Le graphisme est soigné, le contenu recherché, les reportages loooooongs et approfondis. Le tout piqué de récit, de BD, de (science)fiction, de réflexion, sur papier glacé et zéro publicité. À cheval entre le magazine et le livre (book), le « mook » se revendique du mouvement du slow journalisme qui prend son temps. Car il en faut du temps pour lire ses quelque 150 pages et plus d’analyse (au coût approximatif de 15 $). Et beaucoup d’audace aussi pour se lancer dans ce genre de publication au long cours qui « raconte le présent » et « explore le futur », parle de littérature, de sociologie, de culture, de technologie, de philosophie, de politique, d’histoire, d’environnement, etc., etc. Du grand journalisme, quoi !
Les Français en sont friands. Depuis cinq ans, ces pavés trimestriels que tous croyaient invendables parce qu’exigeants se multiplient dans les librairies. Ils s’appellent XXI, Feuilleton, Charles, Usbek & Rica, Schnock, We demain, Believer, Muze, 6 mois, France culture papiers…
Depuis le printemps dernier, nous avons aussi le nôtre en la revue Nouveau Projet, du journaliste-essayiste Nicolas Langelier et du prof de philo à l’Université Laval Jocelyn Maclure. Leur bimensuel aborde tous les sujets, avec des experts de tous horizons, sous forme de courts essais (le premier numéro se demande entre autres s’il est possible de « (Sur)vivre au 21e siècle »).
Ce que révèle le phénomène du « mook » : une volonté de sortir de la dictature de l’instantanéité et de l’actualité brûlante. Un retour à l’analyse, « au vrai professionnalisme journalistique exigeant », comme le dit si bien le philosophe Marcel Gauchet : « Nous allons vers des médias de second degré (…), des médias fiables avec des experts pour mettre en rapport les informations vérifiées et triées. » Le succès du « mook » le confirme : les lecteurs réclament de la qualité, de la créativité. Et ils sont prêts à payer pour. Encourageant !
À méditer :
« Faire du long à une époque où l’on a l’obsession du court et où l’on dit le reportage moribond est révolutionnaire et hasardeux. » – Jean-Marie Charon, sociologue des médias
À lire sur le sujet :
Tank, Geek le mag, Usbek & Rica, WE Demain... L'éternel mythe d'un Wired à la française
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