« Les Cubains réclament des changements. Mais demandez-leur lesquels, ils ne sauront pas vous le dire. » La transition qui s’opère dans l’île intéresse au plus haut point Jorge Gonzáles Arocha, professeur de philosophie à l’Université de La Havane, rencontré sur le Celestyal Crystal, où il donne des conférences. Pendant une heure, le jeune spécialiste m’a aidée à comprendre Cuba.
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Le gouvernement cubain prône les valeurs du socialisme, alors que les inégalités sont criantes. Comment l’expliquer ?
Il y a une différence entre le discours politique et la réalité. Par exemple, à l’Université de La Havane, certains étudiants ont leur ordinateur portable, alors que la plupart dépendent de ceux de la faculté – 20 appareils pour 350 personnes ! C’est le résultat de 55 ans de révolution – laquelle a été bénéfique sur plusieurs aspects. Mais le régime politique a aussi causé du tort. De même que l’embargo américain. Aujourd’hui, la population a besoin de changements politiques et économiques. Et ça s’en vient !
Êtes-vous prêts ?
Oui, mais plein de choses nous échappent encore. On ne sait pas comment faire des affaires avec ces milliers d’Américains qui débarquent dans l’île. Nous devons enseigner ces connaissances à la population. Même les touristes américains nous mettent en garde contre leurs multinationales à la McDo ! Aucun Big Mac ne se compare à nos sandwichs faits avec des produits frais. Voilà l’un des défis qui nous attendent : continuer d’offrir de la qualité. Le gouvernement doit promouvoir nos petites entreprises privées.
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Vous vivez à une époque charnière, c’est le moins qu’on puisse dire.
Avec le changement de ton du voisin américain et la fin prochaine de la dynastie Castro – Raúl tirera sa révérence en 2018 –, on devra faire les choses autrement, réfléchir à l’avenir. Mais je veux que Cuba reste entre nos mains. Les Cubains ne souhaitent pas changer la Constitution ni le système politique. On a besoin d’un président plus jeune avec un nouveau style de leadership et des idées neuves, pour amorcer le virage.
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