Voyages et escapades

Quand tout-inclus rime avec démesure

Les bonnes manières en vacances.

Beuveries, attitude déplaisante, absence de pudeur : pourquoi certains oublient-ils leurs bonnes manières une fois rendus sous le soleil du sud? Petits rappels de base.

Tout-inclus

Photo : Istockphoto

Le soleil brille, la mer est bonne, le sable, doux, même Roger déborde de bonne humeur, hein, Roger? Euh. Roger? T’es où? Roger est en train d’escalader le toit de paille du bar, hilare et en Speedo…

Ce genre de scénario, les employés des hôtels dits « tout-inclus » n’ont plus assez de doigts pour les compter. Qu’est-ce qui fait qu’on se relâche plus dans le sud qu’ailleurs?

Tout bonnement : « l’opulence, l’alcool et la nourriture à volonté », résume Nathalie Duplessis, conseillère à Voyages Constellation, agence spécialisée dans les destinations « sud » préférées des Québécois : le Mexique, Cuba et la République dominicaine. « Quand, toute l’année, on est pris dans une course sans fin entre le travail et la vie de famille, en vacances, on souhaite oublier la routine et les responsabilités, et les tout-inclus sont parfaits pour ça. L’effet de proximité, du fait que tous sont rassemblés sur un même site, peut donner l’impression qu’il y a plus d’excès », nuance Joseph Adamo, vice-président marketing de Transat Canada.

Quand notre seul souci est de choisir entre cuba libre et piña colada, peut-être qu’en effet les inhibitions tombent en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Elvis Gratton ». Tour d’horizon des attitudes problématiques.

1. Prendre un p’tit coup, c’est agréable (vraiment?)

Nathalie Duplessis a passé 10 ans dans des tout-inclus comme représentante à destination pour diverses bannières. Elle observe d’abord une distinction entre les complexes cinq étoiles et ceux moins étoilés. Dans les premiers, « les boissons sont de meilleure qualité, on a les vraies marques d’alcools forts, de bons vins. Les gens ont tendance à boire moins ». Dans les quatre étoiles et moins, « les alcools sont moins forts, les cocktails ne goûtent donc pas beaucoup l’alcool, les gens font la file au bar et commandent souvent à coups de cabarets bien remplis ». Avec le soleil qui plombe, la combinaison peut s’avérer dangereuse.

Il y a deux ans, en voyage à Punta Cana dans un cinq étoiles, mon amoureux et moi avons été témoins d’un homme qui s’était endormi dans sa chaise longue, à midi, le visage couvert de vomi. On pouvait suivre sa trace autour de la piscine… Nous avons aussi vu une femme dans la quarantaine « nager » dans une flaque d’eau sur la terrasse du resto, sous les encouragements bruyants de sa tablée. Nathalie Duplessis, elle, se souviendra toujours de cette quinquagénaire qui, le jour du départ, avait commencé à fêter tellement tôt qu’à 10 h, elle courait partout, nue comme un ver, en hurlant qu’elle ne voulait plus retourner au Québec.

« Combien de fois j’en ai vu mettre leur sécurité personnelle en jeu! La majorité des accidents bêtes dans le sud sont dus à des abus d’alcool. Le grand classique : glisser sur un plancher mouillé parce qu’on n’a ʺpas vuʺ le signe prévenant de passer ailleurs. »

« Souvent, c’est au début de la semaine que les gens font des excès, car ils sont heureux d’être en vacances, poursuit la conseillère en voyages. Par contre, quand on a fait la folle ou quand on a été malade le lundi, c’est difficile après d’avoir un profil bas vu qu’on recroise toujours le même monde dans un tout-inclus. Beaucoup ont honte de leur comportement et trouvent la semaine longue. » Sans compter qu’on ne sait pas qui on va revoir une fois de retour au Québec. Cet homme qui nous a vue danser sur les tables en monokini, c’est peut-être un futur client ou employeur.

2. J’ai payé, je peux faire ce que je veux

Ils ne le diront pas devant vous, mais bien des employés des complexes hôteliers déplorent cette attitude de « king de la place » commune à bien des vacanciers. « En général, les Québécois sont bien perçus parce qu’on aime connaître les gens et leur culture, on est assez ouverts. Mais il arrive que certains pensent que tout leur est dû parce qu’ils ont donné un dollar de pourboire… ils en oublient le respect le plus élémentaire », raconte Nathalie Duplessis.

D’autres prennent le concept de tout-inclus un peu trop au pied de la lettre. « La quantité de gens qui repartent avec des serviettes d’hôtel ou des peignoirs, ou encore qui demandent des jeux de cartes à la réception et ne viennent pas les reporter est assez décourageante… », soupire Steve, gérant dans une grande chaîne hôtelière et qui préfère garder l’anonymat. Ferait-on la même chose dans un hôtel parisien?

3. Adopter illico le monokini

Oui, mesdames, c’est agréable d’éviter les lignes de bronzage sur le haut du corps. Mais avant d’offrir sa poitrine à la vue de tous, jetons un regard autour de soi. Est-on seule sur la plage à s’exhiber?

« En général, le monokini est plus populaire dans les Antilles – Saint-Martin, Antigua, Anguilla, Sainte-Lucie, etc. –, sans doute parce qu’elles sont davantage fréquentées par les Européens, chez qui cette coutume est plus répandue, explique Nathalie Duplessis. Certaines régions du Mexique sont plus prudes, on risque de choquer la population locale. À Cuba, il y a une plus grande permissivité dans les cayos ou îles (Cayo Coco, Cayo Largo, etc.). La République dominicaine, elle, n’interdit pas le monokini. Dans tous les cas, mieux vaut demander au personnel de l’hôtel si c’est accepté, et surtout, surtout, éviter de se dénuder sur les plages publiques, en dehors des limites du complexe. »

4. La délicate question du pourboire

En donner ou pas? « À la base, on appelle ça un tout-inclus parce qu’on n’a rien d’autre à débourser que le coût du voyage, rappelle Nathalie Duplessis. Mais avec les années, plusieurs voyageurs ont pris l’habitude de donner du pourboire, que ce soit pour avoir du service plus rapidement ou simplement parce que, pour eux, il est impensable de ne pas le faire. Dans certains endroits, à Cuba, cela a entraîné une demande de la part des employés, on sent qu’ils attendent un pourboire, et c’est une conséquence directe de cette habitude. Cela dit, le pourboire n’est pas une obligation. »

Du côté du voyagiste Transat, on indique que les pourboires sont toujours bienvenus. « Quelques dollars font parfois toute la différence pour les employés. Petit conseil, n’attendez pas au dernier jour des vacances pour donner un pourboire à la femme de chambre, puisque celle-ci sera peut-être en congé. Laissez plutôt un petit pourboire sur votre oreiller tous les matins avant de partir à la plage. Un dollar une fois de temps en temps au barman, ce n’est pas très cher pour vous, mais il vous reconnaîtra, et vous aurez droit à un cocktail VIP servi avec un grand sourire! », suggère Joseph Adamo, vice-président du marketing.

Si on veut aider d’une autre façon, on peut aussi apporter des « cadeaux », comme des fournitures scolaires (cahiers, crayons, gommes à effacer) et des médicaments de marques reconnues, qu’on remettra aux représentants du voyagiste sur place. Puisqu’ils ont tissé des liens avec la population locale, ils seront mieux outillés pour les faire parvenir aux bonnes personnes.

« À Cuba, les bas de nylon sont rarissimes, c’est donc un cadeau apprécié qu’on peut laisser aussi sur son oreiller à l’intention des femmes de chambre », ajoute Nathalie Duplessis. Si on a peur qu’elles ne comprennent pas le message, on peut inscrire le mot « regalo » (« cadeau » en espagnol) sur un bout de papier placé à côté.

En Jamaïque, prévient Nathalie Duplessis, les pourboires sont interdits. Ailleurs, on peut laisser ses pourboires en argent canadien ou américain (sauf à Cuba, où le dollar US n’est évidemment pas accepté). La plupart des hôtels permettent aux employés d’échanger notre monnaie contre de la monnaie locale.

En conclusion…

Comme le dit Joseph Adamo, de Transat : « Les bonnes manières ne devraient jamais prendre de vacances! » Politesse, respect et retenue sont de mise, et ce, partout dans le monde.

 

Un tour de certaines des plus belles plages du monde.

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