Blogue de la rédac

La délicatesse de la vie à deux

Le couple, l’amour, la mort. Des thèmes universels traités de façon unique et diamétralement opposée dans le film La délicatesse et la pièce Une vie pour deux. Verdict? On court voir les deux!

CAROLINE LABERGE

Le film La délicatesse suscite des réactions mitigées. La pièce Une vie pour deux récolte les ovations. Autant vous dire, j’ai aimé les deux. Pour la finesse de l’un et la puissance de l’autre.

Depuis que j’ai lu La délicatesse de David Foenkinos, l’été dernier (lire mon blogue), je rêvais de voir les personnages évoluer sur grand écran. J’imaginais la sublime Nathalie avec ses fins mollets, ses belles tenues et ses talons hauts. Le disgracieux Markus fagoté de beige, mais bourré de finesse. Je m’étais attachée à ce couple improbable (né d’un baiser plus improbable encore !) qu’ils allaient former après la mort subite du mari de Nathalie. Deux êtres fragilisés, l’une par le deuil de celui qu’elle adorait, l’autre par le désir de se fondre dans le morne décor de sa vie.

Je n’ai pas été déçue. Le film m’a donné à voir ce que j’avais lu : le baiser inattendu dans un bureau Ikea version 1960, les chaussures élégantes, Paris, la gentillesse et puis l’amour qui reconstruit.



 


Vrai, je n’imaginais pas Audrey Tautou en Nathalie, pas plus que François Damiens en Markus. L’actrice est plus expansive que son personnage, l’acteur plus charmant que le sien. Mais on a envie de les suivre dans cet amour qui les remet tous deux à la vie. C’est beau, c’est drôle, c’est touchant. Et ça fait du bien.

Il en va tout autrement dans Une vie pour deux. On plonge ici au cœur d’un couple un peu usé, parti en vacances en Irlande dans l’espoir de retrouver ses premières ardeurs. Simone (Violette Chauveau) et Jean (Jean-François Casabonne) buteront plutôt contre les souvenirs d’une vie à deux, passée le plus souvent en solitaire. Il y a longtemps qu’ils se sont perdus de vue.



 

Au milieu d’eux, une morte jaillie des eaux (Evelyne de la Chenelière). Comme dans un jeu, ils lui prêtent une histoire, une vie, une identité. L’ombre de cette femme ne les quitte plus. Et voilà que chacun exprime sa vérité, son amour. Jusqu’à en perdre les mots.

C’est un peu la métaphore du couple Marie Cardinal et Jean-Pierre Ronfard qu’on voit défiler sur scène, et que leur fille, Alice Ronfard, a mis en scène. L’adaptation qu’Evelyne de la Chenelière a tiré du roman Une vie pour deux de Marie Cardinal nous rappelle à quel point la romancière aura tenté, sa vie durant, de réinventer le couple, la famille, la femme.

La délicatesse, de David et Stéphane Foenkinos. Avec Audrey Tautou et François Damiens. Présentement à l’affiche.

Une vie pour deux, d’après le roman de Marie Cardinal, texte d’Evelyne de la Chenelière, mise en scène d’Alice Ronfard. À Espace Go, jusqu’au 19 mai.

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