Chacun son cinoche

Il pleut

Ce matin, il pleuvait dans son regard. Mais ce n’était déjà plus les pluies torentielles de la fin de semaine.

Ce matin, il pleuvait dans son regard. Mais ce n’était déjà plus les pluies torentielles de la fin de semaine. Ça ressemblait à la petite pluie fine du deuil qui s’annonce froid et long comme novembre. La chatte est partie. Une peine d’amour, une autre, et ce n’est pas la dernière. J’ai essuyé mes lunettes plusieurs fois sur le chemin du retour de son école.

Autant j’aime le crachin de la mélancolie, autant je déteste les trombes. Pourtant, ce sont elles qui libèrent le plus.

Tiens, je tombe sur le livre de Martin Page, « De la pluie« , charmante plaquette (il a aussi écrit « Comment je suis devenu stupide« ), un essai qui vante les mérites de cette eau de trop.

« La pluie est le mot de passe de ceux qui ont le goût pour une certaine suspension du monde. Dire que l’on aime la pluie, c’est affirmer une différence. »

Plus loin: « On apprend à aimer la pluie comme on apprend à aimer le vin: en grimaçant, pour se distinguer de ses pairs et au prix de l’évidence de ses goûts. Comme tout véritable amour, il exige invention, réflexion et une certaine expérience de la vie. »

« Vin et pluie ne sont pas pour autant des psychotropes similaires. L’ébriété provoquée par le vin n’a pas besoin d’être apprise. L’ivresse offerte par la pluie peut ne pas s’éprouver: elle est choisie ».

Il pleuvait dans son regard et je n’ai pu que lui dire: « On va s’en remettre. » C’était une question, une affirmation, une supposition, un souhait. Il a répondu « Oui…« , comme on ouvre un parapluie, en sachant qu’il continuera à pleuvoir…

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