L’heure du lunch, au Parc national de Lemmenjoki.
Skábmagovat. Vous connaissez? C’est le plus grand festival de films autochtones, qui se déroule tous les ans, en février, dans le petit village d’Inari, en Laponie, à 350 km au nord du cercle polaire.
Là-bas, la nuit polaire dure… six semaines. Dès que la lumière revient, les Samis (seul peuple autochtone reconnu en Europe) organisent des projections dans un théâtre de glace érigé pour l’occasion.
Des cinéastes autochtones de partout dans le monde – Finlande, Norvège, Suède, Russie, Australie, Sibérie, Hawaï, Nouvelle-Zélande… – y convergent pour présenter leurs œuvres, échanger, discuter.
Pour la première fois depuis la création du festival, il y a 15 ans, des jeunes d’ici ont fait le voyage, à l’invitation de l'Institut sami (un genre de cégep où se transmet le savoir traditionnel). Ils s’appellent Shaynah Decontie, Emilio Wawatie et Ray Caplin. Ils ont entre 18 et 22 ans. Tous trois ont appris les rudiments du cinéma à bord de la Wapikoni mobile, ce fameux studio ambulant de création audiovisuelle et musicale qui sillonne les communautés des Premières Nations du Québec.
Pour eux, ç’a été le choc. D’abord, l’immersion dans un hiver situé au 60e parallèle.
Ensuite, tous ces films sur la réalité de leurs pairs – des bergers de rennes sibériens, des artisans… Et ces discussions jusqu’aux petites heures du matin avec leurs aînés qui leur ont ouvert les yeux. Quoi? Les peuples autochtones du monde entier ont vécu les mêmes histoires d’assimilation, les pensionnats, la perte de la langue…? « Les jeunes se demandaient pourquoi leur culture a été si malmenée, et comment faire pour y remédier », raconte la documentariste Alexandra Guité, qui leur a servi de prof et d’accompagnatrice. « Ils ont aussi constaté que ces peuples fondateurs partagent une fibre commune, une identité, une spiritualité et une relation privilégiée avec la nature. »
Après deux semaines à réseauter, à participer à des conférences et à des tables rondes, à tourner des couchers de soleil, des rivières et des troupeaux de rennes, Shaynah, Emilio et Ray ont réalisé un court-métrage. L'histoire d'une perte d'identité et d'une renaissance. Une forme d’appel aussi à une prise de conscience : la langue, le savoir millénaire et les ressources naturelles doivent être protégés.
Finding the Light (À la recherche de la lumière), de Shaynah Decontie, Emilio Wawatie et Ray Caplin.
En voici un petit montage sous forme de carnet de voyage, en attendant la mise en ligne du film.
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