Beauté

Faut-il se méfier des manucures en gel ?

Réactions allergiques, cancers de la peau… De plus en plus d’études révèlent les méfaits des manucures en gel, pourtant si populaires dans les instituts de beauté. Afin de mieux comprendre ces risques, nous avons questionné des experts.

Élégants, brillants, parfaitement lisses : les ongles peints de gel garantissent une manucure parfaite… et durable. Ils résistent à tous les chocs, corvées de vaisselle comprises ! Mais depuis quelques mois, des chercheurs soupçonnent les lampes UV utilisées pour faire durcir les vernis en gel d’accélérer le vieillissement de la peau et d’augmenter les risques de cancer de l’épiderme.

De plus, certains ingrédients qu’ils contiennent peuvent provoquer de graves réactions allergiques, estime l’Association britannique des dermatologues.

Alors, faut-il renoncer aux manucures phares d’Instagram ? Des experts répondent.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’une manucure en gel ?

Ça consiste en l’application de vernis en gel, à la texture plutôt liquide, qui ne durcissent qu’au contact de la lumière UV. Ils tiennent donc de deux à trois semaines alors que les vernis ordinaires s’effritent après quelques jours. Chaque couche de vernis gel (généralement une couche de base, suivie de deux ou trois couches de couleur puis d’une couche de finition) est placée entre 30 et 60 secondes sous une lampe UV pour les solidifier afin qu’elles deviennent à l’épreuve des éclats. La plupart de gens font faire leur manucure en salon, mais il est aussi possible d’acheter le matériel pour la réaliser soi-même à la maison.

Les vernis de la marque Shellac sont souvent considérés à tort comme des vernis gel. Oui, ils en contiennent, mais ils contiennent aussi du vernis ordinaire. Ils tiennent donc moins longtemps que les vernis 100 % gel, mais nécessitent quand même une exposition à une lampe UV pour durcir.

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Quels en sont les risques ?

Une chose est sûre, ils ne sont pas à négliger. Des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego et leurs confrères de l’Université de Pittsburgh ont placé des cellules d’humains et de souris sous des lampes UV destinées aux manucures afin d’en observer les effets. Résultat : des mutations cancéreuses sont apparues après une exposition pourtant jugée sécuritaire en salon. Par ailleurs, de 20 % à 30 % des cellules sont mortes après une seule exposition de 20 minutes.

« Même si ces expériences en laboratoire ne traduisent pas exactement ce qui se passe dans le monde réel, ces résultats sont alarmants », affirme Dre Monica Li, dermatologue et formatrice clinique au Département de dermatologie et des sciences de la peau de l’Université de Colombie-Britannique.

« À la longue, les rayons UV sont dangereux pour notre épiderme et nos ongles, ajoute-t-elle. Les lampes UV sont aussi nocives que les lits de bronzage dont le risque cancérigène est désormais bien connu. Je conseille de limiter au maximum les occasions de s’y exposer. »

Quand s’inquiéter ?

« Il ne faut pas hésiter à consulter un médecin lorsqu’une tache sur la main devient plus foncée, noire, asymétrique, ou si on remarque un bouton qui ne guérit pas après 4 à 6 semaines, dit Dr Marc-André Doré, dermatologue à la Clinique Dermago au Québec. Ces signes méritent une attention particulière. »

« Les cancers de la peau peuvent aussi former des plaques croûteuses ou squameuses, ressembler à des verrues ou dessiner des bosses noires et des stries sous les ongles », prévient Dre Monica Li.

Les manucures en gel comportent-elles d’autres risques ?

La majorité des vernis gel contiennent des acrylates, agents chimiques connus pour leur fort potentiel allergène. « En cas de réaction, des plaques d’eczéma, de la desquamation et des démangeaisons peuvent apparaître sur les mains, mais parfois uniquement sur les paupières », affirme Dr Doré. La peau fragile autour des yeux est en effet très réactive en cas d’allergie.

L’Association britannique des dermatologues signale d’ailleurs une épidémie de ces affections appelées « dermatites de contact ». Devenir allergique aux acrylates peut s’avérer très contraignant puisque ces derniers sont contenus dans certains médicaments et dans les produits destinés aux obturations dentaires et aux arthroplasties (intervention chirurgicale qui consiste à remplacer une articulation par une prothèse).

Comment éviter les risques ?

Les experts conseillent d’appliquer un écran solaire FPS 50 résistant à l’eau environ 20 minutes avant de s’exposer aux lampes de manucure. « On peut aussi porter des gants de protection découpés au bout des doigts pour protéger un maximum de surface de peau », suggère Dr Marc-André Doré.

Les manucures en poudre, qui consistent à étaler une fine poudre acrylique sur l’ongle avant de la stabiliser avec une couche de finition et un activateur, ne nécessitent pas d’exposition aux lampes UV. Ces produits contiennent néanmoins des ingrédients chimiques potentiellement nocifs.

Au final, les vernis ordinaires et les faux ongles à coller sont les options les plus sécuritaires, même s’ils tiennent moins longtemps.

Celles et ceux qui ne peuvent se passer du vernis gel doivent au moins laisser leurs ongles au repos entre deux manucures. « Une pause de plusieurs semaines leur permet de se régénérer, explique Dre Monica Li. C’est aussi l’occasion d’observer ses ongles pour détecter toute anomalie autrement masquée par le vernis. »

Les lampes UV sont-elles plus nocives en salon ou à la maison ?

« Même les lampes utilisées à la maison, que certains croient à tort moins nocives, comportent un risque pour la santé de la peau, dit Dre Geeta Yadav, dermatologue et fondatrice de FACET Dermatology à Toronto. Quelle que soit la longueur d’onde de la lampe choisie, la peau est menacée. »

Qu’en est-il des dissolvants nécessaires pour retirer le vernis gel résistant ?

La plupart contiennent de l’acétone, un solvant efficace pour dissoudre le produit tenace mais aussi susceptible d’assécher la peau et les ongles. Il n’est toutefois pas toxique alors on peut l’utiliser sans crainte, en veillant à ne pas le laisser poser plus longtemps que nécessaire.

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