C’est le retour du trio gagnant de la comédie musicale au Québec : Michel Tremblay, René Richard Cyr et Daniel Bélanger. Ils s’attaquent au classique Sainte Carmen de la Main. Carmen, interprétée par Maude Guérin, revient de Nashville, où elle s’était installée pour parfaire sa technique de yodle. Revenue sur la Main, elle rencontre son monde et veut le faire grandir. Elle respire l’espoir, la vie, le rêve et se frappe à la vision noire amère de ses anciens camarades de rue.
Toute actrice rêve de jouer du Tremblay. Pourtant, c’est un des trucs les plus difficiles à jouer, affirme Maude Guérin. « C’est pas vrai que c’est facile et que c’est notre langue. C’est très théâtral, à l’image d’une tragédie grecque. C’est un défi chaque fois, mais Tremblay, c’est un des auteurs qui écrit les plus beaux rôles féminins. J’aimerais jouer toutes les mères de Tremblay. Quand René Richard m’a proposé le rôle, j’ai dit : u02baOui, oui, oui!u02ba »
Comment interpréter la mythique Sainte Carmen de la Main? « Je pars beaucoup de moi. René Richard m’a dit au départ : u02baCarmen, c’est toi quand t’es en forme, de bonne humeur, que tu rayonnes, que t’es souriante, que tu ris tout le temps!u02ba J’essaie de partir de mon côté rayonnant, celui qui croque la vie », explique la comédienne chevronnée.
Des craintes? « De pas avoir confiance en la force que j’ai. Je doute beaucoup en ce moment. Je ne tiens rien pour acquis. Je veux vraiment bâtir un personnage qui ne ressemble pas à ce que j’ai déjà fait. C’est difficile, quand tu en fais beaucoup, de faire une différence. J’essaie toujours de revenir à la page blanche. Je me sens comme une enfant, comme si je ne l’avais jamais fait. Je me remets à la case départ. »
« René Richard Cyr m’a dit que c’était à François Papineau qu’il avait offert le rôle. Il ne pouvait pas le faire. u02baT’es mon deuxième choix, est-ce que t’acceptes?u02ba Pour moi, être un premier ou deuxième choix, on s’en fout dans ce métier-là. Si ça t’arrive, c’est parce que t’étais dû pour le faire. Tu ne peux pas refuser. Surtout pas une comédie musicale! », explique Normand D’Amour concernant l’offre de René Richard Cyr pour le rôle de Maurice. A-t-il un coup de cœur professionnel parmi la distribution? « Mon plus grand bonheur, c’est de voir tous ceux qui travaillent dans le chœur, qui sont probablement la partie la plus importante de Sainte Carmen. C’est eux qui racontent l’histoire. De les voir aussi bien préparés, ces jeunes acteurs-là, ça va faciliter notre travail à nous qui avons des gros rôles. »
« Mon personnage s’appelle Gloria. C’est une chanteuse de musique sud-américaine et qui a déjà été la reine de la Main. On peut penser un peu à Alys Robi. Gloria a vraiment eu une carrière, selon elle, extraordinaire, et elle a entraîné le personnage de Carmen pour lui montrer le métier. Carmen, étant déjà artiste, veut voler de ses propres ailes, donc elle s’en va, et Gloria se sent trahie », explique France Castel. Elle ajoute : « C’est stimulant pour moi, ça me place dans le vertige. C’est toujours important de se remettre un peu en danger. »
« Gloria (France Castel) et moi, on est contre le retour de Carmen. On est comme les petits pas fins de la place. C’est vraiment l’fun, pour moi, c’est une autre énergie. Il faut que mon personnage, Tooth Pick, ait l’air sale… Il est dégueu, crasseux et fait des coups chiens », commente Benoît McGinnis à propos de son personnage. Quel est le plus grand défi de France Castel dans le rôle de Gloria? « C’est de bien l’assumer, sans vouloir plaire. D’assumer cette espèce de bibitte amère-là, de lui donner sa couleur, de pas essayer d’être belle ni fine. »
« On a une petite histoire au Québec, et quand ces classiques-là reviennent, ceux qu’on a étudiés, c’est quelque chose. Mets-en que je veux jouer Tooth Pick et faire partie de ce show-là. Surtout avec la collaboration avec Daniel Bélanger », ajoute Benoît McGinnis.
« Je joue Bec-de-lièvre. Une fille de la Main qui ne l’a pas eu facile dans la vie. Et grâce à la bonté d’âme de Carmen, elle est devenue son habilleuse. Carmen a fait son entrée dans le bar et elle a dit que Bec-de-lièvre pourrait être celle qui l’aide. Alors, d’une fille qui valait rien et qui savait rien faire, qui a toujours été ostracisée dans sa vie, y’a une personne enfin qui lui a dit qu’elle était capable, qu’elle pouvait apporter de quoi de bon dans le monde », explique Éveline Gélinas. Et Ève Landry, de son côté : « Je joue Purple, qui est une pute parmi le chœur des personnages de la Main. Elle travaille dans la rue. On s’enligne vers un personnage très rock et très féminin. J’ai des bonnes bottes de 6 pouces de haut, donc, déjà, ça donne une attitude très prétentieuse! »
« C’est la troisième fois que j’ai la chance de travailler avec René Richard Cyr. C’est un de nos plus grands directeurs d’acteurs. En général, il a déjà sa petite idée, c’est toujours extrêmement enrichissant de travailler avec lui. Il nous amène ailleurs et il fait des spectacles pour une raison précise. Il parle aux gens. Il s’adresse à un public. Il a ce souci de monter des shows pour susciter une réflexion. Et ça, c’est bien important, et pour une actrice, c’est très valorisant », commente Éveline Gélinas. Elle rajoute : « La force de René Richard, c’est qu’il sait regrouper les gens. Il s’entoure bien et il choisit son monde en fonction d’une chimie qu’il veut installer. Et je pense que ça peut déjà transparaître, même si on commence le travail. »
« Tout ça me parlait. J’avais hâte. Il y a beaucoup parce que c’est Daniel Bélanger. Ça me met quasiment mal à l’aise parce que j’ai du Daniel Bélanger en tête tous les jours. Mais quand il est là, les trois quarts du temps, et que j’ai des tounes de lui en tête, faut que je me retienne de chanter… Pour vrai, je suis une grande fan finie! Je suis contente parce qu’on retrouve beaucoup de sa musicalité. C’est du très bon Daniel Bélanger et ça me parle beaucoup. Et aussi, j’adore l’esprit de troupe, de travailler à plusieurs dans un chœur », exprime Ève Landry sur ses raisons de participer à la pièce.
René Richard Cyr s’affaire à la mise en place : l’étape où il faut décider des mouvements de la troupe. Les pièces de Daniel Bélanger, déjà apprises, ne demandent qu’un léger peaufinage. L’ambiance est à la camaraderie, et Ève Landry ne se gêne pas pour lancer quelques blagues pendant le travail. C’est un rendez-vous au TNM, du 30 avril au 25 mai et en supplémentaires du 28 mai au 8 juin.
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