Blogue de la rédac

Dominic Champagne… Pour le Québec!

Dominic Champagne est sûrement le plus libéral (au sens pur du terme) de tous les politiciens! À la fois nostalgique, militant et effervescent, l’homme de théâtre se déploie sur tous les fronts, pour le Québec… jusqu’à Barcelone!

Une pièce (Tout ça m’assassine), un livre (Le gouvernement invisible), une participation à la projection multimédia sur la façade de la Sagrada Familia (avec Moment Factory). Un fil conducteur : le Québec dans tous ses états.

«On est au cœur d’un moment de perdition, où la transmission se fait étrangement, affirme le dramaturge et militant Dominic Champagne. On est toujours en train de se chercher. Il y a quelque chose, dans la mort de ce que j’appelle le Canada-Français, qui me tue.»

Et qui l’assassine. Même si l’auteur, comédien et metteur en scène sait pertinemment que le Québécois moyen n’a rien à envier à personne. «On est beau, on est fort, on est en santé, on fait le tour du monde…» N’empêche.     

Dominic Champagne persiste et signe. D’abord sur un ton nostalgique avec la mise en scène du collectif Tout ça m’assassine, «trois courtes pièces sur l’air du temps», programmées à nouveau à la Cinquième salle de la Place des Arts pour souligner le 25e anniversaire de la mort de René Lévesque, le 1er novembre 1987.


 

C’est que l’une des trois pièces, La déroute, imaginée par Champagne (les deux autres sont de Patrice Desbiens et Pierre Lefebvre), campe l’action en pleine nuit, au bord de l’autoroute 20, alors que deux clochards célestes (incarnés magistralement par Normand D’Amour et Mario St-Amand) marchent vers les funérailles du grand politicien. Chemin faisant, ils se souviennent… Et nous racontent avec cynisme et poésie cette quête de Nouveau-Monde et de liberté du peuple canadien-français, qui allait devenir tour à tour une poignée d’hommes et de femmes «unis en un seul corps pour se donner l’identité qui leur manquait», puis «disloqués, fragmentés» par la faillite d’un rêve, la course à la performance et à la consommation. Des Québécois, des individus ne croyant plus en rien ni en eux-mêmes. «Comment un peuple aussi inspiré, aussi artiste et patenteux a pu aboutir dans un cul-de-sac aussi insignifiant?», s’interrogent nos deux aventuriers, l’un plus pessimiste que l’autre ? Et puis, à l’image d’un Dieu tout puissant qui leur répond, la voix de René Lévesque : « Gardez l’espoir… » René. Comme dans ce peuple cent fois Re-né… Un beau condensé d’histoire, que Dominic Champagne dédie à Stephen Harper et Jean Charest !

Pour poursuivre cette épopée sur une note toute militante, il faut lire Le gouvernement invisible paru au lendemain du Printemps érable.


 

Si Dominic Champagne a renoncé à se lancer en politique comme candidat indépendant libéral (pour le Québec, mais pas pour Charest !), cela ne l’a pas empêché de se mobiliser et de réfléchir sur le devenir d’un Québec progressiste, dans un manifeste d’une quatre-vingtaine de pages. Éloge de la sociale démocratie, défense du bien commun et de la langue française, politique énergétique, participation citoyenne, partage des richesses… tout cela en réponse au capitaliste et à l’économie à tout crin.  « Derrière chaque gouvernement officiel existe un gouvernement invisible que combat le gouvernement officiel », disait Roosevelt. Ici, le gouvernement invisible, ce sont les Indignés, les étudiants, les écologistes… bref, toute cette force vive du mouvement social qui n’a pas fini de secouer le Québec. 

Enfin, dans un sursaut d’effervescence, Dominic Champagne s’est associé à l’entreprise montréalaise Moment Factory pour illuminer la façade de la nativité de la Sagrada Familia de Barcelone lors du Festival de la Mercè, une grande fête de rue qui avait lieu à la fin septembre. « La gang de Montréal a réalisé un des rêves de Gaudi : colorer cette grandiose cathédrale ! » Le génie créateur montréalais dans la ville catalane… Il y a de quoi relever la tête, rêver et être fier. C’est aussi ça, le Québec !



 


Tout ça m’assassine, Courtes pièces sur l’air du temps, à la Cinquième salle de la Place des Arts, en supplémentaire jusqu’au 20 octobre.

Le gouvernement invisible, aux Éditions Tête première, 88 pages.

À voir en ligne : l’illumination de la façade de la nativité de la Sagrada Familia

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