Culture

Rhodnie Désir : la danse à bras le corps

Elle a parcouru les Amériques. Elle s’est imprégnée jusque dans sa chair de rythmes afroaméricains et d’histoires des Noirs. La danseuse et chorégraphe nous offre Bow’t Trail, le projet de sa vie.

Rhodnie Désir

Photo : Marjorie Guindon. Mise en beauté : Amélie Thomas. Assistante de la photographe : Audrey Belval.

Après des années à se battre pour une place sur nos scènes, la danseuse-chorégraphe Rhodnie Désir a failli tout abandonner au printemps 2020, quand ses spectacles ont été annulés à cause de la pandémie. Mais quelques mois plus tard, une surprise l’attendait : le Grand Prix de la danse de Montréal, remis pour la première fois à une artiste noire. À l’écran, son sourire ne ment pas. « Ce prix couronne une des années les plus vertigineuses de ma vie. J’ai l’impression d’avoir fait un bond de 15 ans », dit-elle. Longtemps, sa démarche chorégraphique – documentaire et militante – n’a pas reçu l’accueil espéré du milieu. « Plusieurs barrières étaient systémiques. Il n’était pas naturel d’accueillir la diversité. On me disait que les rythmes africains n’étaient pas assez contemporains. Ils prennent pourtant naissance dans les mouvements sociaux. »

Qu’importe ! En 2015, Rhodnie entame un long périple à travers les Amériques pour s’imprégner des rythmiques africaines, propres à certaines communautés culturelles. Ainsi est né le spectacle Bow’t Trail. Depuis, il a été décliné en plusieurs versions et a fait l’objet d’une série documentaire sur TOU.TV. « Pour moi, être chorégraphe, c’est découdre les fibres traumatiques de la société pour mieux les transformer. Je me sers de ce qui me donne envie de hurler comme moteur de mouvement et de changement social, comme ouverture au dialogue. » Les enjeux autour de Black Lives Matter et du racisme seront au cœur de la neuvième mouture de Bow’t Trail, Tio’tia:ke, présentée sous la forme d’un triptyque.
« Chaque performance de ce projet me chavire. Pour que ce soit moins intense, j’ai décidé de le séparer en trois chorégraphies. » Une occasion unique de découvrir une artiste rayonnante qui, un pas de danse à la fois, fait surgir la lumière du chaos.

Bow’t Trail, Tio’tia:ke sera présenté au Festival Transamériques, qui se déroulera du 26 mai au 12 juin 2021.

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