Culture

Sara Hébert sort un livre étonnant avec Bijou de banlieue

Réputée pour ses collages satiriques, Sara Hébert se réapproprie les codes des magazines féminins pour rompre avec la culture sexiste. Dans son livre Bijou de banlieue, elle y va de quelques conseils sur l’amour, les choix de vie et le travail.

L’atelier de Sara Hébert, à Montréal, a tout de la joyeuse cacophonie d’un marché aux puces. Dans les bibliothèques s’entassent des centaines de vieux magazines féminins. Près de l’ordinateur, des essais de théories féministes côtoient des guides de bienséance et d’art de vivre à l’allure rétro. Sur les tables, des images et des mots découpés attendent de trouver une place dans l’un des nombreux projets de l’artiste-collagiste. Au cœur de ce capharnaüm, en jeans déchirés et en t-shirt à l’effigie de Tintin, m’attend la jeune autrice.

« Je cumule des archives depuis 10 ans. Je les déniche dans des friperies, mais j’ai aussi un oncle qui court les ventes de garage et de succession. C’est lui qui a trouvé la majeure partie de ma collection de Life, mes magazines préférés. »

La passion de Sara Hébert pour le collage la suit depuis l’enfance. « J’aimais bricoler des cartes pour mes correspondantes quand j’étais ado, dit-elle. Puis, j’ai commencé à créer des notes très élaborées, découpées dans les journaux, pour mes collègues à la radio CISM [NDLR : radio étudiante de l’Université de Montréal]. » Elle est vite encouragée par des amis à concevoir ses propres zines, de petits livrets autoédités vendus dans les foires artisanales.

Depuis, ses œuvres ont pris une tendance féministe et engagée. Sur sa page Instagram (@bijoudebanlieue), la collagiste aborde avec humour les changements climatiques, la crise du logement et les emportements légendaires du sociologue Mathieu Bock-Côté.

Son dernier-né, Bijou de banlieue, est son projet le plus ambitieux. Dans ce guide irrévérencieux à souhait, Sara Hébert s’improvise première coach de vie collagiste au Québec. Elle se réapproprie les codes des magazines féminins et des manuels de croissance personnelle pour offrir des conseils à ses consœurs. Le livre fait alterner des extraits de journaux intimes – où Madame Bijou, alter ego de l’autrice, relate ses expériences personnelles – avec des collages composés d’images et de messages publicitaires tirés de vieilles publications. Les collages prennent la forme de conseils satiriques sur l’amour, le travail et les choix de vie.

« En tant que femme, tout ce que je consomme me conditionne à penser que pour m’épanouir, j’ai besoin d’un chum et d’une famille. Je sais que c’est faux. Pourtant, dès que je suis célibataire, je me mets avidement à la recherche de l’amour. Dans mon livre, j’essaie de me moquer des propres clichés que je représente, et de trouver des moyens de me départir de ces pensées-là. »

Avec Madame Bijou, l’artiste s’attaque donc aux problèmes de toute une génération de femmes hétérosexuelles, parmi lesquels la tyrannie des apparences, le mythe du prince charmant, la culture du travail sexiste et les mensonges entourant la maternité. « Je me moque un peu de l’absurdité des coachs de vie. Reste que Madame Bijou, c’est un peu l’amie que je voudrais être pour moi-même. Qu’est-ce que j’aurais voulu qu’on me dise quand je me trouvais laide, quand je n’osais pas demander une hausse de salaire, quand je sortais avec un tout croche ? »

Bijou de banlieue est un livre drôle et empathique, qui ne se prend pas au sérieux, mais qu’on aime bien avoir pas trop loin quand on a besoin de se faire secouer un peu.

livre SaraHébert Bijoux de Blanlieue

Bijou de banlieue, par Sara Hébert, Marchand de feuilles, 352 pages.

POUR TOUT SAVOIR EN PRIMEUR

Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine
  • En vous inscrivant, vous acceptez nos conditions d'utilisation et politique de confidentialité. Vous pouvez vous désinscrire à tout moment.