Je poursuis ma petite série sur le dating à l'américaine. Cette semaine, une rencontre sur un banc de parc qui ne finira pas sur un banc d'église.
Avant de poursuivre, je tiens à spécifier que je ne suis pas une obsédée des détails. Certes, comme la majorité des gens, j’ai de petits travers obsessifs compulsifs, mais ce n'est rien en comparaison d'un de mes ex. Vous savez, ces gens nous font sentir qu’on ne fait jamais rien correctement parce qu’ils ont élaboré un meilleur système pour tout, tout, enfin… presque tout!
Tout est une question de perception. Lorsqu’on rencontre quelqu’un qui nous plait vraiment, ses petites manies et ses imperfections nous paraissent souvent attachantes. Mais quand je suis en mode sceptique, je cherche toutes les raisons de recaler le candidat potentiel. Je sais, je sais, vous allez me dire de changer de lunettes, que l’essentiel ne se voit pas avec les yeux, et tralalère. Malheureusement, pour moi, l’essentiel passe aussi un peu par les oreilles, une sensibilité déjà décrite dans le billet « L’art de caller la femelle ».
C’est aux États-Unis que j’ai réalisé l’ampleur de mon intolérance envers certaines petites choses.
J’avais rencontré un gentil cycliste qui se reposait sur un banc de parc. J’étais un peu gênée de me faire draguer devant ma mère assise juste à côté, mais je lui ai laissé mon courriel.
Le premier rendez-vous s’était plutôt bien passé. Par contre, j’avais remarquée qu’il portait des "gougounes" et une casquette de baseball. Il avait gardé son casque de vélo lors de notre rencontre et maintenant une casquette au restaurant? C’est louche! Trop timide pour montrer sa calvitie? Bah! Ce n’est pas grave, il est gentil!
La semaine suivante, il s’est mis à m’appeler au bureau, en plein jour pour jaser. Je suis une créature du Web : on peut m’envoyer quarante messages écrits dans une journée, mais je n’ai absolument pas le temps de jaser au téléphone à 14h de l'après-midi. Indulgence, Marie, Indulgence! Au moins, il appelle celui-là!
Troisième rendez-vous. Théorie empirique observée dans ma vie : à partir du troisième rendez-vous, tout peut dégénérer. Il est passé me chercher dans sa grosse voiture américaine avec sa casquette. Mais il avait ajouté un accessoire supplémentaire : de la gomme balloune qu’il mâchait très fort. Chic, très chic.
Son portable sonne, il prend l’appel et parle soudainement fort, très FORT! Aux États-Unis, les endroits publics sont tellement bruyants qu’il m’a fallu trois rendez-vous pour me rendre compte que Monsieur parle si fort.
Ah non! Ça, je ne peux pas! J’ai une intolérance aux voix trop portantes. Le frisson nait dans mes oreilles et descend dans mon cou, me forçant à crisper les épaules. Il n’existe aucun vaccin contre ce type d’allergies. Mais il suffit d’entendre une voix que j’aime et j’oublie toutes les autres.
Après, il faut répondre à l’inquisition de mes amies et de ma mère :
- Bon, qu’est-ce qu’il a de pas correct à celui-là, hein? Il avait pourtant l’air gentil! Il t’appelait!
- Euh… il embrassait mal, très mal. (Un petit mensonge qui passe mieux que : il mâche de la gomme bruyamment, porte une casquette au resto et parle trop fort)
- Ouais, je le sais, je suis trop difficile (soupir)
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