Voyages et escapades

Plein-air et émerveillement à Chicago

Gratte-ciels spectaculaires, espaces verts à profusion, haute gastronomie, Chicago n’en finit plus d’étonner. À 2 h 15 de vol de Montréal, la capitale de l’Illinois s’offre dans toute sa splendeur. Place à la découverte !

Photos: Choose Chicago

À partir de maintenant, plus question de reculer. Assis dans le fond de mon embarcation, genoux légèrement fléchis et pagaie en main, je m’engage dans la rampe de mise à l’eau et je descends doucement vers la rivière. Au cours des deux prochaines heures, je découvrirai Chicago en glissant sur la rivière du même nom, qui coule au cœur du centre-ville.

Guidés par Adam, qui mène notre troupe d’une quinzaine d’apprentis pagayeurs, nous avançons sur l’onde, tantôt séduits par le clapotis de l’eau contre nos embarcations, tantôt amusés par les vagues que laissent dans leur sillage les bateaux et les barges, nombreux à sillonner cette étroite rivière chaque jour. Au niveau de l’eau, Chicago semble plus imposante, plus démesurée. Garder le cap n’est pas une mince tâche tant les distractions sont nombreuses. Les édifices qui bordent la rivière impressionnent, tout comme la structure complexe des ponts métalliques à bascule que nous croisons. Comme si tout cela n’était pas suffisant, voici que des canards colverts s’approchent, curieux de voir de plus près ces êtres bizarres assis dans leurs embarcations vert fluo. Ils se lasseront bien vite de nous.

La rivière Chicago, jadis ultrapolluée par les carcasses d’animaux que les abattoirs y jetaient sans scrupules, a fait l’objet d’une cure intensive de nettoyage. Elle jouit aujourd’hui d’une eau cristalline qui en fait un terrain de jeu de prédilection à la fois pour les citadins et pour les touristes. L’eau y est si propre qu’une compétition de natation s’y tiendra cet automne. Une première. Pas moins de 500 nageurs s’élanceront dans la rivière, encouragés par la foule qui les observera depuis la longue promenade – la Riverwalk – aménagée il y a quelques années de part et d’autre du cours d’eau. Cafés, bars, restaurants y ont poussé depuis, faisant de l’endroit un haut lieu de rassemblement, de jour comme de soir.

St-Regis Tower et Millenium Park, Chicago

Photos: Choose Chicago (Le Cloud Gate d’Anish Kapoor) et istock.com (St-Regis Chicago)

UNE ARCHITECTURE À COUPER LE SOUFFLE

En pagayant, en pédalant ou en marchant, Chicago se visite le regard résolument tourné vers le ciel. Troisième ville en importance aux États-Unis avec ses 2,7 millions d’habitants, la capitale de l’Illinois n’a rien à envier aux autres métropoles du pays. L’inverse serait plus juste.

Il est vrai que lorsqu’on l’aperçoit du haut des airs, à travers le hublot de l’avion, la ville semble oppressante tant les gratte-ciels ont l’air agglutinés sur la rive du lac Michigan. Mais dès qu’on y pose le pied, on découvre une ville aérée, zen malgré sa démesure. Chicago respire. Sans doute parce que les hautes tours du centre-ville sont bien espacées, et parce qu’en marchant vers l’est, le regard porte loin, jusqu’au lac qui s’étend à perte de vue.

Les plus grands noms de l’histoire de l’architecture y ont signé des édifices, comme Louis Sullivan, considéré comme le père des gratte-ciels, Frank Lloyd Wright et Mies van der Rohe. Ils ont pavé la voie à nombre d’architectes contemporains, dont Jeanne Gang, qui a créé les magnifiques Aqua et St. Regis, cette dernière étant la plus haute tour au monde dessinée par une femme.

Qu’on s’intéresse ou non à l’architecture, la croisière organisée par le Chicago Architecture Center est un must. Ce parcours guidé par des passionnés met en lumière les joyaux du design qui parsèment la ville et laisse l’impression que les architectes ont fait de Chicago leur terrain de jeu. L’audace et la folie sont les maîtres mots. Des exemples ? La John Hancock Tower, en forme d’obélisque, et la fameuse tour St. Regis, dont les parois ondulent comme les vagues du lac Michigan jusqu’à une hauteur de 365 mètres, soit deux fois la Place Ville-Marie, à Montréal. Il y a aussi les iconoclastes Marina City Towers, deux jumelles de 60 étages qui évoquent des épis de maïs, et l’imposant 150 North Riverside, qui défie les lois de la physique avec sa forme inusitée rappelant un carton de lait… à l’envers.

Carbide and Carbon Building et Pont métalliques à bascule / Choose Chicago

Photos: Choose Chicago

À L’IMAGE DU TEMPS QUI PASSE

Les courants architecturaux des 19e, 20e et 21e siècles se côtoient dans une harmonie parfaite, sans qu’une époque ne prenne le pas sur l’autre, sans qu’un édifice ne vole la vedette. Un seul, en fait, semble vouloir éclipser les autres : la Trump Tower, avec le nom de son propriétaire écrit en lettres de sept mètres de hauteur. Un logo qui en irrite beaucoup dans cette ville de tradition démocrate – tous les guides avec qui j’ai discuté lors de mon séjour l’ont critiqué !

Cela dit, la singularité de Chicago ne se limite pas à l’architecture. Le cœur du centre-ville, le bien nommé Magnificent Mile (le mille magnifique), ou Mag Mile, est un bijou d’ingéniosité. En surface, le quartier regorge de boutiques et de magasins de grand luxe, dont certains sont gardés par des agents de sécurité armés. Les fashionistas au portefeuille bien garni se pâmeront chez Burberry, Neiman Marcus, Tiffany, Saks et Krigler, pour ne nommer que ces marques. Mais c’est sous la chaussée que le génie des Chicagoans, comme on appelle les habitants de la ville, laisse pantois. Un deuxième niveau de rues s’étend sous certains secteurs du centre-ville. Et on ne parle pas ici de tunnels, car ces étages inférieurs sont au niveau du sol. Ce sont les autres artères en surface qui ont été surélevées. Le plus étonnant, c’est que rien n’y paraît, sauf quand on doit descendre un escalier pour passer d’une rue à l’autre.

Le charme de tout ça ? Pratiquement tous les camions de livraison empruntent les voies du des- sous, laissant le centre-ville aux voitures et au transport en commun. La circulation en surface est fluide et calme. Pas un klaxon, pas un véhicule stationné en double. Bref, une « zénitude » inhabituelle pour une ville de cette taille, qui autorise une chose impensable à Montréal ou ailleurs : il est permis de rouler à vélo (en groupe seulement) dans les mêmes voies de circulation que les voitures.

Photos: Choose Chicago (Restaurant Shanghai, Hôtel Peninsula et houmous maison chez Aba)

LA VILLE, AU RYTHME DU PÉDALIER

Sous un soleil de plomb, je me joins à un petit groupe de cyclistes pour une visite fascinante de la ville à bicyclette. York, notre guide, connaît Chicago sur le bout des doigts et n’est pas avare d’anecdotes. Ici, la pharmacie où a éclaté le scandale Tylenol en 1982 (du cyanure avait été ajouté aux pilules). Là, le McDonald’s où des employés ont été surpris à vendre de la cocaïne au service à l’auto, au tournant des années 1990. Plus loin, dans le Leo Burnett Building, ont été créés le bonhomme Pillsbury, le réparateur Maytag et le Géant Vert.

À vélo, on se rend aussi compte que Chicago regorge d’espaces verts où l’on oublie vite que l’on est dans une des plus grandes villes des États-Unis.

La ville compte d’ailleurs nombre de terrasses, de cafés, de lounges et de restos de qualité, que ce soit dans le Mag Mile, dans le quartier Loop – haut lieu de la finance–, dans le Fulton Market District, où abattoirs et entrepôts ont cédé la place aux appartements branchés, ou tout simplement sur la promenade animée longeant la rivière Chicago. Et les menus sont variés, allant des succulents burgers signés Gordon Ramsay aux tapas méditerranéens de chez Aba, en passant par les délices du Sud-Est asiatique servis chez Sunda New Asian et par la fine cuisine chinoise que propose le Shanghai Terrace, le restaurant-terrasse du somptueux hôtel Peninsula, où je loge.

Cela dit, ma visite de la ville des vents ne serait pas complète si je ne mordais à belles dents dans une deep dish pizza, dont les pizzérias de Chicago se font une spécialité. Celle de Lou Malnati’s, que je découvre à la toute fin de mon séjour, vaut le déplacement. Sa croûte pur beurre est bien craquante et, comme la tradition l’exige, elle est couverte de fromage râpé sur lequel sont déposées la sauce tomate et les garnitures. Toute résistance est vaine.

La panse pleine, je m’attarde quelques instants au minuscule parc Louis Mariano, à un jet de pierre du resto. Des badauds dégustent un gelato assis autour d’une fontaine, d’autres profitent de l’ombre des arbres pour lire leur journal. Et soudain, au milieu de cette oasis paisible, une idée me vient en tête : la prochaine fois que je viendrai à Chicago, je m’y installerai quelques mois…


SE LOGER

Hôtel Peninsula : 108 E. Superior St.

SE RESTAURER

Gordon Ramsay Burger : 2 E. Ontario St.

Aba :302 N. Green St.

Gyu-Kaku Japanese BBQ : 210 E. Ohio St.

Sunda : 110 W. Illinois St.

Lou Malnati’s :1120 N. State St.

ZBar : 108 E. Superior St

Shanghai Terrace : 108 E. Superior St

Les frais de ce voyage ont été payés par Choose Chicago, qui n’a eu aucun droit de regard sur ce reportage.

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