La nature humaine est un sujet récurrent dans vos numéros. Qu’appréciez-vous le plus chez vos semblables ?
J’aime beaucoup la capacité d’empathie de l’être humain. Souvent, on oublie ce que c’est, vivre en société et échanger avec les autres. Moi, ce que je préfère quand je suis sur scène, c’est me mettre dans la peau des autres. J’aime particulièrement jouer des filles, car je peux me mettre dans la peau de celles que j’aime.
Vous avez été diplômé de l’École nationale de l’humour en 2010. Qu’est-ce qui vous plaît dans le milieu humoristique ?
Il y a énormément de talent et de créativité dans le milieu de l’humour au Québec. Je constate d’ailleurs que l’humour est en train de redevenir important dans la vie des gens. Il s’éloigne du pur divertissement pour mieux critiquer la société, et ça, c’est génial.
Le thème du passage à l’âge adulte revient beaucoup dans Je t’aime. Détestez-vous « être adulte » ?
Je ne déteste pas l’âge adulte, mais je trouve qu’il peut être dangereux, car on oublie trop souvent l’enfant en nous et la personne que l’on a été. Je vois les gens comme des poupées russes : on est des adultes, mais aussi des adolescents, des enfants.
Une partie de votre spectacle est consacrée aux médias sociaux et vous les utilisez beaucoup vous-mêmes. Pourquoi ?
Ce sont des outils extraordinaires. Je peux m’en servir pour parler de mon travail et discuter avec mon public. C’est vraiment le fun. Je me sens plus autonome comme artiste et je peux réagir à différents sujets d’actualité ou parler de mes passions.
Le mépris sur Internet vous fait rager, dites-vous dans le spectacle. Il change quoi dans votre relation avec le public ? dans votre vie d’humoriste ?
Le mépris sur Internet, c’est à priori négatif. Mais si on te fait mal sur Internet, ça peut t’aider à travailler sur toi-même. J’essaie de répondre de manière intelligente et, par là, de comprendre mes motivations pour ce métier que j’adore.
L’un de vos numéros est consacré à votre amour de la langue française. De quelle façon cette langue vous allume-t-elle ?
Je parle l’anglais, trois dialectes arabes et l’espagnol, mais le français est ma langue préférée. C’est aussi celle que je maîtrise le mieux. Quand tu choisis une langue et qu’elle ne t’est pas imposée, tu peux en savourer chaque mot, chaque tournure. Mon métier m’apprend à jouer avec elle.
Préférez-vous l’écriture ou la performance?
J’adore être sur scène, raconter des histoires et interagir avec le public. Mais j’aime surtout le processus qui m’a mené jusque-là, donc pas tant la victoire que la marche. J’aime gravir la montagne qui me mène sur la scène, face aux gens.
Vous habitez Montréal. Qu’aimez-vous de votre ville?
C’est la plus belle au monde ! C’est aussi ma maison et je m’y sens bien. Il n’y a pas tant de choses à voir pour les touristes, alors passer du temps avec des Montréalais est la meilleure façon de découvrir la ville. C’est très multiethnique et les gens voyagent beaucoup, ce qui fait de la métropole une ville riche sur les plans social et culturel.
Que souhaitez-vous au milieu humoristique québécois ?
J’aimerais que l’humour s’éloigne du « divertissement », qu’il retrouve son côté « utile ». On idéalise tous Yvon Deschamps parce qu’il analysait socialement et philosophiquement sa société. Je voudrais que l’on soit de nouveau capables de rire de nous-mêmes et que l’humour puisse nourrir l’âme autant que la musique ou les autres formes d’art.