Blogue de la rédac

Finie, la monogamie

Rencontrer est devenu trop facile.

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Rencontrer du beau monde est devenu si facile depuis l’avènement des sites de rencontres que les relations à long terme sont en train de foutre le camp. C’est du moins l’hypothèse du journaliste Dan Slater dans A million first dates, un condensé de son livre qui paraît ces jours-ci, Love in the Time of Algorithms: What Technology Does to Meeting and Mating.

C’est à cause de l’abondance de candidats. Ça plongerait les adeptes des agences en ligne – au Québec, à peu près une personne sur cinq – dans une quête perpétuelle d’un meilleur match.

Slater donne l’exemple de Jacob, un professionnel dans la trentaine installé à Portland, en Oregon. Depuis son adhésion à des sites de rencontres, il multiplie les aventures avec des filles plus attirantes les unes que les autres. Ça dure depuis des années. Parfois, il s’attache à l’une en particulier, au point de faire chaudrons communs. Mais dès que surgissent les inévitables tensions, il laisse la relation s’effriter, de son propre aveu. L’idée qu’une colonie de jolies célibataires peuple le web le réconforte : il sait qu’il ne fixera pas le plafond longtemps en espérant que l’amour repasse. Avec la prochaine, ce sera mieux. Ça fait tout de même beaucoup de recommencements, convient-il, un peu usé. « Serai-je encore capable de tomber amoureux? »

Selon des études en psycho citées par le journaliste, plus on choisit parmi un large éventail, moins on est satisfait de son choix. Le doute persiste : et si les options mises de côté étaient meilleures? Aussi, savoir que d’autres partenaires intéressants sont disponibles diminue l’attachement à l’élu du moment. Pour parler en bon commerçant, l’abondance de l’offre sur le marché de l’amour fait baisser la valeur des candidats.

Slater avance que les sites de rencontres bouleversent les vieux principes qui sous-tendent les unions en Occident, soit la stabilité, l’engagement, la monogamie. Ces valeurs deviennent impraticables dans un monde où la technologie nous permet de croiser autant de personnes (il paraît qu’on voit plus de visages en une journée que la plupart de nos ancêtres en une vie, ai-je lu ici).

Sa thèse a généré un débat intéressant. Certains lui reprochent de faire des liens vaseux entre l’essor du web et le supposé déclin de l’engagement amoureux, un phénomène du reste difficile à démontrer (en fait, il paraît même que le taux de divorce diminue depuis 30 ans chez les adeptes des technologies de l’information). Et puis, certains facteurs ont peut-être plus d’influence sur la pérennité des couples que les sites de rencontres : les milieux de travail de plus en plus mixtes, par exemple, et la transformation du rôle des sexes.

Enfin, d’autres ont noté que loin de les placer face à des choix déchirants, l’abondance de candidats en ligne leur avait fait réaliser la rareté de l’amour. Sur papier, des milliers de personnes sont compatibles avec nous; les rencontres significatives demeurent pourtant marginales. Après les rendez-vous à la chaîne, processus somme toute épuisant, quel bonheur quand on éprouve enfin une attirance sincère, écrit l’éditrice du site Fleshbot, Lux Alptraum. « La dernière chose dont on a alors envie, c’est de replonger dans le marasme des sites de rencontres au cas où on trouverait mieux. On s’accroche plutôt à ce qu’on a! »

De votre côté, croyez-vous que les sites de rencontres sont en train de changer le paysage amoureux? Y avez-vous rencontré un amour durable? Vos expériences nous intéressent.

L’amour se trouve-t-il vraiment sur le Web? Une étude démontre que oui!

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