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La machine nous a mariés

Suite à mon premier billet sur la drague en ligne, certains d’entre vous ont suggéré d’autres réseaux de rencontres. En fait, par curiosité de « Geek » et accessoirement dans l’espoir de rencontrer la combinaison d’atomes la mieux adaptée à la mienne, j’ai aussi testé quelques réseaux dont eHarmony, il y a quelques années.

Des collègues anglophones m’avaient vanté l’algorithme de eHarmony qui jumèle magiquement les célibataires compatibles. Mais pour permettre à la machine de trouver votre âme sœur, il faut répondre à d’interminables questionnaires en ligne sur votre personnalité, vos goûts, vos relations, vos croyances, votre chien et tout le reste. Ça vous prendra autant de temps que de remplir des formulaires d’impôts.

Une fois que la machine vous connaît sous toutes vos coutures, elle génère des propositions. Le souci, c’est qu’il y a très peu de Québécois dans leur système alors la pauvre machine est aux prises avec un profil atypique de  : /femelle hétéro//catholique non pratiquante//ne veut pas se marier sauf en cas de force majeure//veut un ou des enfants//a des études supérieures//politiquement à gauche//regarde peu la télévision//accorde une grande importance à la conversation//aime la bonne bouffe et les jujubes//

La machine a nécessairement généré des résultats assez farfelus. Quand elle m’a suggéré un soldat moustachu habitant au fin fond du « nulle part » américain, j’ai pensé demander un remboursement.

Heureusement quelques jours plus tard, un ingénieur aéronautique de Montréal est atterri sur ma fiche. Nous étions sûrement les deux seuls êtres vivants sur l’île de Montréal. Comme si je n’avais pas encore assez rempli de formulaires, il a commencé à m’envoyer d’autres questions à mille piastres. Je sors mon anglais du dimanche pour répondre, mais ce que j’ai vraiment envie d’écrire ressemble plutôt à ceci :

– Tu crois au mariage?
– Est-ce vraiment nécessaire? Je préfère les fiançailles, intimes, romantiques, sans papier à signer. En cas de rupture, je n’aurai pas besoin de pension alimentaire et j’espère que lui non plus.

–  Que recherches-tu chez un homme?
– Son cerveau et je cherche encore. Non sans blague, inutile d’écrire une liste d’épicerie, je pourrais te décrire longuement les hommes que j’ai aimés, les seuls ingrédients en commun sont l’honnêteté et une parcelle d’irrationnel. L’idée n’est pas que le monsieur corresponde parfaitement à ce que l’on recherche, mais qu’on arrive à cuisiner ensemble. Tu ne comprends pas? Pas grave, je t’expliquerai la théorie si on fait l’épicerie ensemble un jour.

Réglé comme une horloge, mon ingénieur s’est mis à m’écrire chaque jour en  me demandant des nouvelles de ma journée. C’était avant Facebook alors j’éprouvais encore une certaine pudeur à partager virtuellement mon quotidien. Sans le contexte, le non verbal et de mes blagues idiotes, nos journées semblent vraiment «plates» en anglais, presque autant que des rapports exécutifs aux patrons de Toronto.

«Ça te dit de prendre un café pour parler de nos journées? Non, toujours pas?» Il est bon de se fréquenter un peu de temps en ligne, mais ça ne fait pas des enfants bien forts, comme dirait ma mère. Je me suis essayée une deuxième fois, puis, une troisième et peut-être même une quatrième : il ne trouvait jamais de temps pour un café, tout en continuant religieusement  de m’écrire chaque jour, « How was your day? ».

Dis donc, est-ce que tu as programmé un courriel automatique envoyé tous les jours à la même heure? J’ai l’impression que je reçois des réponses automatiques avec certains paramètres dynamiques. Est-ce que je parle avec une machine?

Voyons voir ce qui pourrait te réveiller un peu… Si je te disais que j’ai commencé ma journée en me masturbant? Est-ce que tu me demanderais des détails ou tu me dénoncerais à la police du site? « Alert : a crazy Frenchie on the loose! »

Finalement, on ne s’est pas rencontré avant que mon abonnement ne vienne à échéance. Je parie que l’un ou l’une d’entre vous a rencontré l’amour de sa vie sur eHarmony, mais j’avoue que j’aime définitivement mieux draguer dans le langue de Molière.

Le prochain épisode de la Drague en ligne pour les nulles sera publié après la Saint-Valentin!

 

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