Culture

Nita Prose, nouvelle reine du polar

Le premier roman d’une éditrice torontoise nous entraîne à Londres, dans un hôtel cinq étoiles. Et braque l’éclairage sur une femme de chambre vulnérable piégée dans de sombres histoires.

Photo : Getty Images/BrandxPictures

Chaque matin en gravissant les marches du majestueux Regency Grand, Molly se répète combien elle a de la chance de travailler dans un si bel endroit. À 25 ans, cette femme de chambre adore son métier. Dès qu’elle revêt son uniforme, elle se sent investie d’une mission: faire reluire chaque chambre dont elle a la responsabilité. Neurodivergente, sur le spectre de l’autisme, Molly ne possède pas le radar lui permettant de décoder les comportements de ses collègues. Élevée par sa grand-mère, elle se sent « comme un aveugle dans un champ de mines » depuis la mort de celle-ci, il y a neuf mois. Et le jour où elle découvre le cadavre d’un client privilégié de l’hôtel, son comportement atypique la place rapidement parmi les principaux suspects du meurtre. Pour s’en sortir, elle n’aura d’autre choix que d’apprendre à distinguer le vrai du faux, s’appuyant sur les enseignements de sa mamie. Ce polar bien ficelé, qui démontre que « la miséricorde peut prendre des formes inattendues », se dévore d’une traite.

 

Photo : Kahlia Katz

L’autrice

Nita Prose

Pas étonnant que Nita Pronovost ait choisi le pseudonyme de Prose, elle qui adore les mots depuis toujours. « J’aime les mots comme Lennie aimait les souris, dans Des souris et des hommes », écrit-elle sur son site web. Son poste de vice-présidente et directrice éditoriale chez Simon & Schuster, à Toronto, lui offre le privilège de côtoyer chaque jour les écrivaines et écrivains de la maison. En voyage à Londres il y a quelques années, elle se heurte à une femme de chambre s’affairant à ranger le désordre qu’elle a laissé derrière elle. Incident banal qui l’a pourtant troublée. Dans l’avion du retour, sur une serviette de table, elle commence à noter ses idées… « Je suis votre femme de chambre. J’en sais tellement sur vous. Mais en fin de compte, vous : que savez-vous de moi ? » Molly s’est imposée : perfectionniste, phobique sociale, victime des machinations de collègues cherchant à l’accuser de meurtre. Les studios Universal ont acheté les droits et l’on verra bientôt Molly au cinéma, interprétée par l’actrice britannique Florence Pugh.

 

La Femme de chambre, traduction par Estelle Roudet, Calmann Lévy, 432 pages