Dominique Fortier a du mal à s’intéresser à ses écrits en chantier. C’est là la prémisse de son nouveau roman. L’image de la maison natale d’Emily Dickinson, Homestead, où la poète américaine a vécu toute sa vie et où elle a construit son œuvre, s’impose encore auprès de l’autrice québécoise.
commence là où s’achève Les villes de papier (Alto 2018), essai romancé qui explore la vie de Dickinson, figure incontournable de la littérature américaine du 19e siècle. Sa lumière traverse encore les mots de Dominique Fortier.
À la mort de la poète, en 1886, sa sœur, Lavinia, découvre des milliers de poèmes épars, écrits sur des bouts de papier. S’ensuit un travail d’édition confié à Mabel Loomis Todd, maîtresse de leur frère. L’œuvre de Dickinson rejoindra enfin son public grâce à ces femmes et à Susan Gilbert Dickinson, belle-sœur et amie de cœur d’Emily, dont la quête est imaginée avec talent.
Faudra-t-il domestiquer la forme éclatée des poèmes de Dickinson, déconcertante pour l’époque ? Ou respecter à la lettre ces « ombres blanches, des textes tissés à même les silences entre les mots » ?
Dominique Fortier se glisse dans les pensées des personnages « en espérant que l’un ou l’autre finisse par m’indiquer le chemin à suivre ». De temps à autre, l’autrice et narratrice s’échappe et retourne à sa vie quotidienne auprès de sa fille, Zoé, « mais cette autre part de moi marche dans la maison désertée d’Emily ».
Ce récit brillant nous entraîne au plus près de la poésie d’Emily Dickinson, ces « feuilles traversées par la lumière ». Au plus près également de la grâce inspirée de Dominique Fortier.
Dominique Fortier
Naissance à Cap-Rouge, un arrondissement de la ville de Québec, en 1972. Doctorat en littérature à l’Université McGill, à Montréal. Traductrice littéraire et romancière. Son œuvre porte le sceau des grandes plumes. Son essai poétique Les villes de papier a remporté en 2020 le convoité Prix Renaudot de l’essai, braquant la lumière sur cette écrivaine discrète qui a déjà publié cinq romans marquants et plus d’une trentaine de traductions – dont celle des écrits de la Montréalaise Heather O’Neill. Une pluie d’honneurs et de prix, dont celui du Gouverneur général – pour Au péril de la mer –, jalonnent son parcours. Depuis Du bon usage des étoiles, son premier roman, elle est fidèle à Antoine Tanguay, son éditeur chez Alto.
Les ombres blanches, Alto, 248 pages. En librairie le 15 mars.
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