L’ère du troc
Que ce soit pour des raisons économiques ou idéologiques, le troc devient lentement tendance au royaume des parents. À petite échelle (famille et amis) ou de façon plus formelle (réseaux de troc), ce mode d’échange réduit aussi la consommation de biens et de services : que demander de mieux pour satisfaire notre fibre pro-environnement?
Entre nous
Entre parents d’une même famille ou entre amis ou voisins, il est de plus en plus courant de s’échanger des vêtements, des jouets et des accessoires pour enfants. Ces échanges permettent de donner une deuxième, voire une troisième vie utile aux objets échangés. Bon pour le portefeuille… mais aussi pour la planète! « À la naissance de notre premier enfant, on a acheté tant de choses. Puis, on a vite réalisé que c’était trop : les vêtements portés une seule fois s’accumulaient dans les bacs de rangement avec plusieurs articles si peu utilisés. Lorsque mon amie Sonia a eu un bébé, je me suis presque sentie soulagée de lui prêter les vêtements et les articles de mon fils. J’ai enfin eu l’impression qu’on allait un peu user nos choses qui étaient encore à l’état neuf! » – Christine, maman de Loïc, 3 ans.
Lorsque les enfants vieillissent, le troc s’organise souvent autour d’heures de gardiennage. Pour Josée et Patrice, parents de trois enfants de 2 à 9 ans, l’échange avec leur voisine Julie est devenu indispensable à l’équilibre familial. Leur manière de fonctionner est simple : lorsqu’ils rentrent de l’école, les deux enfants de Julie sont accueillis par Josée, maman à la maison, alors que leurs parents sont encore au travail. En échange de ce gardiennage, Julie prend les trois enfants chez elle pour le souper, la soirée et la nuit, lorsque Josée et Patrice s’offrent leur sortie du mois, un soir par mois déterminé à l’avance selon l’horaire de chacun. Elle se rend aussi disponible pour dépanner, lorsque nécessaire.
Pour d’autres parents d’enfants plus vieux, l’échange se fait autour des équipements de hockey (qui n’ont souvent servi qu’une saison!) ou du partage du transport : un parent va reconduire les enfants à l’activité, alors que l’autre les ramène.
L’idée, lorsqu’on développe son propre système d’échange entre parents ou amis, c’est de se rendre mutuellement service, de se faciliter la vie, et pourquoi pas, d’économiser. Si ces conditions sont remplies, le système de troc a toutes les chances d’être efficace et apprécié des parents impliqués.
Entre les enfants
Il peut aussi être intéressant d’inciter les enfants à s’échanger des jouets, des livres et des jeux de société qu’ils utilisent moins pour une période déterminée. Les possibilités sont infinies, il suffit de voir quels sont nos besoins et ceux de nos amis pour trouver notre monnaie d’échange.
Ce système d’échange entre enfants, en plus de permettre de profiter d’un vaste choix de jeux et de livres variés, véhicule des valeurs de partage et d’organisation. En effet, en les laissant eux-mêmes fixer les modalités de l’échange, comme le temps du prêt contre l’article à échanger et les conséquences en cas de bris, les enfants se responsabilisent et apprennent à négocier et à respecter les biens des autres. Ils comprennent, par le fait même, qu’il n’est pas nécessaire de consommer de manière excessive pour accéder à ce qu’on désire.
À grande échelle
Au-delà des réseaux personnels de chacun, certains organismes mettent de l’avant des systèmes d’échange de biens et de services. Communément appelés SEL (Système d’échange local) ou BECS (Banque d’échanges communautaires de services), ces regroupements sont formés de bénévoles veillant à la bonne marche du réseau d’échange.
Leur but est le même : promouvoir les échanges de biens ou de services entre leurs membres. Évidemment, comme ces services sont offerts par les membres eux-mêmes, leur diversité est tributaire du nombre de membres de l’organisme : plus le regroupement compte de membres, plus les services offerts seront variés et nombreux. Les organismes ne peuvent donc pas garantir la pérennité des services proposés, ni même assurer qu’on trouvera le même service dans deux villes différentes. On y offre autant des heures de gardiennage que de l’aide aux devoirs, du soutien postnatal et des cours divers.
La monnaie d’échange, dans la majorité des cas, est l’heure : il s’agit en fait de donner de son temps pour une activité déterminée, et en échange de celle-ci, se prévaloir des services offerts par les autres membres pour une période de temps équivalente au temps donné. Dans certains cas, et même si la plupart sont des organismes à but non lucratif, il faut devenir membre (à faible coût) pour avoir accès aux services offerts. Ainsi, les trois heures que vous consacrez bénévolement à faire de l’aide aux devoirs, par exemple, vous donnent droit à trois heures de temps échangeable contre ce dont vous avez besoin : lavage de fenêtre, gardiennage, aide après la naissance d’un enfant, etc. Le principe est simple et efficace.
Où trouver des réseaux d’échange?
Il existe des SEL ou des BECS dans plusieurs régions du Québec. Les sites Web de ces organisations regroupent un vaste répertoire de réseaux d’échange vous permettant de trouver facilement un service donné dans une région spécifique. La recherche peut être effectuée de diverses façons.
Becs.ca
Par exemple, sur le site becs.ca, dans la section Qui sommes-nous, l’onglet Autres réseaux mène directement à un répertoire détaillé, où se dresse la liste des noms desdits réseaux, leurs adresses courriel de contact, l’adresse du site Web ainsi que les territoires couverts.
Troc-Services.com
Sur le site Troc-Services.com, on trouve de l’information générale sur le réseau, l’abonnement et les services offerts. Le site permet, entre autres, de rechercher un service en particulier, de viser un service par ville ou d’avoir accès à tous les services offerts.
Ces deux sites Web dressent un portrait assez représentatif des réseaux d’entraide et de troc au Québec. Évidemment, certains organismes ne figurent pas sur ces listes, mais peuvent offrir des biens et services pertinents selon vos besoins. Les Maisons de la famille de certaines régions, les centres communautaires, et surtout, le bouche à oreille, permettent de découvrir plusieurs réseaux actifs dans votre région.
Enfin, certains services communautaires organisent annuellement des bazars d’échange, dont vous trouverez généralement les coordonnées dans votre journal local.
Et s’il n’existe pas encore d’organisme d’échange dans votre région et que vous désirez mettre sur pied un SEL ou un BECS, n’hésitez pas à vous informer auprès des organismes existants afin de connaître en détail la marche à suivre pour créer le vôtre.
D’autres liens utiles
Accorderie.ca : Échange de services pour les résidants de Montréal, Montréal-Nord, Québec, Shawinigan et Trois-Rivières.
Troctestrucs.qc.ca : Bazars communautaires dans la région métropolitaine de Montréal.
Freecycle.org : Organisme international d’échange de biens entre les résidants de plusieurs villes québécoises et canadiennes.