Blogue de la rédac

Le QI dans le tapis

Les gens sont de plus en plus brillants. Ça ne crève pas les yeux, direz-vous. Et pourtant, lecteurs sceptiques, des études sérieuses démontrent que le quotient intellectuel (QI) progresse sans cesse depuis le début du 20e siècle.

whizz kid

Du moins, dans les pays développés. C’est ce qu’on appelle « l’effet Flynn », en l’honneur de James R. Flynn, qui fût le premier à observer ce phénomène, il y a 28 ans.

Flynn, qui enseigne les sciences politiques en Nouvelle-Zélande, vient de publier une mise à jour de ses recherches –  Are We Getting Smarter?: Rising IQ in the Twenty-First Century (Cambridge Unviversity Press). L’excellent magazine Scientific American en parle ici; on peut aussi écouter Flynn en podcast. À sa « grande stupéfaction », il note que le QI continue toujours de grimper, sans stagner ni ralentir, au rythme précis de 0.3 points par année, « comme guidé par une main invisible ». Cette progression se remarque à l’école : les jeunes Américains nés en 1989, disons, ont des notes légèrement supérieures à ceux nés 1988, selon un autre chercheur de l’Université d’Obama. À cette cadence, à la fin du siècle, nos descendants auront en moyenne le QI d’un génie, selon nos critères actuels!

Ça ne signifie pas que nos grands-parents étaient bébêtes, évidemment. C’est plutôt que notre esprit est désormais configuré d’une autre façon. Les aptitudes en arithmétiques et en langue ont peu varié à travers le temps, par exemple. Mais notre capacité à faire des raisonnements abstraits s’améliore sans cesse (quand on vous demande ce qu’une pomme et une orange ont en commun, et que vous répondez que ce sont des fruits, vous venez de faire un raisonnement abstrait, pour donner un exemple de base). Des chercheurs avancent même qu’on réagit et qu’on pense plus vite qu’avant.

Ces changements du cerveau sont attribuables en grande partie à l’essor de la technologie. Une évolution que Flynn illustre par cette analogie: « Les automobiles roulaient à une vitesse ridiculement basse en 1900, car les routes étaient pourries. Mais les routes se sont améliorées, incitant les ingénieurs à fabriquer des voitures toujours plus rapides. »

« Nous façonnons nos outils, et, ensuite, ce sont eux qui nous façonnent », observait avec justesse le spécialiste des médias John Culkin, il y a 40 ans. Pas toujours pour le mieux, d’ailleurs, soulevait l’auteur américain Nicolas Carr dans un article qui a fait beaucoup de bruit en 2008, Is google making us stupid? (il étaye aussi sa pensée dans Internet rend-il bête?, publié chez Robert Laffont en 2011).

En gros, Carr estime que les ordinateurs, GPS, téléphones intelligents, réseaux sociaux et autres merveilles du monde moderne atrophient progressivement certaines fonctions de l’esprit, comme la capacité de se concentrer longtemps et de ressentir de l’empathie. Par contre, on peut maintenant mener trois conversations sur Facebook, twitter, envoyer un texto et écrire un blogue en même temps. Y raconte-t-on des choses intelligentes? Espérons que le monde moderne produira encore des Montaigne…

 

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