Très tôt, Magalie nourrissait d’autres ambitions. « À 10 ans, je suis à Paris avec ma mère, qui me dit : tu veux faire du théâtre plus tard et t’en as jamais vu ? Et elle m’a emmenée au Théâtre de Chaillot voir un Marivaux avec Nathalie Baye.»
Magalie se questionne beaucoup sur le sens de la vie. En fait, elle s’interroge beaucoup, point. Et elle est consciente des privilèges accordés par le destin, Dieu ou les fées marraines. « Pourquoi moi et pas les autres ? se demande-t-elle avec philosophie. Ça ne sert à rien de culpabiliser sur ce qu’on n’a pas volé. J’essaie d’être une bonne personne et de mériter tout ce qui m’a été donné. »
Dans la liste des dons figure bien sûr sa beauté, unanimement célébrée. Les 156 000 abonné(e)s à son compte Instagram manquent d’adjectifs et d’émojis pour décrire sa sublimité. Est-elle tannée de se le faire dire ? « Ça me flatte qu’on me trouve belle. J’ai passé toute ma vie à me trouver moche, on m’a répété que je ne l’étais pas... »
Julie Perreault soutient qu’il ne s’agit pas de fausse modestie de la part de Magalie. Et elle la connaît bien. Les deux comédiennes ont noué une amitié indéfectible pendant le tournage du film
Merci pour tout (2019), dans lequel elles incarnent des sœurs à couteaux tirés. « C’est plutôt en rapport avec l’estime de soi, avec l’acceptation et l’appréciation de ce qu’elle est, dit Julie. Et c’est un sentiment qui remonte à loin, sans doute à l’adolescence. Sur ce plan-là, elle a fait beaucoup de chemin. Magalie est une fille très complexe, pas unidimensionnelle. Surprenante. »
Une fois en confiance, Magalie est soudain intarissable. « Comme femme, je me pose énormément de questions sur l’image qu’on cherche à créer pour correspondre aux diktats, alors que parallèlement on veut rejeter tous ces standards de beauté qu’on n’a longtemps pas remis en question. Je vois là un immense paradoxe, j’y réfléchis beaucoup... »
Elle cherche ses mots, ce qui est inhabituel. « Je suis coquette, je veux bien qu’on me dise jolie, mais je sais qu’il y a là un gouffre et un passeport pour le malheur. Il faut que je cultive autre chose... J’ai de plus belles qualités que mes traits.»
Pour la rassurer, je lui rappelle les prix gagnés, les critiques élogieuses, l’admiration pour son talent. « Quand tout s’est arrêté à cause de la pandémie, j’ai eu du temps pour intellectualiser mon métier. Peut-être... que je suis une meilleure actrice aujourd’hui. » Voilà qui promet.
Sur ce, Magalie tire sa révérence, remet ses énormes verres fumés qui la rendent incognito. D’un pas léger, elle quitte le parc, laissant dans son sillage des effluves mystérieux et plus d’une phrase en suspens.
Sur rendez-vous, sur ici Radio-Canada Télé à compter du 5 janvier.La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, adaptation télévisuelle par Xavier Dolan de la pièce signée Michel Marc Bouchard, sur Club illico en 2022. Mademoiselle Julie, mise en scène de Serge Denoncourt, en 2022 au Rideau Vert.