Culture

Plie la rivière : l’univers fantasmé d’Audrée Wilhelmy

En écho aux romans Oss et Le corps des bêtes, le conte Plie la rivière ramène Noé, son personnage fétiche.

livreL’histoire

Épuisée au terme d’une longue errance, une jeune femme s’endort dans une forêt, près de l’antre de l’Ours. Ses rêves la ramènent à Oss, « pays de parfum de morts et de parfum de femmes ». « Elle a 11 ans. Chaque été, elle plonge dans le Lac-au-Sang ramasser des sangsues à rapporter à la vieille magasinière du village. Revenir avec son butin indemne est une entreprise hasardeuse. Des gamins lui lancent des projectiles, elle échappe son bocal, sa prise se répand… » Fillette farouche, Noé ne s’avouera jamais vaincue et décidera de ses faits et gestes, comme séduire le vendeur ambulant de bonbons, qui sera anéanti par la force du désir de cette enfant. Puis la jeune femme s’éveille. Toujours dans la forêt, près de l’antre de l’Ours…

Les personnages

Noé la Petite, fillette indomptable ; la Noé des forêts, puissante, impliable. Grumme, « la sorcière d’Oss », régnant sur le magasin général. « Géante jamais rassasiée », elle séduit les hommes, parmi lesquels Emessie, le vendeur de bonbons. Celui-ci succède à son propre père dans le lit de l’ogresse. L’Ours, animal sauvage et emblématique.

Audrée WilhelmyL’autrice

Audrée Wilhelmy

Naissance en 1985 à Cap-Rouge dans une maison remplie de livres. Aînée de quatre filles. Elle étudie à l’élitiste collège Jésus-Marie, où elle découvre en fin de parcours l’œuvre d’Anne Hébert. « Les fous de Bassan est une lecture fondatrice, qui a formé mon imaginaire », précise-t-elle. Études en création littéraire. Son mémoire de maîtrise paraît en 2011 sous le titre d’Oss, roman marqué par l’influence d’Hébert et des contes de Perrault. Suivent, en 2013, Les sangs et, en 2017, Le corps des bêtes, qui font grand bruit ici et en France. En 2019, Blanc résine révèle l’arrière-scène de la naissance de Noé, que l’on retrouve dans Plie la rivière, nourri de poésie, de mystification et de sauvagerie. Le conte renverse les barrières, abolit les tabous. C’est dans cet espace de liberté – de provocation ? – qu’Audrée Wilhelmy écrit. « Cette forme littéraire soulève des enjeux, la pulsion du désir, explore la figure du chasseur et de la proie… Or, chacun est à la fois le chasseur et la proie », dit-elle d’une voix enjouée, de sa maison centenaire de Lanaudière, où elle vit avec son amoureux et son chien, Boucane. C’est là qu’Audrée écrit et dessine. S’occupe des fleurs, des plantes potagères, des arbres fruitiers. Entre la Noé des forêts et la fille aux mains dans la terre, s’abrite l’écolière qui rêvait de rencontrer Anne Hébert.

Plie la rivière, Leméac, 80 pages. En librairie le 22 septembre.


Couverture numéro Septembre-octobreCet article est paru dans notre numéro de septembre/octobre.
Disponible par abonnement et sur Apple News.

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