Voyages et escapades

Le Washington de House of Cards

Fan finie de House of Cards, la série-culte de Netflix, la journaliste Mylène Tremblay a marché sur les traces de ses (anti)héros. Elle a découvert Washington, une capitale pas mal plus diversifiée que ce que présente la télé.

Photo: Cameron Whitman/Stocksy

Au printemps dernier, je me suis tapé en rafale toutes les saisons de House of Cards. Conquise, j’ai adopté la coupe de Claire (le blond court). Copié ses tenues (avec des vêtements mille fois moins chers, on s’entend). Couru toute de noir vêtue. Un peu plus et je me mettais à dévorer des ribs comme Frank, son politicien de mari!

Mais il n’y a pas que la magnificence du couple le plus machiavélique du petit écran qui m’a séduite. Je suis tombée sous le charme de Washington, D.C. On aura beau dire que la série a été tournée à Baltimore, reste que l’intrigue se déroule essentiellement dans la capitale fédérale américaine. La Maison-Blanche, le Capitole, Georgetown, le mémorial de Franklin Delano Roosevelt… tous ces lieux mythiques y apparaissent ou ont été reproduits à l’identique.

J’ai eu envie de découvrir la ville derrière le décor de cinéma en l’arpentant de long en large et en travers. Juste à temps pour la prochaine saison.

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Une ville en trompe-l’œil

Le générique d’ouverture de la série montre un Washington de carte postale. Avant de partir, j’avais repéré tous les sites emblématiques qui y figurent – le National Mall, l’édifice du FBI, l’avenue Pennsylvania, la Union Station, la statue du général Winfield Scott Hancock, le Ulysses S. Grant Memorial, le Kennedy Center, name it!

En mettant les pieds là-bas, mon premier réflexe a donc été de courir de l’un à l’autre. Je ne voulais rien rater de cette ville érigée selon les plans de l’architecte français Pierre Charles L’Enfant, en 1791.

WASHINGTON

Photos: Netflix et Cameron Whitman/Stocksy

J’ai commencé par le Lincoln Memorial, dédié au 16e président des États-Unis. Trônant au milieu d’un immense temple grec, les bras sur les accoudoirs de son fauteuil, Abraham Lincoln m’a fait penser à Francis «Frank» Underwood photographié dans la même position, les mains tachées de sang. J’ai ensuite longé la Reflecting Pool, où se mire l’obélisque de marbre du Washington Monument, structure la plus haute de la ville (la construction de gratte-ciel est interdite dans le «District of Columbia»). En 70 secondes, l’ascenseur qui mène tout en haut me propulsait au sommet de la puissance américaine. De cette plateforme d’observation, j’ai pris la mesure de tout ce que j’avais à visiter. Ça m’a donné le vertige. Washington est près de trois fois plus petit que Montréal, mais son ­territoire en forme de losange divisé en quatre quadrants inégaux (Northwest, Northeast, Southeast, Southwest, dont le Capitole est le point central) renferme un nombre record de musées, monuments et mémoriaux.

À chaque coin de rue se dresse un de ces ouvrages à la gloire de la nation. À lui seul, le National Mall, immense esplanade qui relie le Lincoln Memorial au Capitole, en compte une bonne trentaine.

J’ai regretté d’avoir laissé mes baskets à l’hôtel. Mais surtout de disposer de si peu de temps – trois jours  – pour saisir l’essence de la ville, qui ne se résume pas à ses lieux touristiques. Encore moins à ce qu’on en voit à la télé.

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Le personnage Claire Underwood |Photo: Patrick Harbron/Netflix

Dans les coulisses

Si on se fiait uniquement à House of Cards, on croirait que tout le monde ici se promène en talons-tailleur et en complet-cravate. Que tout un chacun habite une maison cossue en briques rouges. C’est vrai pour les décideurs…

Siège du pouvoir, Washington attire l’élite du pays et de partout ailleurs. Ceux qui en ont les moyens (comme Frank et Claire avant d’être intronisés président et première dame) élisent domicile dans le chic quartier de Georgetown, aux abords du fleuve Potomac. Pour avoir passé une nuit princière à l’hôtel Four Seasons, déambulé sur la M Street bordée de luxueuses boutiques et fait mon jogging sur le C&O Canal Towpath, je me suis imaginée un moment dans la peau de la ravissante blonde. Apparemment, je ne suis pas la seule. « Tout le monde se prend pour les Underwood », m’a lancé à la blague un avocat établi en banlieue de Washington, pour qui ces personnages n’ont rien d’exagéré. « Ils incarnent l’archétype des gens qui gravitent autour du gouvernement. »

Les bien nantis habitent aussi à Cleveland Park, paradis verdoyant des familles avec ses aires de jeu et ses bons restos, à Dupont Circle, où se côtoient le personnel diplomatique et la communauté gaie, ou encore à Capitol Hill, dans les secteurs coloré d’Eastern Market ou embourgeoisé de Barracks Row.

La journaliste Mylène Tremblay dans les rues de Washington.

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Trop cher, Washington ? Oui pour le commun des mortels, qui s’installe plutôt dans les banlieues limitrophes du Maryland et de la Virginie.

Mais les jeunes familles, les professionnels, les stagiaires et autres étudiants cherchent à revenir en ville. Du coup, les faubourgs excentrés sont revitalisés. Columbia Heights, Adams Morgan, U Street Corridor, Shaw, Logan Circle, Woodley Park, mais aussi les secteurs névralgiques autour de la Maison-Blanche… tous se targuent d’être « émergents » avec leurs bars, restos et pubs animés qui ouvrent (et ferment) leurs portes en aussi peu de temps qu’il en faut pour commander des ribs.

Photo: Cameron Whitman/Stocksy

L’âme de Washington, la voilà. Pour la saisir, il faut se permettre de flâner dans les rues (ô luxe !), s’offrir un concert de jazz, de rock ou de hip-hop dans un club à la mode… et détourner les yeux des téléviseurs réglés sur CNN – la ville mange de la politique.

Je l’ai compris un peu tard, après avoir fait le tour des « incontournables » de la ville à pied, en vélo libre-service (Capital Bikeshare) et à bord du Big Bus à ciel ouvert. Mais au fond je ne regrette rien. Je devais voir le Capitole (j’avais réservé mon billet en ligne). Après une heure et quelques minutes à explorer la rotonde (en rénovation) et le hall des statues, j’ai suivi l’avenue Pennsylvania pour bifurquer vers la Maison-Blanche. Les visites publiques pour les étrangers étant suspendues, je me suis rabattue sur les expositions d’articles présidentiels au bureau d’accueil. C’est à ce moment-là que j’ai eu envie de délaisser mon itinéraire et de me perdre dans la ville…

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