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Recherchée au Dakota

Je reviens d’un week-end à la campagne et une visite à l’incontournable Festival Western de St-Tite. Ce temps précieux entre amis, m’a rappelé une folle journée dans le Midwest américain.

En juin 2009, j’ai traversé le continent de San Francisco à Montréal, avec mon fidèle comparse, à bord de ma Beetle, chargée de tout ce que je possédais. Un «road trip» parfait, enfin presque.

Dakota du Sud : état de l’Amérique profonde où l’on a sculpté des faces de présidents sur une roche, au milieu de terres bien engraissées du sang amérindien.
Partis à l’aube, nous étions seuls avec quelques vaches, au milieu d’une zone de construction sans construction, lorsqu’un shérif s’est lancé à nos trousses. Je roulais effectivement environ 10 miles au-dessus de la limite de la zone.

Le sherif moustachu m’a demandé de le suivre dans sa voiture pour remplir les papiers. Je jette un regard de détresse à mon ami : « Tu diras à ma famille que je les aime! »
Assise dans la voiture de police, je fixe la route stoïquement. Ne rien dire. Ne pas rire. Ne pas pleurer. Ne pas argumenter avec des abrutis. C’est long… Comment est-ce possible qu’au XXIe siècle, les policiers mettent encore au moins vingt minutes pour remplir des contraventions à la main en cinq copies?

En me remettant la contravention, la moustache m’a  baragouiné des directives inintelligibles avec son accent des terres du milieu. Je comprends que je dois me présenter à la cour deux semaines plus tard : « Vous m’hébergez en prison en attente de mon procès?»

De retour à ma voiture, je lance le papier par terre sous le regard compatissant de mon compagnon de voyage. « Tu me diras, si tu arrives à trouver un prix dans ces 15 pages en caractère liliputiens.» Je remonte légèrement ma vitre et je redémarre la voiture. Deux secondes et demi plus tard, nos manteaux de pluie sont soudainement aspirés par une fenêtre. Mon ami parvient à attraper le sien par la manche, mais le mien s’envole au-dessus des champs du Dakota. Et voilà, un autre 200$ jeté par la fenêtre!

La pluie a commencé quelques minutes plus tard et s’est poursuivie tout le long de notre visite du Mont Rushmore.  En sortant de ce royaume patriotique, nous empruntons une petite route de montagne. Plouk. Pong, Pong, PONGGG! « Coup-donc! Ce n’est pas de la neige ça, c’est de la grêle en forme de balles de golf! ». Nous étions au début du mois de juillet, sans pneus d’hiver, il fallait attendre que l’apocalypse passe.

Cette journée invraisemblable s’est poursuivie avec une visite dans les Badlands, un lieu absolument féérique. Vers la sortie du parc, nous avons croisé un bison qui marchait seul sur le bord de la route. On était heureux comme deux enfants devant un gros boeuf cornu.
Au soleil couchant, nous avons réservé un gîte pour la nuit par téléphone.  Quelques heures plus tard, à la sortie de l’autoroute, j’ai été distraire par les pancartes multicolores et j’ai manqué un arrêt. Un deuxième shérif moustachu s’est lancé à nos trousses.

« Je suis peut-être la réincarnation Calamity Jane au Dakota du Sud! Tu crois qu’on devrait passer la frontière en rampant dans les champs cette nuit? J’ai peur de me réveiller avec 20 voitures de polices entourant la chambre de motel et qu’on nous demande de sortir avec les mains sur la tête. »

Mais il y a des moments où notre chance tourne, aussi rapidement que le vent des terres du milieu. Le shérif moustachu numéro deux, a eu pitié de mon air de touriste étourdie et s’est contenté de me gronder. Il nous a surtout appris que l’hôtel que nous cherchions avait changé de nom. Sans lui, nous l’aurions cherché longtemps.

Samedi dernier, cette folle journée au Dakota du Sud, m’est revenue en savourant  un succulent steak de bison cuit sur le feu.


 


 

 

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