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L’après-guerre

Je n’aime pas qu’on réduise le jeu de l’amour et du hasard à une guerre des sexes avec des gagnants et des perdants

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Je ne me sens ni victime, ni bourreau mais j’ai souvent eu l’impression de brandir un drapeau blanc devant des rescapés conditionnés à en baver.

Les bombardements de leurs exs leur résonnent encore dans les oreilles. Et moi, j’entends ma psy, ma mère, mes amies et tous les manuels d’instruction qui me disent de garder mes distances.

Force-le à une longue bataille rangée, pas de corps à corps trop rapide, tu vas encore nous revenir dans une boîte en mille morceaux! Bah oui! Je sais qu’il y aura sûrement des blessés, mais on n’en meurt généralement pas.

Ma politique d’« accommodement raisonnable » est peut-être un échec. On me dit que certaines femmes rusées arrivent à faire marcher leur homme au pas. Où puis-je suivre mon entraînement d’air bête contrôlante? J’aime qu’on marche à côté de moi et non pas derrière moi en rang. Je suis définitivement meilleure infirmière que sergent.

Je choisis mal mes hommes? Allons donc! Quel part de choix conscient avons-nous dans nos amours? Si c’était à refaire, je choisirais presque tous les mêmes.

Je sais. Il est inutile de payer une psy pour se faire dire qu’on est soi-même une grande stratège de l’évitement. J’ai longtemps préféré les hommes indisponibles, ceux que je ne pouvais pas blesser, ceux qui ne pouvaient pas m’étouffer. Je connais toutes les tactiques de camouflage. Je vous vois venir de loin, sans jumelles.

Syndrome de l’enfant adoptée, peur de décevoir, peur d’être abandonnée, traumatisme d’un amour trop souffrant, nommez-les tous, si vous le voulez! Nous rêvons tous de trouver des explications claires et précises à nos histoires : cause-effet-solution.

Peut-être que je n’ai pas compris les règles du combat. Est-ce qu’à force de nous battre, il nous manque des bras pour enlacer? Il ne nous reste que des jambes pour fuir?

Je ne suis ni victime, ni tortionnaire. Je suis la fille d’à côté qui essaie de nous rallier dans le même camp. Tout doucement. Pas compliqué. On en a tous bavé, c’est le temps de panser les plaies. On devrait toucher notre retraite d’anciens combattants éclopés.

Je crois qu’il y a encore de l’espoir. J’en suis là, exactement. J’ai envie d’après-guerre, du baby-boom, du rock and roll, de l’innocence et du Bubble gum.

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