Culture

Rien n’arrête Janette Bertrand, pas même le confinement

À 95 ans, Janette Bertrand se définit encore comme une rebelle. Pas question toutefois de défier les consignes de confinement en lien avec la COVID-19. De son domicile, la grande dame en profite plutôt pour écrire… et donner des cours aux aînés! Châtelaine lui a téléphoné pour prendre de ses nouvelles.

La douceur et l’enthousiasme de la voix de Janette Bertrand au bout du fil donnent le goût de croire que, comme le dit l’expression maintenant consacrée, ça va bien aller. Passionnée, elle explique comment, malgré les défis technologiques, elle s’est lancée dans la production de la série de capsules web «Écrire sa vie». L’écrivaine d’expérience y donne de précieux conseils aux aînés qui comme elle, voudraient s’adonner à l’exercice libérateur de l’autobiographie. Des aînés dont elle se préoccupe plus que jamais en ces temps de pandémie.

Comment allez-vous, Janette?
Ça va bien! Je suis occupée et ça me tient en santé. Moi, c’est l’inaction qui m’ennuie. Je suis en train d’écrire un roman qui va sortir au mois d’octobre et qui parle des hommes après le mouvement #MoiAussi. Et j’ai un projet pour les personnes âgées qui fonctionne très bien [NDLR : les capsules «Écrire sa vie»].

Comment avez-vous eu l’idée de ce projet?
Une gestionnaire de foyers pour personnes âgées voulait que j’écrive une lettre pour les résidents. Au lieu de ça, je lui ai dit: pourquoi je ne leur montrerais pas comment écrire une biographie? Elle a sauté sur l’idée. Un de mes médecins, à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, s’est ensuite montré intéressé diffuser mon projet sur le site web de l’Institut. Avec la première capsule, on a rejoint 120 000 personnes!

Pourquoi est-ce important d’écrire sa vie?
Moi, ça m’a tellement fait de bien! Je l’ai publié parce que je suis quelqu’un de connu, mais ce n’est pas nécessaire d’être une personnalité. Tu le fais juste pour toi et tu dis la vérité: c’est un exutoire. On comprend les choses en les écrivant, et ça laisse une trace à nos enfants. Chaque personne est unique et a sa propre histoire. Et contrairement à ce qu’on peut penser, c’est facile d’écrire sa biographie.

Les aînés, selon plusieurs, sont victimes d’âgisme. C’est le cas?
Bien sûr! Prenez mes projets: c’est moi qui les commande. On ne vient pas me chercher parce que je suis considérée comme vieille. Nous sommes dans une société de consommation et de performance. Ceux qui ne produisent plus sont mis à l’écart comme des déchets. Les gens, dès qu’ils sont un peu malades, on ne les soigne pas, on les envoie dans les CHSLD. L’âgisme est tellement partout que moi, on me considère comme un phénomène. Mais il y a plein de femmes comme moi!

Pensez-vous que la crise qui secoue les CHSLD va pousser la société québécoise à mieux traiter les personnes âgées?
Je pense que oui. Les CHSLD ne seront plus pareils. Il va falloir réorganiser tout ça. Il faudrait que les résidences mêlent les personnes âgées aux jeunes.

Janette Bertrand

Janette Bertrand (Photo: Julien Faugère)

Les capsules «Écrire sa vie» seront publiées une fois par semaine sur le site web et la page Facebook d’AvantÂge de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, et ce, jusqu’au 31 mai. Elles demeureront disponibles par la suite.

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