Selon Jean-Sébastien, le coup de foudre, l’âme sœur et le grand amour n’existent pas. Or je dois confesser que je suis une fille à coup de foudre! Non pas parce que je crois que mon prince se pointera sur un cheval blanc, mais parce que je crois à la chimie.
Plus jeune, je me laissais foudroyer plus facilement. Au fil des désillusions et échecs amoureux, on devient plus prudent, ce qui n’est pas une mauvaise chose dans mon cas! Je reste une grande amoureuse, mais je ne tombe plus au premier regard, quoique…
Il me semble qu’un coup de foudre, c’est surtout un potentiel de bonne chimie. C’est en écoutant et en regardant les princes ou les crapauds bouger qu’on sent si on est un peu, beaucoup ou dangereusement compatibles. Loin des destins romanesques, il s’agit d’un simple principe de chimie hormonale. D’ailleurs, des chercheurs de l’Université de Montréal ont fait du progrès dans l’explication scientifique du coup de foudre (voir mon billet : Chocolaïnomanes anonymes )
À tous ceux qui me reprochaient d’être une fille à coups de foudre, je répond que je ne regrette rien, même si je me suis parfois plantée monumentalement!
Jean-Sébastien :
L’amour, de nos jours, est souvent un univers mental infantile de type «conte de fées» qui abuse de tous les clichés du mouvement romantique début XIXe siècle: attente anxieuse du prince charmant ou de la fée des étoiles, quête désespérée de l’«âme sœur», coup de foudre réciproque, amour-passion fusionnel et éternel, sentiments exacerbés, etc.
Cet imaginaire sature les mentalités à l’adolescence et à l’âge adulte. Ainsi, des gens qui semblent rationnels, terre-à-terre, désirent secrètement rencontrer l’Homme ou la Femme de leur vie, pour un couple-à-vie (on dirait que tout le monde oublie que l’espérance de vie atteint 80 ans en moyenne…), et ils croient dur comme fer que ce partenaire idéal est prédestiné, que c’est le Destin qui l’enverra. Il vont donc guetter «le» signe du Destin qui leur annoncera la rencontre amoureuse tant espérée.
Cette rencontre doit être le théâtre d’un coup de foudre ultra-romantique. L’amour doit surgir au premier regard, dans un contexte «conte de fées». Et ne pas vivre au moins une fois «la» rencontre de rêve qui débouchera sur la passion-pour-la-vie, c’est rater sa vie, croit-on.
Ainsi va notre culture de l’amour. Dans les pays dits développés. Au XXIe siècle! L’énorme malaise existentiel que ressentent les individus pris en étau entre cet idéal ultra-romantique, d’une part, et la banale réalité de leur vie quotidienne dans une société tout aussi banale, d’autre part, fait la fortune des psys ainsi que de l’industrie des médicaments antidépresseurs. C’est souvent ça, l’amour à notre époque : une vie gâchée à rêver une vie de rêve.