Demandez aux victimes de Vincent Lacroix et d’Earl Jones… Même le polygraphe peut se faire rouler dans la farine, a révélé une équipe de recherche de l’université de Chicago en 2005.
Des psychologues anglais, suédois et canadiens ont néanmoins développé des techniques pour nous aider à prendre les tartuffes à leur propre jeu. Le magazine français Le cercle psy en parle dans sa livraison d’automne consacrée aux « vertus de la manipulation » (le contenu est riche et pertinent, notamment l’entrevue avec le psychanalyste Patrick Avrane sur la psychologie des imposteurs).
On y apprend entre autres que le fameux « langage non verbal » ne vaut rien pour débusquer le mensonge. Prenons le regard fuyant et l’agitation. Pour des raisons morales, on a tendance à croire que l’imposteur est rongé par la honte et que cette émotion l’incite à baisser les yeux. Trahi par son corps! Or, les « bons menteurs » n’éprouvent « ni peur, ni culpabilité » quand ils exercent leur art, disent les chercheurs. Enfin, des études ont prouvé qu’on peut très bien montrer des signes de nervosité en disant la vérité. Question de tempérament, mais aussi de culture : au Japon, regarder quelqu’un dans les yeux est perçu comme un manque de respect, par exemple.
Alors on se fie à quoi? La meilleure stratégie est de pousser le bluffeur dans ses derniers retranchements – mais avec subtilité, suggèrent les psychologues. Pas question de l’accuser de rien. C’est ce qu’on appelle l’approche « active ».
En gros, il s’agit d’amener le suspect à dévoiler le plus de précisions possibles pendant la conversation en posant de multiples sous-questions. L’exercice est très exigeant pour lui, car plus il a de détails à fournir, plus les risques de se « tromper dans ses menteries » augmentent. On peut aussi poser des questions inattendues – ou les mêmes, sous d’autres formes. Méfiez-vous des réponses débitées avec aisance : ça sent le récit fabriqué, répété d’avance…
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