Voyages et escapades

Voyage: à la découverte de l’Islande

L’Islande, notre journaliste en rêvait depuis des années. Ç’a été le plus beau voyage de sa vie.

L’Islande, c’est un peu un autre monde. Des paysages lunaires et, en juin, des journées qui ne finissent pas. (Photo: Caroline Fortin)

J’ai toujours été attirée par la Scandinavie, les Vikings, le Nord (et, oui, les beaux blonds). Je ne saurais dire quelle a été, précisément, la bougie d’allumage qui m’a donné envie de fouler le sol de l’Islande, cela remonte à trop loin. Ce sont peut-être les paysages époustouflants, découverts à la bibli de mon cégep? la poésie organique de Björk? le sublime Ágætis byrjun, de Sigur Rós? le film 101 Reykjavík, vu quelques semaines avant le prétendu bogue de l’an 2000, ou bien les polars ­d’Arnaldur Indriðason, dévorés en série depuis La cité des jarres… La veille de mes 40 ans, j’ai résolu de réaliser enfin mon rêve. Mon copain et moi sommes donc partis pour cette petite mais grandiose île volcanique de 103 000 km2 (à peu près aussi grande que celle de Terre-Neuve), située en pleine mer entre le Groenland et la Norvège. Coups de cœur dans le désordre.

Étonnant pays littéralement assis sur des volcans… (Photo: Caroline Fortin)

50 nuances de vert

J’imaginais des paysages où les teintes de terre domineraient, mais je me trompais. Malgré la quasi-absence d’arbres, en été, l’Islande est verdoyante. Dès la sortie de l’aéroport de Keflavík, c’est d’ailleurs ce qui frappe: de vastes champs de lave recouverte de mousse olive et vert-de-gris. Puis, au sud de la capitale, des montagnes aux formes singulières, où se succèdent des nuances de forêt, gazon, tilleul, lichen et absinthe. Vertmeilleux!

Les chutes de Gullfoss, qui s’enfoncent dans la terre. (Photo: Caroline Fortin)

La culture de l’eau

Celle qu’on boit: ici, elle est si pure qu’on peut s’abreuver à tous les robinets. Celle qui chauffe le pays: ces «fumerolles» que l’on voit s’élever aux abords des routes émanent souvent de centrales géothermiques, principales sources d’énergie de l’île. C’est d’ailleurs parce qu’elle provient du sol que l’eau chaude y fleure le soufre… Celle dans laquelle on trempe: que ce soit aux piscines municipales (chauffées par géothermie) ou dans les sources d’eau chaude naturelles, les Islandais se baignent 365 jours par année. Il y a quelque chose de magique à être étendue dans un bassin à 98,5 °F pendant qu’une bruine froide vous tombe dessus.

Photo: Alexandre Riendeau

La beauté sauvage des paysages

La route 1 (dite route circulaire), un bandeau d’asphalte qui entoure l’île, n’est balisée que par de discrets poteaux réfléchissants. Pas d’enfilades de lampadaires ni de gros pylônes, du moins sur la portion parcourue. Pas de trafic non plus – il faut dire que la population n’est que de 329 000 habitants. Entre les bourgades, on croise des fermes isolées au pied de stupéfiantes collines escarpées. Même les infrastructures autour des attractions touristiques sont minimalistes.

Photo: Caroline Fortin

Des moutons, partout, partout

En été, c’est statistique: il y a plus de moutons que d’habitants. Ils paissent en liberté, juchés à flanc de montagne ou se promenant le long de la route… quand ce n’est pas carrément dessus. Les Vikings utilisaient leur longue laine imperméable pour tisser les voiles ornant leurs drakkars. Aujourd’hui, elle sert à tricoter les lopapeysa, ces chandails traditionnels aux motifs géométriques. Leur viande – la préférée des Islandais – est exquise.

La statue Sólfar, Le Voyageur du soleil, à Reykjavik, sous le soleil de minuit. (Photo: Caroline Fortin)

Le soleil de minuit

J’avais planifié ce voyage en fonction du solstice d’été, ce jour où le soleil ne se couche pas dans le cercle polaire arctique. Dès le début du mois de juin, on peut entrer dans un bar à 23 h – l’heure à laquelle les Reykjavikois qui veulent faire la fête sortent de leur tanière – et en ressortir à 3 h avec cette même lumière déstabilisante qui trompe la fatigue. Agitation et atmo­sphère bon enfant règnent dans les rues. Comme le 21 juin à minuit, quand nous avons accueilli l’été au pied du monument Sólfar (Le Voyageur du soleil), à Reykjavík, avec quelques bières et une bande de joyeux Islandais, sous un ciel résolument clair. Surréaliste.

Photo: Caroline Fortin

Les étendues de lave et de mousse

On compte ici quelque 130 volcans actifs, dont le plus connu est certes Eyjafjallajökull, qui, en 2010, a perturbé les vols aériens dans toute l’Europe du Nord (et les lecteurs de nouvelles, qui peinaient à prononcer son nom: «éyafyatlayokutl»!). Dans le sud-ouest de l’île, la lave des éruptions passées s’est solidifiée sur des kilomètres et a mis plus d’un siècle à se recouvrir de mousse. Le spectacle, des étendues curieusement bosselées, est aussi fascinant que le comportement des Islandais en temps d’éruption. Dans les régions touchées, l’argent n’a plus cours – les commerces tiennent des comptes et se font rembourser par le gouvernement (on paie des impôts pour ça ici) – et tous s’entraident pour la reconstruction, nous confie notre guide Rocky.

On peut tomber sur une pancarte indiquant une des rues d’un village ensevelies par la lave. (Photo: Caroline Fortin)

Le lac glaciaire de Jökulsárlón

Dans cette lagune viennent flotter les blocs qui se détachent du glacier Vatnajökull, avant de s’échouer sur une plage de sable noir, léchée par l’Atlantique. Majestueux. Même si elles polluent un peu ce lieu empreint de silence, seulement rompu par les cris des sternes arctiques, les excursions en bateau valent la peine. Jamais je ne me suis sentie aussi petite devant la nature. La glace est blanche, ou turquoise, ou encore recouverte de cendres volcaniques. Je voudrais bien qu’on vienne disperser mes propres cendres ici…

Balade en bateau entre les icebergs qui se détachent du glacier Vatnajökull. Grandiose. (Photo: Alexandre Riendeau)

À lire aussi: Passages des ombres, de l’auteur islandais Arnaldur Indridason

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