Je l’avoue, j’avais quelques idées préconçues en débarquant à Houston, quatrième ville des États-Unis pour sa population. Je m’attendais à croiser moult chapeaux de cowboy, VUS et tours à bureaux au kilomètre carré. Erreur.
D’abord, l’étendue de la métropole fait en sorte qu’il n’y a pas un, mais quatre quartiers d’affaires. Dans le centre-ville, en pleine heure de lunch, on cherche les piétons – ils fuient la chaleur dans un réseau de tunnels climatisés. Oui, j’y ai vu de grosses bagnoles, mais aussi des marcheurs, kayakistes et joggeurs qui profitaient du joli Buffalo Bayou Park, traversé par la rivière du même nom. Parce que, ici, les parcs sont plus nombreux que les gratte-ciels!
Les sosies de John Wayne, eux, se trouvent davantage hors des grandes cités… Et l’accent prononcé du Sud? Pas entendu. Si dans les années 1960 la ville comptait une majorité de Blancs anglo-saxons, elle est aujourd’hui l’une des plus multiculturelles et des plus jeunes des États-Unis. On y parle plus de 90 langues et, grâce aux Y en quête d’un job dans une des mégalopoles qui en crée le plus au pays, l’âge moyen y est de 34 ans!
Houston figure en outre parmi les villes du globe où l’on trouve le plus de restaurants per capita. Chris Shepherd est le maestro de l’estimé Underbelly, et l’un des initiateurs des Houston Culinary Tours, guidés par des chefs. Pour démontrer la diversité de son H-town, il nous attable à son resto casual chic, dont les murs sont tapissés de conserves homemade. Tout ici est local et cuisiné de A à Z. Sauf que, au lieu de nous faire goûter les plats de la maison, sa brigade apporte les préférés de tous, provenant des troquets environnants. C’est la règle des tours culinaires de la ville: les chefs font découvrir les adresses qu’ils fréquentent eux-mêmes.
J’y ai entre autres savouré le meilleur hoummos qui soit et des falafels qui s’approchaient de la perfection (signés Aladdin), du délicieux poisson bouilli (de chez Mala) et d’authentiques sandwichs Bahn mi (Cali).
Houston, c’est aussi une ville colorée, magnifiée par ses graffiteurs. Quand il a commencé à en peindre les murs, il y a 30 ans, Gonzo247 devait souvent prendre ses jambes à son cou pour fuir les autorités. Il en va autrement aujourd’hui, se réjouit l’auteur de la murale emblématique « Houston is inspired », slogan de la ville depuis trois ans. « Les gens apportent aux artistes des boissons froides, les remercient d’embellir leur environnement », dit-il, chapeau de cowboy bien enfoncé sur la tête (l’un des rares que je verrai!).
Des musées, ce n’est d’ailleurs pas ce qui manque ici: le Houston Museum District se targue d’en compter 19 sur 6 kilomètres carrés, l’une des plus importantes concentrations en Amérique.
Surréalisme et art contemporain côtoient les artéfacts préhistoriques et médiévaux dans un splendide édifice épuré conçu par l’architecte italien Renzo Piano. Et l’admission est gratuite.
Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 h à 19 h.
2. Museum of Fine Arts, Houston
Il ne faut pas manquer le passage souterrain illuminé par l’installation minimaliste The Light Inside, de James Turrell, qui relie les deux pavillons. Les fans de Drake y reconnaîtront l’influence esthétique manifeste de son clip Hotline Bling. Fermé le lundi.
3. Plusieurs autres musées…
À copier: ce lien qui recense les musées gratuits et les moments où l’on peut visiter sans frais certains autres établissements du Museum District. houmuse.com/free-admission-times
Direction ouest de l’État: San Antonio. On surnomme son centre-ville « la petite Venise », en raison des canaux qui le traversent, bordés de restaurants et d’hôtels animés. On peut y monter à bord d’un bateau-taxi ou faire un tour guidé. J’y étais au moment de la Fiesta, un festival qui mobilise toute la ville et comprend entre autres une bataille de fleurs en plastique et un défilé de chars (j’en ai vu un en forme de botte de cowboy!). En plein cœur de la ville se dresse fièrement l’attraction la plus visitée du Texas: Fort Alamo.
En 1835, certains États mexicains se révoltent contre les visées centralistes de leur président. Les Texans joignent la bataille, mais sont vaincus lors du siège de Fort Alamo. L’année suivante, leur victoire sur les troupes mexicaines donne lieu à la République indépendante du Texas, qui finit par devenir, en 1845, le 28e État de l’Union. On y admire aujourd’hui des artéfacts ayant appartenu à des héros comme Davy Crockett.
En partant du célèbre fort, le touriste peut emprunter un vélo libre-service et la piste cyclable Mission Reach, 13 kilomètres, pour visiter quatre missions espagnoles figurant sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Des fresques colorées y sont mises au jour par l’État.
De nos jours, 6 résidants de San Antonio sur 10 sont d’origine mexicaine ou hispanique. Nulle part ne le ressent-on davantage qu’au Mercado (Market Square), véritable concentré de culture chicano – banderoles multicolores, bijoux, poterie, poupées, robes brodées, tacos et jus de fruits inclus.
Pearl Autrefois industrielle, cette enclave est maintenant habitée par les créatifs de San Antonio. J’ai donc soupé en plusieurs étapes comme eux. Apéro chez Cured, où les charcuteries maison m’ont ravie, mais pas autant que la poutine (!), délectable avec ses joues de porc braisées et son chou-fleur mariné. Plat principal au Granary, où je me suis régalée d’une quenelle de poisson et d’agneau californien. Et pour finir en beauté, les desserts réinventés des étudiants du Culinary Institute of America au Nao Latin Gastro Bar.
Blue Star ZE place pour flairer l’art contemporain ou prendre une pause sur la route des missions. Avec ses boutiques et galeries, l’endroit sert de vitrine aux artistes du coin et recèle des adresses inattendues, comme South Alamode, où l’on concocte des gelatos dignes des dieux : banane-mascarpone-Nutella, chèvre-fraise-noix de macadam…
Le Bananas Foster, un dessert à base de bananes flambées, glace à la vanille et sauce au rhum inventé par Brennan’s, institution créole-southern où plusieurs chefs locaux ont fait leurs classes.
Le gâteau Bailey’s Tres Leches du Américas, où la cuisine latino-américaine moderne de David Cordúa – qui a contribué à mettre la ville sur la carte culinaire – brille dans un décor flamboyant. Aussi inoubliables: les ailes de poulet habanero-papaye servies avec une sauce au fromage bleu.
Le brisket, une spécialité texane: de la poitrine de bœuf longuement fumée, à la chair fondante. Tout simplement exquis.
Notre journaliste a été l’invitée de Travel Texas.
Inscrivez-vous aux infolettres de Châtelaine