Il y a près de 150 ans, Nora, héroïne de la pièce Une maison de poupée (1879) du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, laissait derrière elle mari, enfants et la soumission imposée par la domesticité. Dans Une maison de poupée, 2e partie, une suite imaginée par l’Américain Lucas Hnath, Macha Limonchik prête ses traits à ce personnage complexe qui, bien qu’imaginé au 19e siècle, révèle toutes les contradictions de l’époque contemporaine.
On retrouve Nora 15 ans après sa fuite. Dans quel état d’esprit se trouve-t-elle ?
Pendant ces années, Nora a vécu sa vie comme une femme libre. Or, comme elle est encore légalement mariée, il y a beaucoup de choses qu’elle ne peut accomplir, comme signer un contrat par exemple. Elle revient donc à la maison pour finaliser le divorce. Elle doit aussi confronter son mari et la nounou qui élève ses enfants. Elle prend ainsi la pleine mesure des conséquences de son geste.
Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce rôle ?
La qualité et l’intelligence du texte, qui met de l’avant des idées sous la forme d’un suspense, et qui laisse le soin aux spectateurs de tirer de ses propres conclusions.
Comment le personnage de Nora, écrit il y a près de 150 ans, fait-il écho au monde d’aujourd’hui ?
La pièce traite d’un sujet encore tabou aujourd’hui, celui d’une mère qui abandonne ses enfants. À travers les joutes verbales, le spectateur est amené à réfléchir aux rôles qui sont imposés aux femmes dans la société et à tout le chemin qu’il reste à parcourir pour que l’amour rime avec liberté. On pose une question fondamentale : comment mener une vie qui nous permet d’être heureuses, tout en honorant les devoirs qui nous unissent à nos familles ou à nos amoureux ?
Une maison de poupée, 2e partie, avec Macha Limonchik, Paul Ahmarani, Louise Laprade et Rebecca Vachon, du 24 janvier au 25 février 2023, Théâtre du Rideau Vert, à Montréal.
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