On lit quoi cet automne?
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Quoi lire cet automne?
Quoi lire cet automne?
Comme des sauvages, Emmanuelle Tremblay
« Prends ton temps… » Accourue de San Francisco pour être au chevet de Rose, sa mamie mourante, Viviane, biologiste de 29 ans, reçoit ses mots comme un héritage. Née de père inconnu, sa mère ayant disparu, la jeune femme a grandi en Gaspésie auprès de celle qui l’a accueillie dans la maison familiale hantée de lourds secrets. Soumise à la loi du mari, des enfants, du curé, du médecin, Rose a voulu sauver cette enfant qui « s’appellerait Viviane et serait libre de vivre comme elle l’entend ». Un roman d’une terrible beauté. Leméac, 248 pages. [MONIQUE ROY]
Quoi lire cet automne?
S’enfuir – Récit d’un otage, Guy Delisle
Le bédéiste derrière les albums Pyongyang et des Chroniques birmanes a travaillé 15 ans à mettre en images l’histoire de Christophe André, employé de Médecins sans frontières kidnappé en Tchétchénie en 1997. Case par case, en camaïeu de gris, on égrène les jours puis les semaines avec lui, au rythme de ses découragements ou de ses rares moments de joie (une omelette au lieu du sempiternel bouillon quotidien! une gousse d’ail dérobée!). Et, quand il réussit à s’enfuir, c’est frénétiquement qu’on tourne les pages tant on veut connaître la fin. Dargaud, 430 pages [CAROLINE FORTIN]
Quoi lire cet automne?
À l’abri des hommes et des choses, Stéphanie Boulay
La chanteuse gaspésienne signe ici un étonnant récit initiatique. Le roman tourne autour d’une adolescente élevée par Titi – sa mère ? sa sœur ? sa tante ? – au fond des bois. À deux, elles vivent le monde à retardement et Titi est incapable d’aider la jeune fille, qui ne sait pas s’y prendre avec l’existence et les autres. La langue colorée et déliée de Boulay laisse émerger une poésie noire et lucide empruntant ses repères au conte. Le résultat est onirique à souhait, et on le lit comme on fredonnerait une chanson que l’on aime, sans retenue. Québec Amérique, 160 pages [ANNABELLE MOREAU]
Quoi lire cet automne?
Villégiature, Alice Michaud-Lapointe
Après les histoires urbaines de Titre de transport, Alice Michaud-Lapointe s’attarde aux occupants d’un complexe hôtelier à la campagne. Déjà, l’inquiétant préambule de Villégiature – le « mot de bienvenue » de l’établissement – donne le ton : « Nous savons pourquoi vous êtes ici. À vrai dire, nous savons déjà tout de vous. » Sorte de confessionnal, l’hôtel recueille les confidences les plus sombres de personnages qui cherchent à se révéler tels qu’ils sont, à lever le voile sur leurs impostures. De la jeune femme qui a choisi de fracasser son image lisse au tombeur qui explique ses stratagèmes de séduction sournois, une même envie, une même fierté : celle d’enfreindre les règles. L’auteure sonde les noirceurs de l’âme humaine avec justesse et sensibilité. Héliotrope, 208 pages [CAROLINE R. PAQUETTE]
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Quoi lire cet automne?
Mektoub, Serge Lamothe
Qui n’a jamais réfléchi à l’extraordinaire succession d’événements ayant mené à telle rencontre, à tel drame? Dans Mektoub (« c’était écrit », en arabe), l’auteur de Tarquimpol (Alto, 2007) tricote l’histoire d’un homme et d’une femme lancés sur la piste l’un de l’autre après un accident fatal. Elle croit reconnaître en lui un vieil ami, il devient fasciné par elle. Leurs vies se chevauchent, pourtant la nature de leur lien demeure mystérieuse – c’est que le monde, dans ce roman à la fois inventif et furieusement lucide, est pétri d’énigmes. Alto, 200 pages. [CAROLINE R. PAQUETTE]
Quoi lire cet automne?
Riquet à la houppe, Amélie Nothomb
Conte philosophique inspiré du classique de Perrault, le 25e roman de la prolifique Belge est réjouissant. Déodat et Trémière (les prénoms chez Nothomb!) sont faits pour se rencontrer. Enfant très laid, le garçon deviendra un brillant ornithologue. Sublime mais un peu lente d’esprit, la jeune fille bluffera le Tout-Paris comme mannequin de bijoux d’art. Réflexion sur le culte de l’apparence, le rejet de la différence, la dictature des médias : l’époque disséquée sous le scalpel bien affûté de l’inclassable écrivaine. Albin Michel, 200 pages [MONIQUE ROY]
Veronique.Ovalde
Soyez imprudents les enfants, Véronique Ovaldé
C’est au musée de Bilbao, un matin de juin 1983, que la vie d’une écolière de treize ans prendra un virage inattendu. Devant une toile du peintre Roberto Diaz Uribe, la timide et solitaire Atanasia Bartolome ressent un choc viscéral. Dès lors, obsédée par cet artiste disparu, elle part à sa recherche, ce qui la mènera, au final, à sa propre histoire. Comme dans chacun des romans de cette auteure française (La grâce des brigands, 2013), le style vif nous entraîne dans un voyage captivant. Avec comme toile de fond l’Espagne franquiste, la colonisation en Afrique et au Brésil, la vie quotidienne dans une petite ville de bord de mer, on croise des hommes aventureux et amoureux, des femmes irréductibles et magnifiques, personnages des « légendes bartolomiennes » racontées avec panache par Atanasia, «la dernière du nom». Flammarion, 352 pages [MONIQUE ROY]
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Les règles d’usage, Joyce Maynard
Wendy a 13 ans et toutes les incertitudes propres à cet âge. Ce matin de septembre, de mauvaise humeur, elle quitte la maison sans embrasser sa mère que pourtant elle adore. Or ce matin-là, c’est le fatidique 11 septembre 2001, quand l’horreur s’abattit sur New York. Situé au 87e étage de l’une des tours du WTC, le bureau où travaillait sa maman est anéanti. Wendy devra apprendre à grandir sans la présence quotidienne de cette femme qui incarnait le bonheur. Ce portrait d’une fillette résiliente est un roman d’apprentissage inspirant. Philippe Rey, 480 pages, traduction de Isabelle D. Philippe [MONIQUE ROY]
Quoi lire cet automne?
Télésérie, Hugo Léger
« Je n’ai rien à perdre, sinon une demi-heure de ma vie. » C’est ce que croit naïvement Xavier Lambert lorsqu’il s’installe devant la télévision, son « vieil amour », pour regarder la première de la série Instincts. Or, les conséquences seront bien plus importantes, et pour le moins inattendues : l’homme de 34 ans tombe amoureux. Assez pour se lancer sur les traces de l’actrice qui incarne la belle Évelyne, perturbant sa vie rangée avec Nadine et leur fils Lucas. Mais la fiction n’a pas dit son dernier mot… La trame ludique de Télésérie, ponctuée par le sens de la formule d’Hugo Léger, n’en cache pas moins une réflexion intéressante – et vaguement inquiétante! – sur les effets sournois de l’ennui et de la culture de l’écran. Éditions XYZ, 250 pages. [Caroline R. Paquette]
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Quoi lire cet automne?
New York, esquisses nocturnes, Molly Prentiss
« En une seule phrase, Mme Prentiss saisit un sentiment d’ivresse et de possibilités que six saisons narrées par Sarah Jessica Parker n'ont jamais effleuré », pouvait-on lire dans le New York Times au lendemain de la publication de Tuesday Nights in 1980, premier roman de Molly Prentiss. Six mois et des dizaines de critiques élogieuses plus tard, paraît la traduction française. New York, esquisses nocturnes met en scène un fulgurant trio – un critique d’art en mal de mots, un peintre argentin éperdument amoureux, et une jeune provinciale souhaitant goûter à la vie d’artiste. Nous sommes en 1980 : les complices traînent dans les mêmes soirées que Basquiat, Haring ou Warhol, et on fait de l’art comme on fait l’amour, avec passion. Nostalgie assumée pour une ville adorée ou lettre d’amour à un monde perdu? Tout cela. Calman-Lévy, 414 pages. [Annabelle Moreau]
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Déterrer les os, Fannie Demeule
Cette écrivaine de 26 ans à la plume déjà acérée publie un premier roman bouleversant. Sa narratrice exècre son corps et l’accuse des pires maux. Adolescente perturbée aux règles précoces, elle devient une jeune femme obsédée par son poids et sa minceur, jamais assez marquée pour elle. Ce récit de soi se présente sous la forme de courts paragraphes qui révèlent toute la douleur d’un corps pour toujours ennemi. « Un jour, mon squelette pointe à la surface de ma peau. Il parle de ma pureté, révèle enfin ma force intérieure. » Cette courte incursion dans la vie d’une femme qui se débat avec son enveloppe corporelle, pour exister dans la transparence et l’effacement de soi, est percutante – tant pour les effets négatifs dans le quotidien de celle qui le vit que les ravages que la narratrice expérimente sur le plan social et familial. Hamac, 118 pages. [Annabelle Moreau]
Quoi lire cet automne?
Tant que dure ta colère, Asa Larsson
« Je me souviens comment nous sommes morts. » Ainsi débute ce polar, qui donne voix à l’une des deux jeunes victimes d’un meurtre aux ramifications remontant jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Ce procédé aurait pu donner un résultat nouvel-âgeux, il n’en est rien. Avec la police, la procureure Rebecka Martinsson (qu’on suit en français depuis Horreur boréale, publié en 2006) mène une enquête qui la conduira vers une famille marquée par une tragédie. Une autre histoire prenante venue de Scandinavie. Albin Michel, 336 pages. [Caroline Fortin]
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La fille dans le brouillard, Donato Carrisi
Une adolescente disparue, dans un village paisible des Alpes. Voilà une prémisse maintes fois exploitée. Mais l’auteur du formidable Le Chuchoteur emprunte ici d’autres sentiers : un commandant vedette davantage en quête d’un coupable, quitte à en créer un, que de justice, un coupable qui fomente sa vengeance… et une fin que pas beaucoup ne verront venir. C’est qu’en cours de route, Carrisi, comme les médias et leurs dérives qu’il dénonce, nous aura brillamment manipulés. Calmann-Lévy, 320 pages. [Caroline Fortin]
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