Malgré la splendeur de sa floraison, c’est d’abord comme plante comestible que le dahlia fit son entrée dans le monde horticole. Les Aztèques en consommaient les tubercules comme féculent, tandis que le feuillage était donné à manger aux animaux. Mais c’est sa beauté remarquable plutôt que son goût âcre qui fit que les Européens commencèrent à l’importer à la fin du XVIIIe siècle. En 1930, le dahlia fut classifié parmi les plantes bulbeuses ornementales.
De nos jours, les dahlias sont classés en 10 grands groupes : à fleurs simples, à fleurs d’anémone, à collerette, à fleurs de nénuphar, à fleurs décoratives, en boules, en pompons, à fleurs de cactus, à fleurs semi-cactus et les miscellanées (en mélange). La hauteur des plants – nains, moyens ou hauts – varie entre 25 et 130 cm. La floraison s’étale de la fin juin jusqu’aux gels et offre une palette de couleurs à rendre les peintres jaloux. Le bleu est la seule couleur qui résiste aux hybrideurs… mais les recherches vont bon train.
Une bonne sélection
Les racines tubéreuses du dahlia sont vivaces mais non rustiques ; c’est pourquoi on les appelle bulbes tendres ou bulbes de printemps. Les choisir avec minutie est le secret de la réussite. Il faut éliminer ceux qui présentent des taches suspectes et des blessures apparentes et préférer les bulbes fermes, non plissés. S’assurer aussi que chaque tubercule est relié à la couronne, car ce point d’attache fragile est déterminant dans la croissance des dahlias. À noter : la grosseur des bulbes n’a aucune influence sur la dimension des plants matures.
Si les bulbes de printemps ne sont pas plantés immédiatement après l’achat, ils doivent être conservés au frais dans un endroit aéré. On peut les mettre au sous-sol, dans des sacs de papier (pas de plastique), ou les planter dans des contenants placés à un endroit lumineux de la maison, afin d’en hâter la floraison.
De culture facile, le dahlia a besoin de six heures ou plus d’ensoleillement par jour. Une plantation dans un lieu trop ombragé augmente les risques de pourriture des tubercules et diminue le nombre de fleurs. Sans compter que les plants seront plus faibles et plus étiolés, donc vulnérables aux infestations d’insectes et aux maladies. Malgré qu’ils soient gourmands de chaleur et de soleil, il faut les abriter des forts rayons du midi afin de préserver leurs vifs coloris et les protéger des vents pour éviter le bris des tiges. Le dahlia préfère les sols bien drainés, riches en matières organiques (compost ou fumier suffisamment décomposé) et meubles.
Savez-vous planter…
À la fin de mai, lorsque tout risque de gel est écarté, les bulbes peuvent être plantés au jardin (la même méthode sera utilisée pour la culture en pot avec des pots de bon diamètre et du terreau pour jardinière). Creuser un trou de 8 cm de profondeur, ameublir le fond de la fosse, épandre une poignée d’un mélange de poudre d’os fossilisé et de farine de sang, puis y déposer les bulbes. Pour les dahlias de grande taille, placer immédiatement un petit tuteur près du bulbe pour éviter les blessures lors de l’installation du tuteur final. Recouvrir de 4 cm de terre à jardin amendée de compost ou de fumier suffisamment décomposé. Tasser la terre et attendre que les plants aient atteint une hauteur d’environ 15 cm et que les premières vraies feuilles soient bien développées avant de remplir le trou au niveau du sol. Cette technique permet aux jeunes bulbes de capter plus de chaleur, ce qui facilite leur développement et réduit les risques de pourriture. Il ne faut pas arroser immédiatement après la plantation ou la transplantation ; la terre du jardin est assez humide pour combler les besoins en eau des plants. Attendre que leur croissance soit suffisamment amorcée avant de procéder à des arrosages abondants.
Pour de meilleurs résultats, mieux vaut respecter les distances de plantation recommandées selon chaque variété. Pour les dahlias de grande taille (par exemple le « Bishop of Llandaff », 110 cm), de 60 à 70 cm doivent séparer chacun des plants, tandis que pour les plus petits (par exemple le « Harlequin », 35 cm), une distance de 30 à 35 cm suffit.
Les chouchouter… oui, mais juste assez !
Tout au long de l’été, un arrosage en profondeur une fois par semaine, surtout en période de sécheresse, est préférable aux petits arrosages quotidiens. Arroser tôt le matin en prenant soin de ne pas mouiller le feuillage afin de minimiser les risques de maladies fongiques. Pour les dahlias cultivés en pot, les arrosages devront être plus fréquents. Biner le sol toutes les deux semaines – c’est-à-dire briser délicatement la surface autour des plants – pour une meilleure absorption de l’eau et une bonne circulation de l’air.
En début de croissance, deux semaines après la plantation au jardin (ou en pot), un apport d’engrais naturel riche en azote (le premier chiffre plus élevé [ex. : 12-2-1]) est recommandé pour un développement végétal optimal. Par la suite, avant la floraison, fertiliser avec un engrais organique riche en phosphore (deuxième chiffre plus élevé [ex. : 5-10-6]) pour assurer une bonne croissance racinaire et l’épanouissement des bourgeons floraux. Deux ou trois semaines plus tard, utiliser un engrais riche en potassium (troisième chiffre plus élevé, [ex. : 7-4-10]) pour solidifier les plants et obtenir des couleurs vives et brillantes.
Au début d’août, un peu de phosphore prolongera la floraison et, à la fin du mois, un ajout de potassium permettra au bulbe de se préparer pour la froidure. Un bon entretien signifie aussi retirer régulièrement les fleurs fanées pour permettre aux autres boutons floraux de se développer et soutenir les dahlias de grande taille à l’aide de tuteurs solides.
Pour obtenir des plants ramifiés (fournis) et des fleurs plus grosses, il faut recourir au pinçage et à l’ébourgeonnage. Le pinçage, à effectuer de trois à quatre semaines après le démarrage (à l’intérieur ou au jardin), consiste à couper délicatement le bourgeon terminal de la tige ainsi que les deux feuilles qui le précèdent afin de favoriser le développement latéral de la plante, ce qui donne des plants plus charnus et moins hauts. L’ébourgeonnage consiste à retirer les bourgeons situés de chaque côté du bourgeon terminal, permettant ainsi à ce dernier de se gonfler et de produire une fleur de dimension plus imposante. Les plants ébourgeonnés seront cependant moins florifères.
À tout problème une solution
Quoique le dahlia soit une plante peu attaquée par les insectes et les maladies, il faut parfois intervenir pour prévenir certains désagréments. Au Québec, la chrysomèle du maïs dévore parfois les bourgeons floraux des dahlias dès leur apparition : adieu alors, belles fleurs ! Ce ravageur peut être contrôlé avec un insecticide systémique, qui pénètre dans toutes les parties de la plante ; lorsque l’insecte ingère une partie de la plante, il meurt. Pour la fréquence et le procédé d’utilisation, suivre les indications du fabricant. D’autres bestioles – puceron noir, acarien, perce-oreille et ver gris sont parmi les plus fréquents – peuvent causer des dommages moins importants. Si l’infestation n’est pas trop grave, un traitement au savon insecticide en viendra à bout.
Ce sont les maladies virales et fongiques qui causent le plus de dommages aux dahlias, en attaquant les tubercules, les tiges et le feuillage. Aucun traitement ne peut enrayer les maladies virales : il faut détruire les plants affectés. Par contre, l’application d’un fongicide inhibe habituellement la prolifération des maladies causées par les champignons.
Quand arrive le froid
Les dahlias ne supportent pas le froid. Dès les premières gelées d’automne, leur feuillage brunit et devient mou, visqueux. Il est alors temps de les préparer pour leur repos hivernal. Couper d’abord les tiges à 10 cm du sol puis, à l’aide d’une fourche ou d’une pelle, retirer délicatement les bulbes. Dégager avec les mains la terre qui enveloppe les tubercules en prenant soin de ne pas détacher les rejetons de la couronne. À l’extérieur, dans un endroit mi-ombragé, aéré et à l’abri des chauds rayons du soleil, laisser sécher les bulbes quelques jours, tige vers le bas pour empêcher l’humidité et l’eau de pénétrer. Par la suite, brosser le surplus de terre. À l’aide d’un bon sécateur, couper toutes les radicelles autour des tubercules. Trier les bulbes avec soin et rejeter ceux qui sont blessés, qui montrent des signes de moisissure ou dont la couronne est endommagée.
Dans une caissette de bois ou de carton, étendre 5 cm de vermiculite. Y déposer les tubercules puis recouvrir de vermiculite. Placer les boîtes sans couvercle dans un endroit frais et aéré. La température d’entreposage doit se maintenir entre 8 °C et 10 °C tout au long de l’hiver. Vérifier toutes les trois ou quatre semaines la fermeté et la santé des bulbes. Si des taches de moisissure apparaissent sur certains, les jeter. Si, au toucher, on constate un manque de fermeté, humidifier la vermiculite en la vaporisant à l’eau tempérée. Au cours de cette opération, les bulbes ne doivent pas être mouillés.
Les dahlias au jardin
Les dahlias jouent un rôle important dans l’aménagement des jardins. Les plus grands se démarquent en fond de scène pour accentuer la profondeur et ajouter de la couleur ; ceux de taille moyenne sont au mieux lorsqu’ils sont regroupés en massifs dans les platebandes de vivaces, d’arbustes et d’annuelles ; les plus petits agrémentent bordures et jardinières. Plantés parmi les rudbeckias, les marguerites, les cosmos, les gypsophiles et les mauves, les dahlias révéleront à tous l’exubérance de leur beauté et de leur charme.
Quelques conseils
• Pour l’utilisation des dahlias en fleurs coupées, cueillez-les tôt le matin, au moment de la rosée, taillez les tiges en biais et mettez-les rapidement dans un vase rempli d’eau tiède. Recouper souvent les tiges permet une meilleure conservation.
• Pour en savoir plus sur les dahlias, consultez le site de la Société québécoise du dahlia ou contactez-la par courrier (Cégep Saint-Laurent, 625, av. Sainte-Croix, Montréal, Québec, H4L 3X7).