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Art de vivre

Un safari en Namibie

Sylvie est une journaliste montréalaise au passeport bien tamponné. Juan, un guide touristique allemand passionné par la faune africaine. Ensemble, ils découvrent les splendeurs du continent africain. Périple de deux aventuriers.
Sylvie St-Jacques
Un safari en Namibie

View of springboks, Sossusvlei, Namibia, Africa

Un safari en Namibie

Un safari en NamibiePhoto: Sylvie St-Jacques

Un safari en Namibie

Ces routes sont totalement désertes, il n’y a que nous deux ici, on dirait ! On fait quoi si on a une crevaison ? On patiente dans l’espoir qu’une âme charitable vienne nous porter secours ?

– On change le pneu nous-mêmes ! » réplique Juan, le regard pétillant ­d’enthousiasme.

Cet homme est fou de la Namibie. Il consacre le plus clair de son temps libre à étudier la géologie unique de cette contrée de sable, sa mosaïque démographique, sa faune foisonnante. Le pays a le vent dans les voiles et son attrait touristique a décuplé depuis que le film Mad Max 4, sorti en 2015, a braqué ses projecteurs sur la splendeur austère des paysages lunaires de cette ancienne colonie allemande.

Juan, guide en Namibie, se réjouit de ce soudain afflux de visiteurs, tous avides d’explorer ce coin de l’Afrique et d’apprendre les coutumes de ses divers peuples : les Namas, Hereros, Himbas, Sans…

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Quant à moi, je me suis établie au Cap, en Afrique du Sud. Pour vivre, bien sûr, cette histoire d’amour tombée du ciel en janvier 2013 à Hogsback, dans le Cap oriental, mais aussi par esprit d’aventure et sous l’irrésistible impulsion de changer d’horizon, de panorama, d’hémisphère…

Juan et moi partageons une passion pour cette région du monde à la beauté fragile et éblouissante. Mon amoureux m’offre de temps à autre un safari privé. J’ai alors le privilège de faire un road trip aux premières loges, dans un véhicule tout-terrain bien équipé pour affronter la rudesse du territoire.

Un safari en NamibiePhoto: Windhoek, iStock

Un safari en Namibie

Cette fois, notre parcours s’amorce à Windhoek, capitale de la Namibie. Cette petite ville conserve des traces de la colonisation allemande, comme ses agréables cafés, son centre culturel Goethe-Institut, ses espaces verts et ses quelques édifices et monuments historiques. Une journée suffit pour visiter l’Independence Memorial Museum et la National Art Gallery of Namibia et comprendre par cette mise en contexte comment ce pays a connu un destin parallèle à celui de l’Afrique du Sud de l’apartheid.

Disposant de 14 jours pour effectuer notre trajet, nous prenons sans tarder la route en direction de la première escale au parc national de Waterberg, une réserve naturelle dans le centre du pays, dans la région des Hereros. Les lieux sont photogéniques, avec une vue imprenable sur le désert de Kalahari. À la fin d’une journée de randonnée dans les environs, Juan m’entraîne vers un cimetière où sont inhumés de nombreux militaires allemands. « Nous sommes sur le site de la sanglante bataille de Waterberg qui a opposé en 1904 Allemands et Hereros », m’explique-t-il. Des dizaines de milliers de Hereros ont été assassinés, hommes, femmes et enfants, ou sont morts de soif et de faim en fuyant dans le désert.

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Le lendemain, direction Grootfontein, un arrêt prisé par les amateurs de géologie, qui peuvent, dans les environs de la ville, admirer la météorite d’Hoba, découverte par Jacobus Hermanus Brits. En 1920, ce fermier namibien a buté contre cette énorme « roche » triangulaire en labourant sa terre. Presque 100 ans plus tard, la météorite se grave quotidiennement sur les selfies captés par les touristes de passage…

Un safari en NamibiePhoto: Thorsten Milse

Un safari en Namibie

La parade des animaux

« T’es prête pour Etosha ? Tu veux apprendre à conduire le Cruiser ?

– Oui, oui ! »

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Nous avons trois heures de piste à parcourir avant d’atteindre le parc national d’Etosha, trésor faunique de la Namibie qui héberge les Big Five et autres zèbres, girafes, antilopes, chacals ou autruches… [NDLR : Dans le jargon du monde du safari, l’expression Big Five fait référence aux cinq mammifères-vedettes que sont le lion, le léopard, l’éléphant, le rhinocéros et le buffle d’Afrique. Elle a été créée par Ernest Hemingway, dans Les neiges du Kilimandjaro.]

À mi-chemin, j’empoigne à mon tour le volant de notre imposant 4X4 et je me prends pour Indiana Jones.

Tout juste après avoir franchi la barrière à l’entrée du parc, nous tombons sur un léopard qui s’offre une sieste, perché dans un arbre.

« Doucement, il ne faut pas le réveiller ! » dit Juan. Trop tard, notre gros matou tacheté bondit et descend de sa branche.

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Un safari en Namibie

Un safari en Namibie

Trois jours durant, nous explorons divers secteurs d’Etosha, immense ­terrain de jeux animalier aux vastes étendues de sel et pourvu d’un nombre suffisant de points d’eau pour abreuver la population de gnous, girafes, zèbres, rhinocéros…
Nous allons de découvertes en émerveillements. « Il faudrait voir au moins un lion ! » dis-je à quelques reprises, comme pour inviter le roi des animaux à se pointer la crinière. Alors que nous touchons au terme de notre visite, le grand félin nous honore de sa présence.

Nous suivons ses traces sur la piste sablonneuse. Il se traîne les pattes avec paresse, jetant de temps à autre un œil hautain aux touristes qui cherchent à l’immortaliser. On l’entend même ronronner de fierté…

Un safari en NamibiePhoto: Secretary Bird, iStock

Un safari en Namibie

Sur la côte des Squelettes

Qui aurait cru que moi, la Montréalaise, j’apprendrais un jour à identifier les autruches mâles et femelles ou que je me plairais à mémoriser des noms d’oiseaux comme lilac-breasted roller, kingfisher, ­secretary bird (rollier à longs brins, martin-pêcheur, messager sagittaire), et surtout que j’éprouverais un tel sentiment de familiarité dans la savane africaine ?

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Nous faisons nos adieux au parc Etosha et mettons le cap sur la Skeleton Coast, région côtière où prend naissance le désert du Namib. À mi-chemin, quelques escales sont prévues. D’abord, une visite de la forêt pétrifiée du Damaraland. Sous le soleil de plomb, nous empruntons un ­sentier sans un coin d’ombre. « Ces troncs d’arbres, vieux de millions d’années, se sont fossilisés. Les cellules du bois ont ainsi été peu à peu remplacées par des minéraux », explique notre guide namibien. Dans cette débauche de rochers s’épanouit aussi la Welwitschia mirabilis. Cette mystérieuse plante du désert qui peut vivre au-delà de mille ans est la fleur emblème de la Namibie, dont elle symbolise le courage et la ténacité.

Quelques kilomètres plus loin, Juan suggère une seconde halte à Twyfelfontein, un site archéologique qui, sur ses reliefs rocheux, abrite 2 000 dessins gravés ou peints par les Khoï-khoïs et datés de la fin de l’âge de pierre.

Notre Land Cruiser s’élance ensuite dans le grand vide sablonneux d’une route du Damaraland qui mène à la fameuse Skeleton Coast.

Un safari en Namibie

Un safari en Namibie

La barrière de l’enfer

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Une barrière ornée de deux immenses panneaux à têtes de mort marque l’entrée de la Skeleton Coast, étroite bande de dunes qui longe l’Atlantique et dont seulement la partie sud peut se visiter en voiture. Ça donne le ton de cette promenade de cinq heures entre littoral chargé de brume et désert du Namib. Le Lonely Planet indique que les Bochimans (ou Bushmen) namibiens ont baptisé cet endroit « le pays que Dieu a créé un jour de colère ». Les navigateurs portugais qui y ont accosté, eux, le nommaient « barrière de l’enfer ».

Nous franchissons des centaines de kilomètres où seules les modulations des dunes offrent un peu de variation au paysage, hypnotisés par ce vide qui s’étire dans une apparence d’éternité. Notre rêve lucide est soudain interrompu par l’apparition, au loin, d’un touriste désespéré qui court vers nous en agitant les bras.

« Pouvez-vous demander à quelqu’un de venir nous chercher avec une remorqueuse ? Notre voiture est coincée dans les dunes », lâche d’une traite le routard à l’accent italien, montrant une berline rouge prisonnière du sable. La barrière la plus proche est à 300 km et le soleil d’après-midi commence à baisser… Oui, bien entendu, nous allons informer les gardiens de sécurité de leur situation.

« Vous voulez quelque chose à manger ? On peut vous offrir des bouteilles d’eau ou de Coca-Cola ?

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– Non. C’est bon, nous avons tout ce qu’il faut, même si on doit passer la nuit ici… »

Un safari en Namibie

Un safari en Namibie

Astucieux, Juan a réservé le plus spectaculaire pour la fin : les dunes mystérieuses de Sossusvlei. Après un long trajet sur une piste de sable cahoteuse nous attend une récompense : un séjour de 48 heures dans un lodge aussi confortable qu’improbable, niché au beau milieu du néant namibien. En soirée, nous avons droit à un festin de grillades de zèbre, d’antilope et d’autruche sous le ciel étoilé, avant de gagner notre vaste et aérée « tente safari ».

Le lendemain à l’aube, nous contemplons l’œuvre de la lumière sur le contour des dunes. Nous immobilisons notre véhicule pour photographier un troupeau d’oryx, sorte de gazelles aux longues cornes pointues, qui avancent dans la plaine désertique. Puis, arrivés à la Dune 19, nous suivons la file de touristes qui escaladent celle-ci pieds nus. Grimper dans le sable est plus difficile qu’il n’y paraît… « Tu vas voir, la meilleure partie est la descente », me promet Juan. En effet, glisser à toute allure du sommet à la base est aussi jouissif que de dévaler le mont Royal en crazy carpet.

Plus loin, une Jeep nous attend pour une randonnée vers Dead Vlei, une plaque de sel et de sable garnie d’arbres morts. On dirait un paysage tiré d’un film de Tim Burton.

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Et comme si la journée manquait ­d’expériences insolites, Juan attire mon attention sur une plaine à la végétation clairsemée. « Tu vois là, ces ronds dénudés de plantes ? » Il pointe des trous sablonneux appelés « cercles de fées ». « Cette curiosité naturelle demeure à ce jour inexpliquée par la science. Des adeptes du paranormal suggèrent qu’il s’agirait de la trace d’ovnis… »

Une météorite. Un lion. Des grillades de zèbre et d’antilope. Une forêt pétrifiée. Une côte des squelettes. Et un voyage hors du temps qui se conclut par l’intervention spéculative d’extraterrestres.

Un safari en NamibiePhoto: Lizzie Shepherd

Un safari en Namibie

Les horizons arides de la Namibie attirent et séduisent les voyageurs férus d’aventure.

Un safari en NamibiePhoto: Frans Lanting

Un safari en Namibie

Un troupeau de zèbres.

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Un safari en NamibiePhoto: Alex Treadway

Un safari en Namibie

Arbre à carquois.

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