Culture

Qu’est-ce qui explique le prix faramineux des œuvres d’art ?

Il y a quelques semaines, un tableau de Picasso s’est vendu 179 millions de dollars aux enchères. Un record. Mais pourquoi les collectionneurs sont-ils prêts à payer autant pour une œuvre d’art ? Explications d’une spécialiste.

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Photo: iStock

C’est inévitable : chaque fois qu’une œuvre d’art se vend à un prix astronomique, on crie au scandale. Comment se fait-il que des collectionneurs ou des institutions soient prêts à payer des millions pour en obtenir une ? Tania Poggione, directrice de la division montréalaise de la Maison Heffel, une compagnie canadienne spécialisée dans les ventes aux enchères d’œuvres d’art, a répondu à nos questions.

Chaque année dans les médias, on voit paraître des listes qui répertorient les œuvres d’art les plus chères. À quoi servent ces listes ? Et qu’est-ce qui explique que certaines œuvres atteignent des prix aussi élevés, comme par exemple ce Picasso vendu à 179 millions de dollars ? 

Ces listes constituent un bilan, un exercice qui permet de montrer les fluctuations du marché de l’art. Dans le milieu, on les voit comme un indicateur des tendances actuelles.

C’est la spéculation qui est responsable des coûts énormes des œuvres d’art. C’est-à-dire qu’on achète des œuvres à un certain prix dans le but de les revendre à une valeur plus élevée. Sur le marché international, il y a des superstars chez les artistes, mais aussi chez les galeristes : ces gens influencent l’augmentation des prix. Par exemple, Larry Gagosian, propriétaire de la Gagosian Gallery (l’une des galeries d’art les plus importantes au monde, dont les bureaux se trouvent un peu partout sur la planète) est un personnage important qui réussit à faire bouger le marché. Du côté des artistes, on pense à Jeff Koons qui est une véritable star de l’art contemporain. On peut dire que la vedettisation – le fait que certains artistes soient très médiatisés et connus dans le milieu – a un impact réel sur les achats. Par exemple, au Québec, l’équivalent d’un Jeff Koons est David Altmedj. (L’exposition Flux, au Musée d’art contemporain de Montréal, présente d’ailleurs une rétrospective du travail de l’artiste montréalais. Du 20 juin au 13 septembre 2015.)

À lire: Les 10 oeuvres d’art les plus chères au monde

Qui achète ces œuvres d’art ?

Ce sont surtout des collectionneurs privés*. Ils viennent de partout à travers le monde : Chine, Russie, etc. Actuellement, ces collectionneurs et les acheteurs pour des institutions muséales provenant des Émirats arabes unis sont parmi les plus gros investisseurs.

Les collectionneurs privés paient à prix fort les œuvres des impressionnistes comme Gauguin ou Manet. En général, il s’agit de gens très fortunés qui viennent de divers secteurs, tels que l’immobilier ou les finances. On trouve une majorité d’hommes parmi eux, mais il y a aussi des femmes. Et beaucoup de couples. D’ailleurs, les épouses sont très influentes dans ce domaine, et ce sont souvent elles qui ont le dernier mot dans les transactions.

Il y a aussi une expression que nous utilisons dans le milieu : le « wallpower », qui signifie, en quelque sorte, montrer son pouvoir d’achat sur ses murs. En fait, l’art sert aussi à montrer son statut social et sa fortune ! Au Québec, ceux qui en ont les moyens veulent un Riopelle, par exemple.

*Artnet propose chaque année une liste des 200 collectionneurs les plus importants au monde, dont font partie Elton John et le réalisateur George Lucas.

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