fait la rencontre de Céline Wachowsky, une architecte de renommée mondiale qui, lorsqu’elle réalise enfin un grand projet à Montréal, sa ville, est accusée de contribuer à l’embourgeoisement et de détruire le tissu social d’un quartier.

L’auteur délaisse l’excès et la démesure qui ont fait sa réputation pour mieux refléter l’intériorité de sa protagoniste. Il met en lumière les mythes et les chimères qui forgent sa vision du monde.

En adoptant pour sa narration le point de vue des privilégiés, Kevin Lambert fait une critique nuancée et clairvoyante de l’élite bien-pensante à travers un roman touffu, sans jamais tomber dans le piège de la condamnation. « Je ne voulais pas me séparer de manière trop nette des personnages que je mets en scène. Nous faisons tous et toutes partie de ce “nous” évoqué dans le titre, Que notre joie demeure. Nous sommes tous responsables des subjectivités (dominatrices, prédatrices, patriarcales, néolibérales…) que produit la société. Nous ne sommes ni meilleurs ni pires que les gens que nous critiquons. Nous sommes aussi abjects que les êtres que nous trouvons abjects. Cette commune abjection, c’est notre plus belle, notre plus radicale égalité.»

Que notre joie demeure, Kevin Lambert, Héliotrope, 384 pages, en librairie le 7 septembre.

Livre Justin Latour

À nos filles

Comment survivre au monde lorsqu’on est femme ? En répondant à cette vaste question, 12 forces créatives transmettent aux autres générations leurs secrets pour négocier leur espace d’action, assumer leurs décisions et exiger le droit à la parole et à l’égalité.

Joséphine Bacon, Paule Baillargeon, Manon Barbeau, Yvette Bonny, Marie-Claire Blais et Yasmina Chouakri comptent parmi ces pionnières entêtées – artistes, médecins, chercheuses, libraires ou activistes – qui se sont révélées tout en remettant en question notre société au fil d’entretiens menés par l’écrivaine Michèle Plomer. « La parole recueillie et le savoir transmis dans ce livre est le cadeau le plus précieux que nous pouvions offrir à nos fils, nos filles, nos nièces, nos mères, nos grands-mères. Nous avons choisi des femmes qui revendiquent la pluralité des modèles féminins et l’importance d’avoir des contradictions », dit cette dernière. Accompagnés de magnifiques photos de Justine Latour, les textes témoignent d’une précieuse sororité, un rappel de tout ce que nous pouvons accomplir lorsque nous unissons nos forces et nos connaissances.

À nos filles, Michèle Plomer et Justine Latour, Marchand de feuilles, 328 pages, en librairie le 1er septembre.

Livre Sophie Bienvenue

J’étais un héros

Yvan a raté sa vie. Alcoolique, il vit seul sans nouvelles de sa fille depuis près de 20 ans. Pour tromper l’ennui, il n’a que son chat, une bête attachante sans nom ni queue. Après avoir reçu un diagnostic de cirrhose hépatique qui lui laisse peu de chances de survie, le sexagénaire se demande s’il est trop tard pour s’engager sur le chemin de la rédemption. En véritable virtuose de la forme, Sophie Bienvenu juxtapose le récit d’un homme qui choisit la réconciliation à celui de sa propre descente aux enfers. « J’ai déversé des mots sur le clavier, et au fur et à mesure s’est dessiné un homme qui me rappelait étrangement mon père. Ce roman exprime mes plus grandes peurs et mes plus grands espoirs, romancés, poussés à l’extrême et mis en scène dans des personnages qui ne sont ni vraiment lui, ni vraiment moi », raconte-t-elle. Dans cette fable sombre, où la tristesse ne s’éloigne jamais trop de l’espoir, l’écrivaine explore, dans une langue vraie et crue, les conséquences des stéréotypes de genre, et désencombre, à petits pas, les voies qui mènent au pardon.

J’étais un héros, Sophie Bienvenu, Le cheval d’août, 224 pages, en librairie le 20 septembre.

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.